Turquie Reprise de deux procès liés à la liberté d'expression à Istanbul

ATS

2.11.2017 - 12:59

Peu avant le début de l'audience, des soutiens de Cumhuriyet s'étaient rassemblés devant le tribunal de Caglayan pour réclamer "justice".
Peu avant le début de l'audience, des soutiens de Cumhuriyet s'étaient rassemblés devant le tribunal de Caglayan pour réclamer "justice".
SDA

Le procès pour "activités terroristes" de collaborateurs du journal d'opposition Cumhuriyet, emblématique de l'érosion de la liberté de la presse en Turquie, a repris mardi à Istanbul. Il en est de même pour celui de la romancière Asli Erdogan, accusée de propagande.

Au total, 17 dirigeants, journalistes et autres employés actuels ou passés de Cumhuriyet, dont quatre sont en détention préventive, sont accusés d'avoir aidé trois "organisations terroristes armées". Ils risquent jusqu'à 43 ans de prison.

Peu avant le début de l'audience, des soutiens de Cumhuriyet, un journal farouchement critique du président Recep Tayyip Erdogan, s'étaient rassemblés devant le tribunal de Caglayan pour réclamer "justice". "Stop à la chasse aux opposants, à l'arrestation de journalistes", ont-ils également scandé.

Motifs politiques

Cette nouvelle audience du procès, symbolique des atteintes à la liberté de la presse depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016, se déroule un an jour pour jour après une première vague d'arrestations visant des collaborateurs de Cumhuriyet.

Arrêté le 31 octobre 2016, le rédacteur en chef du journal, Murat Sabuncu, est écroué depuis. Le patron du quotidien, Akin Atalay, l'une de ses plumes, Ahmet Sik, et un comptable, Yusuf Emre Iper, sont également en détention depuis plusieurs mois.

M. Sabuncu a juré lors de l'audience que Cumhuriyet "ne s'est pas soumis aux pressions et ne le fera jamais". Affirmant croire que "le pouvoir judiciaire n'est pas indépendant" en Turquie, M. Atalay a lui estimé que leurs détentions "ne sont pas basées sur des motifs légaux mais politiques".

Liberté conditionnelle

Le putsch avorté a été suivi d'arrestations massives de partisans présumés du prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme le cerveau du coup de force, malgré ses dénégations. Mais ces purges ont aussi visé des médias critiques et les milieux prokurdes.

Ainsi, la romancière Asli Erdogan, poursuivie pour "propagande terroriste" en faveur de la rébellion kurde du PKK, est elle aussi appelée à se rendre au tribunal mardi. Dans ce procès, elle risque la prison à vie.

La romancière, qui n'a aucun lien de parenté avec le président Erdogan et qui n'était pas présente à l'audience mardi, est poursuivie pour avoir collaboré avec le journal kurde Özgür Gündem. Son arrestation et sa détention pendant 132 jours avaient provoqué une vague d'indignation en Turquie et en Occident.

Le tribunal a ordonné mardi la remise en liberté conditionnelle du rédacteur en chef d'Özgür Gündem, Inan Kizilkaya, et du directeur de la publication Kemal Sancili, également poursuivis dans ce procès, selon un avocat de la défense. Tous deux font néanmoins l'objet d'une interdiction de quitter le territoire.

La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.

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