SalairesMobilisation loin des records en France avant la conférence sociale
ATS
13.10.2023 - 17:30
«Vivre, travailler, vieillir dignement»: des milliers de personnes ont manifesté vendredi en France pour les salaires. Les syndicats espèrent peser sur la conférence sociale prévue lundi malgré une mobilisation loin des records de la récente bataille des retraites.
Keystone-SDA
13.10.2023, 17:30
13.10.2023, 17:33
ATS
Plus de six mois après l'adoption de la réforme controversée, l'intersyndicale met l'accent sur le pouvoir d'achat malmené par l'inflation: «c'est le sujet numéro 1 de préoccupation des travailleurs», a insisté Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT.
Les syndicats jugent nécessaire l'"égalité femmes-hommes, l'augmentation des salaires, du Smic, des pensions, des minima sociaux et bourses d'études».
200'000 personnes au total
Quelque 230 actions étaient programmées dans de nombreuses villes. La CGT a fait état de 200'000 manifestants dans tout l'Hexagone. C'est nettement en deçà des 14 journées d'action contre la réforme des retraites qui avaient été organisées entre janvier et juin, la CGT ayant recensé au plus bas quelque 900'000 manifestants le 6 juin.
A Paris, la manifestation était de fait clairsemée. Elle a réuni 20'000 personnes, selon la CGT, alors que pendant le mouvement des retraites, le syndicat n'avait jamais recensé moins de 300'000 personnes dans la capitale.
Tout en prédisant une «forte» mobilisation, la numéro un de la CGT Sophie Binet avait plus tôt reconnu qu'elle ne serait «probablement pas au niveau de celles contre la réforme des retraites». Mais, a-t-elle jugé, «c'est normal, on a connu six mois de mobilisation historique», «on ne peut pas battre des records de France tout le temps».
Délégation helvétique
Des syndicats venus de toute l'Europe se sont joints au cortège, dont une délégation d'Unia, a indiqué la centrale syndicale suisse dans un communiqué. Egalement présent, le président de l'Union syndicale suisse (USS) Pierre-Yves Maillard a souligné devant la presse l'importance de la solidarité syndicale internationale dans la lutte contre la déréglementation et le dumping salarial.
«C'est seulement ainsi (...) qu'il sera possible de protéger les salaires et les conditions de travail contre le dumping», a dit le conseiller national (PS/VD), cité dans le communiqué d'Unia.
«Inflation inflammable»
A Marseille, ils étaient 10'000 selon la CGT, 2100 selon la préfecture, réclamant de pouvoir «vivre, travailler, vieillir dignement».
A Toulouse, ils étaient entre 2000 et 15'000. «Je suis là pour dire mon mécontentement sur les salaires beaucoup trop bas qui ne suivent pas du tout l'inflation», a expliqué Edith, 45 ans. A Nantes, plusieurs milliers de personnes ont aussi défilé derrière une banderole «inflation inflammable».
La circulation des trains était légèrement perturbée sur certaines lignes régionales mais normale pour le TGV, notamment les liaisons avec la Suisse. En Ile-de-France, des perturbations affectaient certaines lignes RER, mais à Paris, métros, bus et tramways circulaient normalement.
Le trafic aérien était également perturbé en France et en Europe. Côté éducation, le ministère a fait état d'un faible taux de grévistes de 3,65% en moyenne chez les enseignants. La tour Eiffel a été fermée, ainsi que le musée du Louvre brièvement.
Peser sur les discussions
Les syndicats français suivent un appel de la Confédération européenne des syndicats (CES). Des manifestations sont ainsi organisées en Italie, Belgique, Allemagne, Espagne, entre autres, avant un nouveau rendez-vous le 13 décembre.
En France, les leaders syndicaux espèrent que cette journée permettra de peser dans les discussions avec la cheffe du gouvernement Elisabeth Borne au cours de la conférence sociale prévue lundi.
Les syndicats réclameront notamment une «conditionnalité des aides publiques aux entreprises», soit le maintien des exonérations de cotisations à condition que la branche n'ait pas de minima en dessous du salaire minimum. Mais certains craignent qu'il n'y ait «pas beaucoup de propositions effectives» à l'issue de la conférence.