L'UE et les Etats-Unis ont sanctionné vendredi plusieurs dizaines de responsables bélarusses impliqués dans la répression de l'opposition à Alexandre Loukachenko. Moscou y voit un «aveu de faiblesse» des Européens.
Réunis en sommet à Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Sept se sont également accordés, à l'issue d'âpres négociations, sur un message de fermeté assorti de menaces de sanctions adressé à la Turquie.
Les sanctions européennes, qui ont pris effet vendredi, gèlent les avoirs des personnes concernées dans l'UE, qui sont également interdites d'entrée sur le territoire de l'Union. Elles étaient vivement réclamées par l'opposition. Dans la foulée, les Etats-Unis ont annoncé des sanctions économiques à l'encontre de huit hauts responsables bélarusses.
Loukachenko en sursis
Le président Alexandre Loukachenko ne figure pas sur cette liste noire européenne, mais Bruxelles y a inscrit le ministre de l'Intérieur, ses adjoints, le patron des forces spéciales et ses subordonnés, ainsi que plusieurs chefs de la police, des responsables des services de sécurité, magistrats et dirigeants de centres de détention.
La liste de 44 noms inclut également une douzaine de membres de la commission électorale (CEC) accusés d'avoir truqué l'élection présidentielle du 9 août dont l'UE ne reconnaît pas le résultat. Cette liste n'est pas close, a précisé le président du Conseil européen Charles Michel. «Si ça se durcit, on ne s'interdit pas de mettre M. Loukachenko sous sanctions», a averti le président français Emmanuel Macron.
Contrairement à Londres et Ottawa, dont des sanctions visent directement le président bélarusse, l'UE a préféré s'abstenir pour l'instant. Elle veut ainsi donner sa chance à une médiation de l'Organisation sur la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE).
«Porte ouverte»
Le ministère bélarusse des Affaires étrangères a répliqué en annonçant une liste de sanctions contre l'UE, sans autre précision. Minsk a également annoncé le rappel «pour consultations» de ses ambassadeurs en Pologne et en Lituanie, deux pays soutenant activement la contestation dans l'ex-république soviétique.
Ces sanctions sont «un geste politique pour montrer le soutien de l'UE à la contestation au Bélarus tout en évitant d'insulter l'avenir: ne pas provoquer la Russie, ne pas braquer Loukachenko et laisser la porte ouverte à un dialogue pour une nouvelle élection», observe Eric Maurice, expert de la Fondation Schuman.
Le cas turc
Le principe de sanctions européennes avait été approuvé il y a plusieurs semaines, mais l'unanimité des Vingt-Sept était requise pour leur mise en oeuvre. Or, Chypre conditionnait son accord à une prise de position ferme de l'UE contre les violations de ses eaux territoriales par la Turquie.
Le président chypriote Níkos Anastasiádes, qui a obtenu gain de cause après plus de sept heures de discussions, a exprimé «sa satisfaction», tout comme le premier ministre Kyriakos Mitsotakis, au deuxième jour du sommet qui s'est achevé vendredi.
Dans ce conflit en Méditerranée orientale, où la Turquie, la Grèce et Chypre se disputent des gisements d'hydrocarbures, l'UE adopte une double approche à l'égard d'Ankara: améliorer certaines coopérations et relancer l'union douanière mais à condition que la Turquie cesse ses forages illégaux dans les eaux de Chypre et confirme sa volonté de dialoguer avec Athènes.
«Si Ankara poursuit ses actions illégales, nous utiliserons tous les instruments à notre disposition», a averti Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. L'exécutif européen a été chargé d'élaborer des sanctions économiques qui sont prêtes à être «utilisées immédiatement», a-t-elle précisé.
Les dirigeants de l'UE examineront «avant la fin de l'année si des développements positifs ont été enregistrés», a précisé Charles Michel.
Demande d'«explications»
Pour autant, la chancelière allemande Angela Merkel a rappelé que l'UE «a beaucoup d'intérêt à développer une relation réellement constructive avec la Turquie, malgré toutes les difficultés». Signe d'une volonté d'apaisement de la part d'Ankara, un accord a été trouvé jeudi à l'Otan entre la Grèce et la Turquie sur un mécanisme pour éviter les conflits.
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