Jusqu'à nouvel avisLes élections palestiniennes sont reportées
ATS
30.4.2021 - 06:25
Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi un report des premières élections en 15 ans dans les Territoires palestiniens tant que la tenue du scrutin n'était pas «garantie» à Jérusalem-Est, annexée par Israël.
30.04.2021, 06:25
30.04.2021, 07:44
ATS
«Nous avons décidé de reporter la date des élections jusqu'à ce que (...) notre peuple puisse exercer ses droits démocratiques à Jérusalem», a déclaré M. Abbas à l'issue d'une rencontre de la direction de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) portant sur les législatives prévues pour le 22 mai prochain.
Dans la foulée de cette décision, la Commission électorale palestinienne a annoncé l'arrêt de ses activités visant à préparer ces élections annoncées début janvier dans le cadre d'un projet de «réconciliation» entre le parti laïc Fatah de Mahmoud Abbas et les islamistes du Hamas, deux grands pans de la politique palestinienne.
«Le Fatah et le président palestinien portent l'entière responsabilité de la décision (de reporter les élections) et de ses conséquences qui représentent rien moins qu'un coup d'Etat contre notre accord» de réconciliation, a commenté vendredi le Hamas dans un communiqué.
À Ramallah, où l'Autorité palestinienne de M. Abbas a plus l'habitude d'organiser des manifestations que les subir, des centaines de personnes sont descendues dans les rues pour dénoncer tout report du scrutin, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.
Rumeurs
«Comme jeunes Palestiniens, nous sommes une génération entière à ne pas savoir ce que signifient des élections, (...) cette nouvelle génération a le droit de choisir ses leaders et de faire partie du processus de décision», a dit Tariq Khudairi, un manifestant de 25 ans. «Il est temps que les jeunes décident», a-t-il ajouté dans un message direct au président Abbas, 85 ans.
Les rumeurs fusent de toutes parts depuis plusieurs semaines à propos de la tenue ou non des législatives du 22 mai, puis d'une présidentielle en juillet, selon le calendrier annoncé par Mahmoud Abbas, dans le cadre d'un accord de réconciliation entre son parti laïc, le Fatah, et les islamistes du Hamas.
Maintien, report ou annulation? Les Palestiniens ont attendu la déclaration jeudi soir de M. Abbas à l'occasion d'une réunion à Ramallah, en Cisjordanie occupée, de l'exécutif de l'OLP, rassemblement de nombreuses factions palestiniennes.
Jérusalem-Est
La Commission électorale palestinienne avait assuré récemment pouvoir mettre sur pied des bureaux de vote dans des villes voisines de Jérusalem, en Cisjordanie occupée.
Mais Mahmoud Abbas a rejeté jeudi soir cette option, disant vouloir que le vote puisse être tenu à Jérusalem, et que les partis puissent y mener leur campagne électorale alors que l'Etat hébreu y a interpellé ces dernières semaines des candidats aux législatives.
Cette annonce intervient alors que Jérusalem-Est est déjà le théâtre depuis deux semaines de manifestations quotidiennes de jeunes Palestiniens contre la police israélienne.
Ces manifestations avaient fait la semaine dernière plus d'une centaine de blessés en une seule nuit alors qu'un groupe de juifs d'extrême-droite avaient chanté «mort aux Arabes».
«Inacceptable»
Si Mahmoud Abbas joue la carte de Jérusalem-Est pour reporter, voire annuler, les élections c'est qu'il est confronté à une fronde au sein de son parti, le Fatah, estiment ses détracteurs.
Au total, plus d'une trentaine de listes électorales rivalisaient pour les législatives, dont deux courants défiant le Fatah de l'intérieur: celui de l'opposant de longue date Mohammad Dahlane, exilé aux Emirats, et celui du neveu de Yasser Arafat, Nasser al-Kidwa.
«Si Abbas reporte les élections, nous organiserons des manifestations», avait prévenu cette semaine Daoud Abou Libdeh, un candidat de la liste de Mohammad Dahlane.
Outre ces deux courants, Mahmoud Abbas fait face aux islamistes armés du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, territoire de deux millions d'habitants, mais cherche aussi à étendre son influence en Cisjordanie, où vivent 2,8 millions de Palestiniens.