Etats-Unis divisés Responsables électoraux: «On reçoit des menaces quotidiennes»

ATS

2.10.2024 - 08:00

Au début septembre, le conseil électoral d'une banlieue d'Atlanta, en Géorgie, tient une réunion de routine en amont de la présidentielle américaine quand un cri fuse de l'assistance: «Heil Hitler!».

Un écran affiche le débat de la chaîne CBS entre le sénateur américain et candidat républicain à la vice-présidence J.D. Vance et le gouverneur du Minnesota et candidat démocrate à la vice-présidence Tim Walz sur Times Square à New York le 1er octobre 2024. (Photo KENA BETANCUR / AFP)
Un écran affiche le débat de la chaîne CBS entre le sénateur américain et candidat républicain à la vice-présidence J.D. Vance et le gouverneur du Minnesota et candidat démocrate à la vice-présidence Tim Walz sur Times Square à New York le 1er octobre 2024. (Photo KENA BETANCUR / AFP)
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Peu auparavant, selon une vidéo, un autre spectateur avait accusé une membre juive du conseil d'être une communiste masquée, car elle ne s'était pas levée pendant le serment d'allégeance au drapeau des Etats-Unis d'Amérique

«Nous sommes dans un environnement ultra-partisan. Je ne crois pas que cela existait avant 2020», dit Tori Silas, présidente du conseil électoral du comté de Cobb, banlieue au nord-ouest d'Atlanta, contactée par téléphone par l'AFP.e

Ces épisodes de tensions ne sont pas rares, en particulier dans les Etats pivot comme la Géorgie, qui vont probablement faire l'élection. «On reçoit des menaces quotidiennes, qu'il s'agisse de messages vocaux, d'emails, de messages sur les réseaux ou en personne», a résumé sur CBS Jocelyn Benson, responsable électorale dans le Michigan, autre Etat clé. «Et cela s'intensifie».

Substances dans des lettres

La poste américaine a expliqué à l'AFP qu'elle enquêtait, au côté du FBI, sur des «courriers suspects adressés à des responsables électoraux dans plusieurs Etats», dont certains contenaient une substance indéterminée.

Lisa Deeley, démocrate membre du conseil électoral de Philadelphie, en Pennsylvanie, regrette que «des accusations fantaisistes de fraude et d'abus généralisés» continuent de circuler, reprenant le «modus operandi» d'un «certain candidat» en 2020, une référence au républicain Donald Trump.

Les élections américaines de 2024

L'Amérique élit un nouveau président le 5 novembre. Mais il n'y a pas que le président qui sera élu, il y aura aussi 35 sièges au Sénat, la totalité de la Chambre des représentants ainsi que onze gouverneurs. blue News accompagne la phase chaude du duel pour la Maison Blanche non seulement avec un regard depuis la Suisse, mais aussi avec des reportages en direct des Etats-Unis.

Patrick Semansky/AP/dpa

Quand il avait perdu la présidentielle face au démocrate Joe Biden il y a quatre ans, le chef d'Etats sortant avait crié faussement à la fraude et visé nommément des responsables électoraux sur les réseaux.

Dans sa course pour la reconquête de la Maison-Blanche face à la vice-présidente démocrate Kamala Harris, Donald Trump continue d'affirmer que la précédente élection lui a été «volée». «Des mauvaises, mauvaises choses se sont produites [en 2020]. On ne va pas permettre que cela se produise à nouveau», a asséné récemment le candidat de 78 ans.

Sécurité

Les conseils électoraux prennent donc des mesures de sécurité en plus d'assurer leurs missions traditionnelles, faire en sorte que le vote soit efficace et intègre. En Géorgie, Tori Silas explique mettre en oeuvre les «meilleures pratiques en matière de sécurité». Les équipes seront dotées de radios directement reliées aux services d'urgence et des policiers supplémentaires seront déployés.

Dans le comté de Maricopa, en Arizona, les autorités ont investi dans des «détecteurs de métaux, des barrières et des caméras», a déclaré à la télévision CBS le responsable républicain Bill Gates. «J'aimerais ne pas avoir à faire tout cela». La crainte est que, comme en 2020, le vote soit si serré qu'il faille beaucoup de temps pour déclarer un vainqueur.

«Le temps qui s'écoule entre la fermeture des bureaux le soir de l'élection et le moment où le résultat est connu est le plus propice à la désinformation», souligne Seth Bluestein, membre républicain du conseil électoral de Philadelphie. Il se souvient qu'il y a quatre ans, la situation était particulièrement difficile.

Des retards

De nouveaux électeurs avaient voté par correspondance du fait de changements des règles électorales et du Covid-19, ce qui avait créé une pression énorme. «Il nous a fallu quatre jours de travail en continu pour compter suffisamment de bulletins pour que la course soit tranchée», dit-il à l'AFP.

Plusieurs élections se sont déroulées depuis lors, un nouveau centre de traitement des bulletins a été mis en place et M. Bluestein se dit «prudemment optimiste» quant à l'état de préparation de la ville.

Les autorités législatives de l'Etat, qui sont divisées selon des lignes partisanes, n'ont cependant pas remédié à un problème majeur: le décompte des centaines de milliers de votes par correspondance ne peut commencer que le jour de l'élection.

Si le résultat de la course venait à être déterminé par la Pennsylvanie, une possibilité selon les analystes, la proclamation du vainqueur pourrait être repoussée de plusieurs jours. «Plutôt que régler le problème, c'est la politique politicienne qui a joué», regrette Mme Deeley.

Mais les responsables électoraux n'ont d'autre choix «que de poursuivre leur croisade contre la désinformation jusqu'au jour de l'élection et au-delà», dit-elle. Et d'assurer: «On sait ce qu'on a à faire. Nos élections sont sûres et équitables».

ATS