France 3e round contre la réforme des retraites, sur le ring de l'Assemblée

ATS

7.2.2023 - 12:43

Grèves, manifestations, acte 3. Du port du Havre aux rues de Marseille, les opposants à la réforme des retraites se remobilisent mardi pour maintenir la pression sur l'exécutif français, mais aussi sur les députés qui viennent d'ouvrir les hostilités dans l'Hémicycle.

"L'immobilisme n'est pas permis", affirme le ministre du Travail, Olivier Dussopt, "ouvert aux améliorations" sur le texte.
"L'immobilisme n'est pas permis", affirme le ministre du Travail, Olivier Dussopt, "ouvert aux améliorations" sur le texte.
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Keystone-SDA

Dans le secteur clé des transports, la circulation des trains et métros reste «fortement perturbée» à la SNCF et à la RATP. SNCF Voyageurs a annulé 1 TGV sur 2 en moyenne, dont plusieurs liaisons avec la Suisse, la quasi-totalité des Intercités et 7 TER sur 10. Le trafic devrait continuer à être perturbé jusqu'à jeudi, selon le site de TGV Lyria, qui donne le détail des trains supprimés.

Au Havre, où des manifestants bloquent les entrées et sorties de la ville, des files de camions de plusieurs kilomètres bloquaient toujours tous les accès à la zone industrielle en milieu de matinée, a constaté un journaliste de l'AFP sur place.

Dans l'énergie, la CGT revendique une baisse d'environ 4500 MW de production d'énergie, l'équivalent de plus de quatre réacteurs nucléaires. Plus d'un salarié sur deux (56%) des raffineries TotalEnergies sont en grève selon la direction, entre 75 et 100%, selon la CGT.

A la raffinerie Total de La Mède (ouest de Marseille), la grève a été lancée pour 48 heures. «Aucun produit ne sort du site», a résumé Fabien Cros (CGT). «Pour l'instant on se cale sur des journées nationales, mais l'objectif c'est qu'après, on fasse des mouvements plus longs, qui ont plus d'impact», a expliqué Clément Mortier, un responsable FO au dépôt Total Energies des Flandres, près de Dunkerque.

Continuer à mettre la pression

Unis contre le report de l'âge légal à 64 ans, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) entendent continuer à mettre la pression sur l'exécutif, après deux journées réussies à plus d'un million de manifestants – selon les autorités.

A Marseille, ou le cortège de la manifestation commençait à se former, Morgane Muffière, 33 ans, assistante en école maternelle (Atsem), venait manifester ce mardi pour la première fois. «On vient exprimer notre colère parce que travailler 12 heures par jour avec des enfants jusqu'à 64 ans, ce n'est pas possible», explique-t-elle.

«C'est une réforme vraiment injuste, surtout venant de gens de là-haut qui ne connaissent pas le travail qu'on fait», ajoute-t-elle, se disant prête à s'engager dans la durée contre la réforme.

A l'inverse Vincent Salagnac, musicien-comédien, est venu manifester sans grande espérance: «Je me sens impuissant, parce qu'on subit, et je n'ai pas de solutions face à ces inégalités qui se creusent».

Plus de 200 rassemblements prévus

Avec plus de 200 rassemblements dans le pays, une source sécuritaire anticipe une fourchette de 900'000 à 1,1 million de manifestants, dont 70'000 maximum à Paris. Onze mille policiers et gendarmes seront mobilisés, dont 4000 dans la capitale.

Vacances obligent, moins de grévistes sont attendus chez les enseignants. Des lycéens se sont mobilisés au petit matin, comme à Rennes au lycée Jean-Macé ou à Marseille devant Victor-Hugo. «On s'attend à une très forte mobilisation aujourd'hui et dans les prochains jours», a déclaré Hugo Prévost, secrétaire national de l'Alternative lycéenne.

Selon une source policière, neuf sites universitaires et 24 lycées sont perturbés en France, avec 14 blocages. La Voix lycéenne revendique près de 150 lycées bloqués.

Record du 31 janvier difficile à surpasser

Les syndicats savent qu'il leur sera difficile de dépasser le record du 31 janvier – 1,27 million selon la police. Aussi le numéro un de la CFDT Laurent Berger se projette vers la prochaine journée de samedi, qui doit être «une fête du travail, avec des cortèges pacifiques et festifs».

Le président «joue avec le feu», estime Philippe Martinez (CGT), dont les troupes se tiennent prêtes à hausser le ton la semaine prochaine, notamment dans l'énergie et le rail.

Macron appelé à «devenir raisonnable»

«On ne peut pas gouverner très longtemps contre son propre pays», a averti mardi Olivier Faure (PS), Sandrine Rousseau (EELV) affirmant que les élus de gauche sont «la continuation de ce mouvement social au sein de l'Assemblée». Quant au chef de LFI Jean-Luc Mélenchon, il appelé Emmanuel Macron à devenir «raisonnable», l'accusant de «vouloir commencer son quinquennat par un coup de force».

Réforme des retraites : Mélenchon appelle Macron à devenir «raisonnable»

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«L'immobilisme n'est pas permis»

«L'immobilisme n'est pas permis», affirme le ministre du Travail, Olivier Dussopt, «ouvert aux améliorations» sur le texte.

Après les concessions accordées sur les petites pensions, puis les carrières longues, il a évoqué un «bilan d'étape» au Parlement, avant la présidentielle de 2027. Une nouvelle main tendue à la droite, dont les voix seront cruciales pour éviter de recourir au 49-3.

L'examen du texte a commencé lundi à l'Assemblée nationale dans une ambiance houleuse. Le gouvernement a fixé une date butoir au 17 février pour l'examen du texte à l'Assemblée nationale.