Amazonie Sept pays s'engagent à protéger l'Amazonie

ATS

7.9.2019 - 01:30

Le président bolivien Evo Morales, dont le pays est aussi affecté par des incendies, a assuré que «la terre mère est en danger de mort».
Le président bolivien Evo Morales, dont le pays est aussi affecté par des incendies, a assuré que «la terre mère est en danger de mort».
Source: KEYSTONE/AP/FERNANDO VERGARA

Sept des neuf pays qui se partagent l'Amazonie ont défini vendredi en Colombie des mesures de protection de la plus grande forêt tropicale du monde dévastée par des incendies. Ils ont signé un pacte visant à protéger la région.

La Colombie, le Pérou, l'Equateur, la Bolivie, le Brésil, le Surinam et le Guyana ont clos leur sommet présidentiel pour l'Amazonie à Leticia, en s'engageant à des «mesures concrètes». Seuls manquaient le Venezuela, qui n'avait pas été invité, et la France dont le territoire d'outre-mer de Guyane compte aussi une vaste superficie amazonienne.

«Nous signons un pacte, le pacte de Leticia, pour nous organiser, travailler de façon harmonieuse sur des objectifs communs [...] qui nous engagent et nous poussent à protéger notre Amazonie», a déclaré le président colombien Ivan Duque. Il avait convoqué cette réunion en urgence avec son homologue péruvien Martin Vizcarra.

Bolsonaro s'en prend à Macron

A l'ouverture du sommet, le chef d'Etat brésilien Jair Bolsonaro, dont le gouvernement a été sévèrement mis en cause par la communauté internationale pour sa gestion des graves incendies de ces dernières semaines, a appelé les pays à défendre leur souveraineté sur l'Amazonie, la jugeant «non négociable».

«Nous devons prendre une position ferme de défense de la souveraineté afin que chaque pays puisse sur son territoire développer la meilleure politique pour la région amazonienne et ne pas la laisser aux mains d'autres pays», a-t-il lancé, via vidéo-conférence depuis le Brésil.

La majeure partie de la forêt amazonienne (60%) se trouve au Brésil, le reste se répartissant entre la Colombie, la Bolivie, l'Equateur, le Guyana, le Pérou, le Surinam, le Venezuela et la Guyane française. Entre début janvier et le 5 septembre, 96'596 foyers d'incendie se sont déclarés au Brésil, dont 51,4% en Amazonie, selon l'institut d'observations spéciales (INPE).

M. Bolsonaro, qui ne s'était pas déplacé officiellement pour raisons médicales, s'en est, en outre, à nouveau pris au président français Emmanuel Macron: «Cette fureur internationale a seulement servi à ce que le chef d'une grande nation attaque le Brésil et mette en danger notre souveraineté».

Droits souverains inclus dans le pacte

D'extrême droite et climatosceptique, le chef de l'Etat brésilien a plusieurs fois exprimé son soutien à l'exploitation minière dans des réserves indigènes et des zones protégées. Le pacte signé vendredi inclut la demande de M. Bolsonaro, représenté à Leticia par son ministre des affaires étrangères, de réaffirmer «les droits souverains des pays de la région amazonienne sur leurs territoires et leurs ressources naturelles».

Il est nécessaire de «grouper les actions concrètes parce que la seule bonne volonté ne suffit plus. Nous demandons des actions pour le bien de l'Amazonie et de l'humanité», a pour sa part affirmé le président péruvien.

Le texte prévoit des actions conjointes pour la protection de la forêt et la prévention, ainsi que la coordination des pays pour lutter contre les causes de déforestation, telles que l'exploitation minière, le trafic de drogue et l'extension illégale de la frontière agricole.

Il recommande en outre la création d'un réseau amazonien de coopération pour faire face aux catastrophes naturelles, ainsi que pour mobiliser des ressources publiques comme privées afin de mettre en oeuvre les mesures qu'il édicte.

«La terre mère est en danger de mort»

Etaient également présents à Leticia les chefs d'Etat équatorien Lenin Moreno, bolivien Evo Morales, ainsi que le vice-président du Surinam, Ashwin Adhin. Le Guyana était représenté par son ministre des ressources naturelles, Raphael Trotman.

M. Morales, dont le pays est aussi affecté par des incendies avec 1,7 million d'hectares brûlés depuis mai, a assuré que «la terre mère est en danger de mort» à cause du changement climatique, les atteintes aux sources d'eau et la consommation «excessive».

Le sommet de Leticia pour l'Amazonie a coïncidé avec l'appel lancé vendredi depuis Paris par la directrice générale de l'UNESCO Audrey Azoulay pour «renforcer les outils» visant à protéger des biens communs de l'humanité.

«Les outils existent. La convention du patrimoine mondial ou bien le réseau des zones de biosphère de l'UNESCO sont des exemples. Ils permettent de concilier le respect de la souveraineté et la gestion coopérative de biens communs», a-t-elle déclaré, estimant que «la notion de biens communs [...] s'illustre dans des lieux comme l'Amazonie».

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