Le point Les exportations de céréales reprennent, le G7 veut plus aider

ATS

3.11.2022 - 22:06

Les exportations de céréales ont repris jeudi matin depuis les ports ukrainiens, après le retour de la Russie dans l'accord sur un couloir humanitaire. Le G7 s'engagent de son côté à empêcher Moscou «d'affamer» et de faire «mourir de froid» les Ukrainiens cet hiver.

Le cargo Zante, transportant des céréales ukrainiennes, navigue dans le détroit du Bosphore sous le pont des Martyrs du 15 juillet, à Istanbul, en Turquie, le 2 novembre 2022.
Le cargo Zante, transportant des céréales ukrainiennes, navigue dans le détroit du Bosphore sous le pont des Martyrs du 15 juillet, à Istanbul, en Turquie, le 2 novembre 2022.
KEYSTONE

3.11.2022 - 22:06

Dans le même temps, l'AIEA a affirmé jeudi n'avoir décelé à ce stade «aucun signe d'activités nucléaires non déclarées» dans trois lieux inspectés à la demande de Kiev. L'Ukraine est accusée par Moscou d'avoir effacé les preuves de préparation d'une «bombe sale».

A la mi-journée, «sept cargos transportant un total de 290'102 tonnes de céréales et produits agricoles transitent par le couloir humanitaire en vertu de l'Initiative pour les céréales ukrainiennes en Mer Noire», a confirmé la délégation de l'Onu au Centre de coordination conjointe (JCC) à Istanbul, chargé de superviser l'accord international.

Les exportations alimentaires ukrainiennes ont atteint jeudi dix millions de tonnes grâce à l'Initiative de la mer Noire, s'est réjoui le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, appelant à renouveler cet accord céréalier qui «réduit les risques de faim» dans le monde.

La Russie a repris mercredi sa participation à cet accord, signé en juillet sous l'égide de l'Onu et de la Turquie, sur les exportations de céréales et autres produits agricoles. Moscou a estimé avoir reçu des garanties de Kiev sur la démilitarisation du couloir humanitaire sécurisé en mer Noire.

Selon le ministère turc de la Défense cité par l'agence officielle Anadolu, 426 bateaux ont déjà suivi ce trajet sécurisé depuis le 1er août.

«Conséquences imprévisibles et dangereuses»

Les Etats-Unis se sont félicités, comme l'Onu, de ce dénouement, et ont salué le rôle de la Turquie. Ils ont toutefois souligné que l'accord céréalier devait maintenant être reconduit au-delà de la date limite prévue du 19 novembre.

«Avant de décider de continuer, il sera nécessaire de procéder à une évaluation», a toutefois prévenu le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Une haute responsable de l'Onu impliquée dans les négociations, Rebeca Grynspan, a elle dit son «espoir» que l'accord soit prolongé.

D'autant que les négociations sur un autre sujet épineux, le déblocage des exportations d'engrais russes, ont fait, selon elle, «d'importants pas en avant» même s'il «reste encore du chemin à faire».

Une avancée sur ce plan pourrait sans doute faciliter les choses.

Moscou avait suspendu samedi sa participation à l'accord céréalier après une attaque menée avec des drones marins contre sa flotte basée dans la rade de Sébastopol, en Crimée annexée.

L'armée russe a accusé l'Ukraine d'avoir mené cette opération, qui a touché au moins un bâtiment militaire russe. Kiev aurait été aidé, selon Moscou, par des «experts britanniques» et aurait utilisé le couloir maritime réservé aux exportations de céréales.

La Russie a d'ailleurs convoqué jeudi l'ambassadrice britannique à Moscou afin de lui signifier que «de telles actions hostiles par le Royaume-Uni risquent de mener à une escalade de la situation qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles et dangereuses», a déclaré la diplomatie russe dans un communiqué. Londres nie toute implication.

Pas de munitions suisses

Face à la guerre, la Suisse a invoqué sa neutralité pour interdire à l'Allemagne d'envoyer en Ukraine les munitions de fabrication helvétique destinées aux chars de défense antiaérienne que Berlin veut livrer à Kiev. A l'inverse, le parlement bulgare a décidé jeudi d'aider militairement l'Ukraine par l'envoi d'armes après des tergiversations liées à la proximité historique du pays avec la Russie.

Les pays du G7, réunis à Münster en Allemagne, ont eux dénoncé les «méthodes perfides» de la Russie dans sa façon de mener la guerre en essayant «d'affamer, d'assoiffer ou de faire geler les gens en attaquant des infrastructures civiles». Ils devraient examiner «des moyens de continuer à soutenir l'Ukraine», selon des sources diplomatiques.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que les frappes russes avaient endommagé 40% des installations énergétiques ukrainiennes.

A l'approche du G20 prévu mi-novembre, il a répété jeudi, dans une conférence de presse conjointe à Kiev avec son homologue grecque Katerina Sakellaropoulouque, que l'Ukraine n'y participerait pas si le président russe Vladimir Poutine était présent.

Echange de prisonniers

Sur le terrain, les autorités séparatistes de l'est de l'Ukraine ont annoncé jeudi la libération de 107 soldats dans un nouvel échange avec Kiev, qui va récupérer de son côté le même nombre de prisonniers.

«Nous ramenons 107 de nos combattants des geôles ukrainiennes», dont «65 viennent des républiques populaires de Donetsk et Lougansk», a affirmé sur Telegram l'un des principaux dirigeants des séparatistes prorusses, Denis Pouchiline.

ATS