Le Venezuela est entré lundi dans une période d'incertitude au lendemain de la réélection du président Nicolas Maduro. Le résultat du vote est contesté par l'opposition qui revendique la victoire et mis en doute par une partie de la communauté internationale.
Le candidat de l'opposition Edmundo Gonzalez Urrutia est donné gagnant de la présidentielle vénézuélienne avec de 50 à 70% des voix par les sondages.
Pendant la campagne, Nicolás Maduro a évoqué un possible "bain de sang dans une guerre civile fratricide provoquée par les fascistes" (archives)..
Venezuela: Maduro réélu président avec 51,2% des suffrages - Gallery
Le candidat de l'opposition Edmundo Gonzalez Urrutia est donné gagnant de la présidentielle vénézuélienne avec de 50 à 70% des voix par les sondages.
Pendant la campagne, Nicolás Maduro a évoqué un possible "bain de sang dans une guerre civile fratricide provoquée par les fascistes" (archives)..
Selon des résultats officiels proclamés par le Conseil National Electoral (CNE) après le dépouillement de 80% des bulletins et une participation de 59%, M. Maduro, 61 ans, héritier de l'ancien président Hugo Chavez, a été réélu pour un troisième mandat de six ans avec 5,15 millions de voix (51,2%). Le candidat de l'opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia obtient un peu moins de 4,5 millions (44,2%).
Le résultat est «irréversible», a assuré le président du CNE Elvis Amoroso, homme de confiance du pouvoir qui fait partie des personnes sanctionnées par Washington pour leur rôle dans la crise vénézuélienne.
«Notre combat continue»
L'opposition, qui était confiante de mettre fin à 25 années de pouvoir chaviste, a aussitôt rejeté ce résultat. «Nous avons gagné» avec «70% des voix», «le Venezuela a un nouveau président élu et c'est Edmundo Gonzalez Urrutia», a déclaré la charismatique cheffe de l'opposition Maria Corina Machado. Déclarée inéligible par le pouvoir, elle avait fait campagne pour ce diplomate discret.
«Il ne s'agit pas d'une fraude de plus, mais d'une méconnaissance et de la violation grossière de la volonté populaire», a-t-elle ajouté. «Nous savons tous ce qui s'est passé aujourd'hui».
«Notre combat continue, nous ne nous reposerons pas tant que la volonté du peuple vénézuélien ne sera pas reflétée», a déclaré M. Gonzalez Urrutia, ajoutant qu'il n'y avait pas d'appel à manifester.
Résultats contestés
M. Maduro a reçu le soutien de la Chine et de ses alliés habituels - Cuba, Nicaragua, Honduras et Bolivie. Mais les Etats-Unis, l'Union européenne, l'Espagne, le Chili, le Pérou, le Costa Rica, le Guatemala, la Colombie, l'Uruguay et l'Argentine ont exprimé des doutes sur le résultat officiel.
Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a réclamé sur X une «transparence totale (...) y compris le décompte détaillé des voix et l'accès aux procès-verbaux des bureaux de vote».
M. Maduro, lui, est sorti sur une scène près du palais présidentiel de Caracas, vêtu d'un survêtement aux couleurs du Venezuela et salué par un petit feu d'artifice et des drones, pour fêter sa victoire avec ses partisans chantant «Vamos Nico!»
«Il y aura la paix, la stabilité et la justice. La paix et le respect de la loi. Je suis un homme de paix et de dialogue», a-t-il dit, alors que la campagne et le scrutin se sont déroulés dans une ambiance tendue, l'opposition dénonçant de nombreuses intimidations et arrestations. Caracas avait limité l'observation du scrutin.
«Blocus criminel»
Malgré des sondages donnant l'opposition largement en avance et une crise économique sans précédent, M Maduro, qui s'appuie sur l'appareil militaire, s'est toujours montré sûr de sa victoire. Il avait même évoqué un «bain de sang» en cas de succès de l'opposition.
Le pays pétrolier, longtemps un des plus riches d'Amérique latine, est exsangue: effondrement de la production pétrolière, PIB réduit de 80% en dix ans, pauvreté, systèmes de santé et éducatif totalement délabrés. Sept millions de Vénézuéliens ont fui le pays.
Le pouvoir accuse le «blocus criminel» d'être à l'origine de tous les maux. Les Etats-Unis avaient durci leurs sanctions pour tenter d'évincer M. Maduro après sa réélection contestée de 2018, lors d'un scrutin entaché de fraudes selon l'opposition, qui avait débouché sur des manifestations sévèrement réprimées.
«Ils n'ont pas pu nous battre avec les sanctions, les agressions, les menaces!» s'est-il enflammé dimanche, balayant les réactions en provenance d'Amérique latine.
Que va faire l'armée ?
L'attitude de l'appareil sécuritaire, considéré comme un des piliers du pouvoir depuis la présidence de Hugo Chavez, ancien militaire, sera déterminante.
«La force armée nationale bolivarienne me soutient», a affirmé M. Maduro récemment. M. Gonzalez Urrutia s'était, lui, dit «convaincu que les forces armées veilleront à ce que la décision de notre peuple soit respectée».