Coronavirus Retards de livraison de vaccins aux pays pauvres

ATS

25.3.2021 - 21:26

Les difficultés d'approvisionnement en vaccins contre le Covid-19, au coeur d'un vif différend entre Bruxelles et Londres, ont dominé jeudi un sommet de l'Union européenne. Des retards vont aussi affecter les livraisons aux pays défavorisés via le système Covax.

Des fioles du vaccin Pfizer-BioNTech et une seringue sont photographiees, lors du dernier jour de vaccination dans les EMS du Canton de Vaud pendant la pandemie de Coronavirus Covid-19.
Des fioles du vaccin Pfizer-BioNTech et une seringue sont photographiees, lors du dernier jour de vaccination dans les EMS du Canton de Vaud pendant la pandemie de Coronavirus Covid-19.
KEYSTONE

Aux Etats-Unis le président Joe Biden, qui doit jeudi soir participer en vidéo-conférence le sommet de l'UE, a doublé son objectif initial de vaccinations pour le porter à 200 millions d'injections au cours des cent premiers jours de son mandat.

Alors qu'une troisième vague épidémique déferle sur l'Europe, le sommet virtuel de l'UE doit aborder la lenteur des campagnes vaccinales sur le continent et les problèmes de livraisons du groupe AstraZeneca, qui nourrissent les frustrations au sein du bloc.

Situation «très grave»

L'UE et le Royaume-Uni, en désaccord sur la gestion des stocks de vaccins produits sur le continent par le groupe suédo-britannique AstraZeneca, ont affirmé mercredi leur intention de régler ce litige par la négociation.

Source des tensions: face à «une très grave situation épidémiologique», la Commission européenne a renforcé un mécanisme de contrôle des exportations de vaccins mis en place en janvier, suscitant les critiques de Londres, premier destinataire des doses exportées par le continent.

L'UE a exporté quelque 10 millions de doses, tous vaccins confondus, vers le Royaume-Uni, mais n'a reçu en retour aucune dose produite outre-Manche – alors que le contrat signé par AstraZeneca prévoyait la livraison de doses provenant de deux usines britanniques. L'entreprise a expliqué que son contrat avec Londres l'obligeait à honorer en priorité les commandes britanniques.

Selon un calcul de l'assureur-crédit Euler Hermes, le retard de l'UE dans son calendrier vaccinal, désormais de sept semaines, pourrait coûter à son économie 123 milliards d'euros (136 milliards de francs) en 2021.

Retard des vaccins Covax

AstraZeneca, critiqué par le régulateur américain pour lui avoir fourni des données «obsolètes» sur ses essais cliniques, a abaissé l'efficacité de son vaccin à 76% contre les cas symptomatiques de la maladie, au lieu de 79% déclarés initialement.

Le Danemark a lui prolongé de trois semaines la suspension du vaccin AstraZeneca, pourtant déclaré «sûr et efficace» par le régulateur européen et l'Organisation mondiale de la santé. Les autorités danoises ont besoin de «plus de temps» pour exclure entièrement un lien entre quelques cas connus de caillots sanguins, rares mais graves, et la vaccination avec ce sérum.

Autre problème concernant AstraZeneca: les doses produites par le Serum Institute of India, «qui devaient être expédiées en mars et avril» via le système Covax d'aide aux pays défavorisés, «vont être retardées faute d'avoir obtenu des licences d'exportation» de l'Inde, qui fait face à une demande locale accrue et un regain de contaminations, selon un porte-parole de l'Alliance du Vaccin (Gavi).

Le système international Covax vise à fournir cette année des doses à 20% de la population de près de 200 pays et territoires, et comporte un mécanisme de financement visant à aider 92 pays défavorisés.

Déroute brésilienne

La pandémie a fait au moins 2'745'337 morts dans le monde depuis fin 2019, selon un comptage jeudi de l'AFP. Sur la journée de mercredi, 10'063 décès et 624'777 nouveaux cas ont été recensés dans le monde. Les pays ayant enregistré le plus de nouveaux décès quotidiens sont le Brésil (2009 morts), les États-Unis (1362) et le Mexique (579).

Au Brésil, le bilan de la pandémie, totalement hors de contrôle, a franchi mercredi le cap des 300'000 morts.

Partout, dans le deuxième pays le plus endeuillé au monde derrière les Etats-Unis, en chiffres absolus, les services de soins intensifs sont au bord de la rupture. La presse a rapporté des situations dramatiques: corps entassés dans les couloirs d'hôpitaux, décès d'une centaine de personnes faute de lits en réanimation...

La déroute brésilienne suscite une inquiétude croissante dans le reste du monde, en raison de la propagation du variant amazonien P1, qui serait plus contagieux et plus létal.

Restrictions en France

En France, de nouvelles restrictions sanitaires, dont la fermeture de commerces et l'interdiction de se déplacer au-delà de 10 km sans dérogation, ont été étendues à trois départements supplémentaires, au moment où l'épidémie semble de moins en moins contrôlée, avec des services de réanimation saturés dans braucoup de régions.

Cela pourrait conduire prochainement le Royaume-Uni a placer la France sur une «liste rouge» et durcir les contrôles des arrivées en provenance de ce pays.

Mais c'est la Hongrie, balayée par la 3e vague de la pandémie, qui a affiché sur la semaine écoulée le plus haut taux de mortalité du monde, avec un nombre de décès en hausse de 40%.