International Qui pour diriger la Grande-Bretagne?

ATS

18.7.2019 - 00:49

Les deux prétendants au poste de Premier ministre britannique ont répondu une dernière fois mercredi aux militants conservateurs sur le Brexit. Le favori Boris Johnson a laissé entendre que l'UE porterait une part de responsabilité en cas de «no deal».

Lors de cette ultime session de questions-réponses, dans la soirée à Londres, Boris Johnson et Jeremy Hunt ont évoqué, l'un après l'autre, leur stratégie pour mettre en oeuvre ce divorce historique. L'Union européenne a exclu de renégocier l'accord de sortie conclu avec la Première ministre sortante Theresa May.

Premier à s'exprimer, Boris Johnson, survolté, volubile, blagueur et séducteur, a vanté sa détermination, et promis de chercher dès cet été une renégociation, jouant une nouvelle fois la carte de sauveur du Brexit – prévu initialement le 29 mars mais repoussé au 31 octobre. «Là où il y a de la volonté, il y a une solution», a déclaré l'ancien maire de Londres devant quelque 2500 personnes, avertissant le bloc européen que son refus de renégocier ne serait pas sans conséquences.

«S'il y a un refus d'être flexible, s'il y a un refus de compromis (...) s'ils ne changent pas un point ou une virgule de l'accord de retrait», a-t-il dit, «alors nous n'aurons évidemment pas d'autre choix que de nous préparer à sortir dans des conditions différentes». «Et c'est ce que nous ferons», a-t-il assuré, en référence à une sortie sans accord, le «no deal», synonyme de retour des formalités douanières, redouté par les milieux économiques.

«Servir Boris»

Six jours avant la désignation du nouveau Premier ministre, les craintes entourant ce scénario ont encore fait chuter la livre sterling, qui a touché mercredi de nouveaux plus bas face à l'euro et au dollar.

Jeremy Hunt, dans un style nettement plus sobre, a lui estimé nécessaire d'apporter des «changements profonds» à l'accord négocié avec Bruxelles. Semblant presque concéder par avance la défaite, il a déclaré que «ce serait un grand honneur de servir Boris», des propos interprétés par nombre de commentateurs comme une volonté de conserver son portefeuille aux Affaires étrangères dans le prochain gouvernement.

Les deux candidats se sont rejoints sur le «filet de sécurité» irlandais, qu'ils veulent supprimer de l'accord de retrait. Ce dispositif controversé («backstop» en anglais) crée, en dernier recours, un «territoire douanier unique». L'objectif est notamment d'éviter le retour d'une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande pour préserver les accords de paix de 1998.

Mais pour Ursula von der Leyen, élue mardi à la tête de la Commission européenne, l'accord «apporte de la sécurité en préservant les droits des citoyens et la paix et la stabilité de l'île d'Irlande». Elle s'est aussi dite «prête» à un nouveau report du Brexit, si «une bonne raison» le justifie. Mais Boris Johnson s'y oppose et, pour lui, le Royaume-Uni quittera l'UE le 31 octobre, accord ou pas.

«Il a ça dans le sang»

Le gagnant de cette course au pouvoir sera désigné mardi, à l'issue d'un vote des 160'000 membres du parti conservateur. Il devrait ensuite prendre possession de Downing Street le lendemain.

Mais de nombreux membres du parti tory ont déjà voté, et les sondages suggèrent une victoire facile pour Boris Johnson, grand artisan du vote en faveur du Brexit lors du référendum du 23 juin 2016. «Il a ça dans son sang, il a le dynamisme nécessaire pour aller jusqu'au bout», a estimé Ron Busby, 70 ans, militant du parti, après avoir écouté mercredi les deux candidats.

Theresa May avait, elle, prononcé dans l'après-midi son dernier grand discours avant son départ, déclarant ne pas avoir de «plus grand regret» que ne pas avoir su mettre en oeuvre le Brexit. Un échec que n'ont pas manqué de souligner certains éditorialistes: «Le mandat du pire Premier ministre britannique d'après-guerre touche maintenant à sa fin. (...) Elle ne manquera à personne», a commenté le quotidien The Telegraph.

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