Danemark Un référendum pour rejoindre la politique de défense de l'UE

ATS

6.3.2022 - 21:32

Nouvelle conséquence géopolitique de l'invasion de l'Ukraine par la Russie: le Danemark a annoncé dimanche vouloir rejoindre par référendum la politique de défense de l'UE, dont il se tenait à l'écart depuis 30 ans, ainsi qu'une forte hausse de ses crédits militaires.

Conséquence de l'invasion russe en Ukraine, le Danemark va organiser un référendum pour rejoindre la politique de défense de l'UE. La première ministre Mette Frederiksen a également annoncé dimanche une hausse du budget de la défense.
Conséquence de l'invasion russe en Ukraine, le Danemark va organiser un référendum pour rejoindre la politique de défense de l'UE. La première ministre Mette Frederiksen a également annoncé dimanche une hausse du budget de la défense.
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Keystone-SDA

Volonté de s'affranchir du gaz russe «le plus vite possible», 2% du PIB consacré à la défense d'ici à 2033 et près d'un milliard d'euros de dépenses militaires en plus dans les deux prochaines années : la Première ministre Mette Frederiksen a présenté dimanche soir un accord noué avec la quasi-totalité des partis au Parlement.

«Les périodes historiques appellent des décisions historiques», a expliqué la dirigeante sociale-démocrate pendant une conférence de presse.

«Nous espérons que tous les Danois soutiendront» la levée de cette dérogation au cours du référendum qui se déroulera le 1er juin, a-t-elle lancé.

Membre fondateur de l'Otan, le Danemark ne participe pas jusqu'ici aux questions de défense au sein de l'UE, conséquence de dérogations consenties à Copenhague pour permettre l'adoption au forceps du traité de Maastricht au début des années 1990.

«Pour moi, en tant que Première ministre, il s'agit d'une décision fondée sur des valeurs», a-t-elle dit. «Il y avait une Europe avant le 24 février (date du début de l'invasion de l'Ukraine) et une autre après».

L'accord noué dimanche prévoit également une forte hausse des dépenses de défense les prochaines années, pour atteindre l'objectif de l'Otan de 2% du PIB d'ici à 2033, contre environ 1,5% actuellement.

Hausse du budget de la défense

Dans l'immédiat, le gouvernement a décidé d'allouer sept milliards de couronnes (environ 940 millions d'euros) de crédits de défense supplémentaires au cours des deux prochaines années. Actuellement, le budget annuel de la défense danoise est de 27,1 milliards de couronnes (3,6 milliards d'euros).

Autre conséquence du chamboulement géopolitique actuel, le Danemark entend aussi «devenir indépendant du gaz russe le plus rapidement possible», a affirmé Mme Frederiksen, sans donner de calendrier.

Depuis l'électrochoc causé par l'attaque de l'Ukraine par la Russie, de nombreux pays européens reviennent sur des positionnements historiques ou majeurs, Allemagne en tête.

Le gouvernement social-démocrate danois avait déjà fait savoir qu'il était favorable à l'augmentation des crédits militaires. Une hausse du nombre des conscrits (moins de 5000 actuellement) est également envisagée par le parti au pouvoir.

Quelques jours avant l'invasion de l'Ukraine, le Danemark – un proche allié de Washington en Europe – avait également ouvert la porte à la présence de soldats américains sur son sol, rompant avec une doctrine en vigueur depuis la Deuxième guerre mondiale.

Neuvième référendum sur l'Europe

Le prochain référendum sera le neuvième soumis aux électeurs de ce royaume scandinave sur les questions européennes depuis son adhésion à l'UE en 1972.

Après le rejet par référendum du traité de Maastricht en juin 1992, Copenhague avait obtenu des dérogations dans plusieurs domaines régaliens, en premier lieu la monnaie unique, mais également les affaires de justice et de police, ainsi que la défense.

Les dérogations obtenues avaient permis au gouvernement d'organiser un nouveau référendum un an plus tard, au cours duquel les Danois avaient répondu «oui». Mais ces «opt-out» doivent être levés par référendum.

En décembre 2015, les Danois avaient rejeté par référendum un renforcement de leur coopération avec l'Union européenne en matière de police et de sécurité, de crainte de perdre leur souveraineté en matière d'immigration.