Elections européennes Salvini pour une alliance des souverainistes

ATS

8.4.2019 - 14:28

Matteo Salvini (2e à droite) a assuré que leur alliance devait encore s'agrandir avant le scrutin pour devenir «une force de gouvernement et de changement en Europe».
Matteo Salvini (2e à droite) a assuré que leur alliance devait encore s'agrandir avant le scrutin pour devenir «une force de gouvernement et de changement en Europe».
Source: KEYSTONE/EPA ANSA/DANIEL DAL ZENNARO

La personne forte du gouvernement italien et patron de l'extrême droite de la péninsule Matteo Salvini a lancé lundi à Milan un appel pour une alliance des nationalistes en vue des élections européennes de mai. L'entreprise ne va néanmoins pas de soi.

«Nous sommes en train d'élargir la communauté, la famille. Nous sommes en train de travailler pour un nouveau rêve européen», a lancé M. Salvini, entouré de Jörg Meuthen, du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), d'Olli Kotro, des Vrais finlandais, et d'Anders Vistisen, du Parti populaire danois.

«Aujourd'hui pour de nombreux citoyens et peuples, l'Union européenne représente un cauchemar», a-t-il martelé, en présentant ce projet baptisé «L'Europe du bon sens, les peuples relèvent la tête».

«Nous travaillons pour remettre au centre le travail, la famille, la sécurité, la protection de l'environnement, l'avenir des jeunes», avec des «mouvements alternatifs» à «l'alliance entre les démocrates-chrétiens et les socialistes» au pouvoir depuis des décennies à Bruxelles, a-t-il dit.

M. Salvini a reconnu que les mouvements souverainistes avaient «des différences», mais il a expliqué qu'ils se fondaient «sur les identités et les traditions». Il a assuré que leur alliance devait encore s'agrandir avant le scrutin pour devenir «une force de gouvernement et de changement en Europe».

Dans un hôtel de luxe

«Les fossoyeurs du rêve européen sont les bureaucrates, les bien-pensants, les banquiers, qui gouvernent l'Europe depuis trop longtemps. Nous voulons ramener le peuple à gouverner l'Europe», a encore lancé M. Salvini, lors de cette conférence de presse organisée dans un hôtel de luxe de Milan, en présence de quelque 200 journalistes.

«Ce projet vise à défendre les droits de chaque Etat membre à trouver leur propre voie», a expliqué le Danois Anders Vistisen. «Si on laisse nos opposants nous diviser, on verra plus de Bruxelles, moins de sécurité, et le multiculturalisme et l'identité de l'Europe prendront le pas sur les identités nationales».

But: remporter la mise au Parlement

L'objectif est d'être «le groupe le plus important au Parlement européen», a noté M. Salvini, en confirmant l'organisation d'un grand meeting européen le samedi 18 mai à Milan. Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national (RN) français, y est attendue.

Dans l'assemblée sortante, les souverainistes sont en effet divisés en trois entités (PPE, ENL et CRE). La Ligue de M. Salvini et le RN sont membres du groupe Europe des nations et des libertés (ENL), tandis que les invités finlandais et danois de M. Salvini appartiennent au groupe Conservateurs et réformistes européens (CRE).

Le Fidesz, le parti Premier ministre hongrois Viktor Orban, dont M. Salvini se dit très proche, siège lui au sein du Parti populaire européen (PPE, droite), même si les conservateurs européens l'ont suspendu il y a quelques semaines.

Mais la question de la direction du futur groupe se pose. Ainsi, Mme Le Pen va rendre visite à des partis nationalistes «alliés» dans les prochaines semaines, en Slovaquie et en République tchèque, pour les soutenir dans leur campagne.

Grosses différences

Sur le fond, malgré d'évidentes similitudes – euroscepticisme, hostilité à l'islam politique, rejet du multiculturalisme de gauche -, les souverainistes européens restent très différents.

Entre l'AfD allemand, adepte de l'économie de marché, et la vision protectionniste du RN français, l'écart est grand. De même, Italiens et Polonais mettent en avant les racines chrétiennes de l'Europe, quand le RN, au nom de la laïcité, n'en fait pas une priorité.

Et les nationalistes polonais ou finlandais goûtent peu les éloges adressés par Mme Le Pen et M. Salvini au président russe Vladimir Poutine.

Sur le front intérieur, Matteo Salvini doit aussi prendre en compte les difficultés croissantes de son alliance gouvernementale avec les antisystème du Mouvement 5 étoiles (M5S).

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