FranceRetraites: dernière journée de débats à l'Assemblée
hl
17.2.2023 - 10:20
Les députés ont entamé vendredi leur ultime journée d'examen de la réforme des retraites dans une ambiance qui s'annonce électrique: les chances d'aborder la mesure-clé sur le report de l'âge sont très maigres.
Keystone-SDA, hl
17.02.2023, 10:20
17.02.2023, 10:49
ATS
Les débats ont repris à 09h00. A minuit et où qu'en soient les échanges, le rideau tombera à l'Assemblée nationale.
Une motion de censure, déposée par le RN et qui n'a aucune chance d'être adoptée, sera examinée juste après, en présence de la première ministre Elisabeth Borne, a appris l'AFP de source parlementaire. Le texte partira ensuite au Sénat.
Il y a «très peu de chances que nous allions jusqu'au bout du texte» ce vendredi, a déploré sur franceinfo Franck Riester, ministre chargé des Relations avec le Parlement. «On ne sait même pas si on va pouvoir aller jusqu'à l'article 7».
Plus de 3000 amendements
A qui la faute? Chacun se rejette la responsabilité. Franck Riester a accusé la gauche de «bloquer le débat démocratique"Plus de 3000 amendements restent à discuter avant cet article 7, dont une bonne part vient des Insoumis.
«Il faut ouvrir davantage de séances, il faut faire en sorte qu'on ait plus de temps pour débattre», a rétorqué sur CNews Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise. «Il n'y a pas de raison aujourd'hui de retirer l'ensemble de nos amendements».
La gauche est divisée sur l'opportunité de les retirer, comme l'en pressent les syndicats qui ont organisé jeudi une cinquième journée de mobilisation. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a reconnu vendredi sur France 2 «des divergences tactiques» au sein de l'alliance de gauche, mais qui «ne sont pas insurmontables», car «nous sommes tous opposés à cette réforme».
Les manifestations ont rassemblé jeudi 1,3 million de personnes selon la CGT et 440'000 selon le ministère de l'Intérieur. C'est le chiffre le plus faible depuis le début de la mobilisation, dans l'attente du 7 mars où les syndicats menacent de mettre le pays «à l'arrêt» si le gouvernement ne retire pas la réforme.
Dans l'hémicycle, LFI a retiré mercredi «plus d'un millier» d'amendements et les socialistes «90% des leurs». Jeudi, les communistes ont fait de même avec 350 de leurs propres amendements. Mais, jeudi soir, le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a jugé ce retrait «incompréhensible» et appelé les députés à ne pas se «précipiter» vers l'article 7.
«Ca va être sport»
«Hâte de se faire battre?, a-t-il demandé sur Twitter, s'attirant les foudres du ministre des Comptes publics Gabriel Attal, qui a dénoncé une «bascule» et un «aveu» pour faire «traîner les débats».
La journée s'annonce donc animée ce vendredi, d'autant que ce sera la première fois que la lecture d'un texte sera interrompue car le délai constitutionnel aura été atteint. «Ca va être sport», estime un élu Renaissance. L'enjeu, c'est qui va imposer son récit? LFI en disant qu'on fait exprès de pas aller au bout du texte, ou nous?»
Cet élu, qui ne désespère pas d'arriver à l'article 7, rappelle que les amendements de suppression venant de la gauche et de quelques LR seraient les premiers examinés: «les rejeter reviendrait à une adoption en creux», imagine-t-il.
Les Républicains eux-mêmes, qui ont contribué mercredi au rejet de l'"index senior», soufflent le chaud et le froid, certains posant des conditions sur les carrières longues pour soutenir la réforme.
Jeudi, des questions sont revenues sur les durées de cotisation, alors que le débat s'embourbait sur des questions de financement. D'autres à gauche ont réitéré leurs accusations de «mensonges» autour de la revalorisation des petites retraites.
Ces deux dernières semaines, la tension a culminé avec l'exclusion pour 15 jours du LFI Thomas Portes (pour une photo le pied sur un ballon à l'effigie d'Olivier Dussopt) et l'accusation d'"assassin» lancée par Aurélien Saintoul (LFI) au même ministre du Travail.