Catastrophe humanitaireLes autorités face au défi de l'aide aux sans-abris après le séisme
ATS
14.2.2023 - 13:19
Dans les gravats et les décombres, des centaines de milliers de sans-abris affrontaient mardi la faim et le froid en Turquie et en Syrie. Les autorités tentent d'atténuer la catastrophe humanitaire causée par le séisme dont le bilan dépasse désormais les 35'000 morts.
14.02.2023, 13:19
14.02.2023, 13:22
ATS
Alors que les chances de retrouver des survivants deviennent quasiment nulles, la priorité est désormais l'aide aux centaines de milliers voire aux millions de personnes dont les logements ont été détruits par le tremblement de terre d'une magnitude de 7,8 qui a frappé le 6 février.
Selon le gouvernement turc, quelque 1,2 million de personnes ont été logées dans des résidences pour étudiants, plus de 206'000 tentes ont été dressées dans dix provinces et 400'000 sinistrés ont été évacués des régions dévastées. L'Organisation mondiale santé (OMS) a déploré mardi «le plus grand désastre naturel en un siècle» pour l'Europe.
Prévenir les pillages
A Antakya, l'Antioche de l'Antiquité, des toilettes ont été installées, au grand soulagement des rescapés qui en ont été privés pendant plusieurs jours, et le réseau téléphonique a été rétabli dans une partie de la ville.
Une forte présence policière et militaire était visible afin de prévenir les pillages, après plusieurs incidents durant le week-end, alors que beaucoup d'habitants se trouvaient dans un état de nécessité absolue.
Enfants traumatisés
Au dénuement matériel extrême s'ajoute la détresse psychologique, qui frappe de plein fouet les plus jeunes. Plus de 7 millions d'enfants – 4,6 en Turquie et 2,5 en Syrie – vivent dans les régions frappées, selon l'Unicef, qui craint que plusieurs milliers d'entre eux fassent partie des tués.
La ministre turque de la Famille Derya Yanik a déclaré lundi soir que 1362 enfants non accompagnés ont été recensés dans les provinces touchées, dont 369 ont été remis à leurs familles.
Lueur d'espoir, de nouveaux survivants ont été extraits des décombres bien au-delà de la période cruciale des 72 heures après la catastrophe. Un jeune homme de 18 ans a ainsi été retrouvé vivant dans la province d'Adiyaman. Dans la province voisine de Kahramanmaras, des jumeaux ont été sortis par les sauveteurs qui ont pratiqué un tunnel de cinq mètres pour les atteindre.
Autre épisode réconfortant: à Kahramanmaras, un journaliste de l'AFP a vu lundi des secouristes retrouver un chien en vie sous les décombres.
Le bilan s'alourdit
Mais le bilan du tremblement de terre s'alourdit inexorablement et pourrait même doubler prévenait l'ONU dimanche. Il s'élevait mardi en milieu de journée à 35'662 morts, dont 31'974 morts dans le sud de la Turquie, selon l'Afad, organisme public turc de gestion des catastrophes. En Syrie, les autorités ont dénombré 3688 morts.
Au moins «72'663 personnes pourraient avoir perdu la vie et 193'399 personnes pourraient être blessées», selon un rapport de l'association patronale Turkonfed publié lundi par les médias turcs. Le coût économique du séisme pourrait atteindre «84,1 milliards de dollars».
Postes frontières ouverts
La Syrie a pour sa part annoncé l'ouverture, pour une période initiale de trois mois, de deux nouveaux points de passage avec la Turquie pour accélérer l'arrivée de l'aide humanitaire. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a salué cette décision qui «va permettre à plus d'aide d'entrer, plus vite».
Avant le séisme, la quasi-totalité de l'aide, cruciale pour plus de quatre millions de personnes vivant dans les zones rebelles du nord-ouest du pays, était acheminée à partir de la Turquie par un seul poste frontière, celui de Bab al-Hawa.
Des camions avec à leur bord de quoi confectionner des abris grâce à des bâches en plastique, ainsi que des couvertures, des matelas, des cordes ou encore des vis et des clous, ont franchi lundi la frontière.
Selon le ministère syrien des Transports, 62 avions chargés d'aide ont jusqu'à présent atterri en Syrie, dont un d'Arabie saoudite, une première depuis dix ans, d'autres étant attendus dans les heures et les jours à venir, en provenance en particulier du royaume.