Proche-OrientSixième mois de guerre à Gaza, les médiateurs demandent une trêve
beko
7.3.2024 - 12:08
La guerre dans la bande de Gaza, qui a déjà fait plusieurs dizaines de milliers de morts, est entrée jeudi dans son sixième mois. Les médiateurs internationaux tentent de négocier une trêve dans le territoire palestinien assiégé et frappé par la famine.
Keystone-SDA, beko
07.03.2024, 12:08
07.03.2024, 12:25
ATS
Face au désastre humanitaire et au lourd bilan parmi la population civile, les Etats-Unis, le Qatar et l'Egypte espèrent arracher, sans succès jusqu'à présent, un accord sur une pause dans les combats avant le ramadan, le mois sacré du jeûne pour les musulmans, qui commence en début de semaine prochaine.
Les bombardements israéliens qui se poursuivent sans répit ont fait 83 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque d'une ampleur sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza dans le sud d'Israël, qui a coûté la vie à au moins 1'160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une campagne de bombardements doublée d'une offensive terrestre qui a fait jusqu'ici 30'800 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
«Cette horreur doit cesser»
Dans le petit territoire soumis par Israël à un siège total, 2,2 millions de personnes, selon l'ONU, soit l'immense majorité de la population, sont menacées de famine. La situation est particulièrement grave dans le nord, où les pillages, les combats et les destructions rendent presque impossible l'acheminement de l'aide humanitaire pour environ 300.000 habitants.
«Cette horreur doit cesser maintenant. Un cessez-le-feu humanitaire ne peut pas attendre», a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, mercredi sur le réseau social X.
L'aide humanitaire, soumise au feu vert d'Israël, n'entre qu'au compte-gouttes dans la bande de Gaza, principalement depuis l'Egypte, alors que les besoins sont immenses.
Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, ont redoublé de pressions ces derniers jours sur les deux camps tandis que la Chine a appelé jeudi à un «cessez-le-feu immédiat», qualifiant la guerre à Gaza de «honte pour la civilisation».
Depuis dimanche, une délégation du Hamas discute au Caire avec des représentants américains, égyptiens et qataris, mais sans présence israélienne, d'une possible trêve de six semaines.
Celle-ci serait associée à une libération d'otages enlevés le 7 octobre en échange de Palestiniens détenus par Israël, ainsi qu'à l'entrée d'une aide accrue dans le territoire palestinien.
Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 31 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre.
Mais le mouvement islamiste réclame, avant tout accord sur une libération des otages, un cessez-le-feu définitif, un retrait des troupes israéliennes de Gaza, la reconstruction du territoire et le retour dans leur foyer des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.
Israël rejette ces conditions et assure que son offensive se poursuivra jusqu'à l'élimination du Hamas.
Immenses destructions
Pour parvenir à la «victoire totale», Israël a annoncé préparer une offensive terrestre sur Rafah, une ville située à l'extrême sud de la bande de Gaza, contre la frontière fermée avec l'Egypte, où sont massés, selon l'ONU, près d'un million et demi de Palestiniens.
Selon des témoins, les combats se poursuivaient jeudi dans le nord, à Zeitun, un secteur de la ville de Gaza, et dans le sud à Al-Shouka, un village proche de Rafah, ainsi que dans la partie ouest de Khan Younès.
Selon les autorités du Hamas, les chars israéliens ont quitté cette semaine le centre de cette ville, laissant derrière eux d'immenses destructions après des semaines de combats.
Plus de 1'500 maisons et immeubles ainsi que des centaines de boutiques ont été «détruits ou très endommagés», a déclaré la Défense civile, ajoutant que les soldats avaient aussi détruit «tous les réseaux d'eau, d'égouts, d'électricité, de communication et routiers».
Plus de 30 frappes israéliennes ont visé jeudi Rafah et le quartier de Hamad à Khan Younès, ainsi que plusieurs secteurs du centre et du nord du territoire, a indiqué le service de presse du gouvernement du Hamas.
L'armée a annoncé «poursuivre ses opérations contre des infrastructures terroristes à Khan Younès et dans le centre de la bande de Gaza».
Morts silencieuses
Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 20 civils, des enfants pour la plupart, sont morts de malnutrition et de déshydratation.
«Nous pensons que des dizaines de personnes meurent silencieusement de faim sans avoir atteint les hôpitaux», a déclaré le porte-parole du ministère, Ashraf al-Qudra.
«Nous pouvons survivre sans nourriture pendant plusieurs heures, mais pas nos enfants», a confié à l'AFP un bénévole, Bassam Al-hou, lors d'une distribution de repas aux déplacés à Jabaliya, dans le nord de Gaza.
«Ils meurent et s'évanouissent dans les rues à cause de la faim. Que pouvons-nous faire?», a-t-il ajouté.
Face aux difficultés des approvisionnements terrestres, plusieurs pays parmi lesquels les Etats-Unis, la Jordanie et la France ont commencé à parachuter de l'aide sur le nord de Gaza, une solution jugée insuffisante et dangereuse par les organisations humanitaires.
La piste d'approvisionnements maritimes est également explorée. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, doit visiter vendredi le port de Larnaca à Chypre, le pays de l'UE géographiquement le plus proche de Gaza.
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit une nouvelle fois se réunir jeudi à huis clos pour discuter de la situation.