Proche-Orient Risque de famine à Gaza, vote à l'ONU sur l'aide attendu vendredi

clsi

22.12.2023 - 13:02

Après plus de deux mois de guerre, l'ONU a mis en garde contre un risque de famine dans le territoire palestinien de Gaza soumis vendredi à de nouvelles frappes israéliennes meurtrières. Un vote au Conseil de sécurité pour y accroître l'aide est à nouveau attendu.

L'ONU a tiré la sonnette d'alarme sur un risque de famine à Gaza. Ici: des habitants de Rafah, au sud de la bande de Gaza, font la queue pour obtenir un repas.
L'ONU a tiré la sonnette d'alarme sur un risque de famine à Gaza. Ici: des habitants de Rafah, au sud de la bande de Gaza, font la queue pour obtenir un repas.
ATS

Keystone-SDA, clsi

Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, 390 Palestiniens ont été tués ces dernières 48 heures dans la bande de Gaza, dont des «dizaines» vendredi avant l'aube et le matin à Rafah, Khan Younès (sud), Gaza-ville et Jabaliya (nord).

La guerre entre Israël et le Hamas ne connaît aucun répit malgré les pressions internationales, les protagonistes restant inflexibles dans leurs conditions pour une trêve humanitaire.

Pourtant, les organisations de l'ONU ne cessent d'alerter sur la situation catastrophique de la population civile dans le territoire surpeuplé de 362km2, où les bombardements israéliens par air, terre et mer ont détruit des quartiers entiers et déplacé 1,9 million de personnes, soit 85% de la population d'après l'ONU.

Les habitants de Gaza vont être confrontés à des risques élevés d'insécurité alimentaire, voire de famine, au cours des six prochaines semaines, a averti jeudi un rapport du système de surveillance de la faim de l'ONU.

Environ la moitié de la population devrait se trouver dans la phase «d'urgence» – qui comprend une malnutrition aiguë très élevée et une surmortalité – d'ici le 7 février et «au moins une famille sur quatre», soit plus d'un demi-million de personnes, sera confrontée à la «phase 5», c'est-à-dire à des conditions catastrophiques, d'après le rapport.

«Combinaison mortelle»

Deux jours après l'attaque du Hamas, Israël a soumis Gaza à un siège total et contrôle toute aide qui y entre via le passage de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à la frontière avec l'Egypte, et un autre nouvellement rouvert appelé Kerem Shalom entre Gaza et Israël.

Des centaines de camions ont été autorisés à entrer dans le territoire mais l'aide est jugée insuffisante par les ONG et l'ONU et sa distribution reste très aléatoire du fait du pilonnage israélien et des batailles de rue entre soldats israéliens et combattants palestiniens.

De plus, seuls neuf des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent encore en partie, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). «La combinaison mortelle de famine et de maladies pourrait provoquer davantage de morts encore à Gaza», a prévenu l'organisation.

Dans des quartiers de la ville de Gaza, dont Choujaïya, les combats entre soldats et combattants ont lieu de rue en rue, souvent d'immeuble en immeuble. Israël annonce régulièrement la destruction de tunnels, d'infrastructures du Hamas et la saisie d'armes, et le mouvement palestinien annonce la destruction de chars et de véhicules militaires israéliens.

Un porte-parole de l'armée, Avichay Adraee, a donné vendredi un nouvel ordre d'évacuation aux habitants du camp de réfugiés de Bureij (centre) et des quartiers alentours. «Pour votre sécurité, vous devez vous rendre immédiatement à Deir el-Balah», plus au sud.

Après l'attaque du 7 octobre qui a fait, selon les autorités israéliennes, environ 1140 morts, en majorité des civils, Israël a juré d'"anéantir» le Hamas, pilonnant le territoire palestinien, l'assiégeant et menant une vaste opération terrestre depuis le 27 octobre. Selon un nouveau bilan du gouvernement du Hamas, au moins 20'057 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, ont perdu la vie et 50'000 ont été blessée dans l’enclave palestinienne.

Négociations

Dans ce contexte explosif, les efforts se poursuivent pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve, après celle d'une semaine fin novembre qui avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël et l'acheminement de plus d'aides.

Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, basé à Doha, se trouve chez le médiateur égyptien et Ziad al-Nakhala, le chef du Djihad islamique qui combat aux côtés du Hamas et détient aussi des otages, est attendu bientôt au Caire.

Israël dialogue avec le Qatar et les Etats-Unis, deux autres médiateurs.

Mais les belligérants restent intransigeants. Le Hamas exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l'idée d'une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant «l'élimination» du Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

Vote vendredi à l'ONU?

A New York, un nouveau texte édulcoré désormais au goût des Américains qui ne voulaient pas d'un appel à une cessation des hostilités devrait être en principe approuvé vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU.

Depuis lundi, ses membres tentent de s'accorder sur un texte pour éviter un veto des Etats-Unis, des alliés d'Israël, qui ont déjà bloqué deux précédentes résolutions.

Les craintes d'un débordement du conflit et de tensions ravivées au-delà de la région demeurent. A la frontière d'Israël avec le Liban, les échanges de tirs parfois meurtriers entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas, sont quotidiens.

En mer Rouge, la menace d'attaques sur le trafic maritime international par les rebelles Houthis du Yémen, solidaires des Palestiniens, a provoqué un ralentissement du commerce mondial. Les Etats-Unis ont mis en place une coalition pour défendre les navires en mer Rouge.