Solution à deux Etats Les Européens peinent à convaincre Israël

ATS

22.1.2024 - 20:54

Les Européens, Josep Borrell en tête, se sont heurtés lundi à Bruxelles au refus israélien d'envisager une solution à deux Etats. Ils jugent pourtant que celle-ci est indispensable pour aboutir à une paix durable.

Le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrell, s'adresse à la presse après la réunion du Conseil des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles, Belgique, 22 janvier 2024. Les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne (UE) se sont réunis pour discuter de questions telles que la situation au Moyen-Orient.
Le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères, Josep Borrell, s'adresse à la presse après la réunion du Conseil des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles, Belgique, 22 janvier 2024. Les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne (UE) se sont réunis pour discuter de questions telles que la situation au Moyen-Orient.
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«Ce que nous voulons est bâtir une solution à deux Etats. Parlons-en», a martelé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, lors d'une réunion des ministres européens des Affaires étrangères avec leur homologue israélien Israël Katz.

Interrogé par quelques journalistes, celui-ci a assuré de son côté qu'il était à Bruxelles pour s'assurer du soutien des Européens dans la guerre menée par son pays afin de «démanteler» le Hamas et obtenir la libération des otages que le mouvement islamiste palestinien détient encore.

M. Katz a montré deux vidéos aux ministres européens: l'une sur un projet d'île artificielle devant servir de port à Gaza et une autre concernant une ligne ferroviaire devant relier Israël à l'Inde. «Le ministre (israélien) aurait pu mieux profiter de son temps et se préoccuper de la sécurité de son pays et du nombre élevé de morts à Gaza», a réagi M. Borrell devant la presse, ne cachant pas son agacement.

«Les graines de la haine»

Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki, reçu dans l'après-midi, a insisté de son côté sur la nécessité d'obtenir au plus vite un cessez-le-feu à Gaza. «Nous ne pouvons pas être hésitants», a-t-il affirmé, appelant les Européens à «envisager des sanctions» face au refus des Israéliens de discuter d'une solution à deux Etats, seule issue possible pour une grande partie de la communauté internationale, dont les Etats-Unis.

«Quelles sont les autres solutions auxquelles ils pensent?», s'est interrogé M. Borrell. «Faire partir tous les Palestiniens? Les tuer?», a-t-il ajouté. Les Israéliens «sont en train de semer les graines de la haine pour des générations à venir», a encore dit M. Borrell, pour qui Israël ne peut construire la paix «seulement» par la guerre.

Le chef de la diplomatie européenne a indiqué avoir présenté aux ministres des 27 «une approche globale» pour aller vers une paix durable, reconnaissant toutefois que les Européens disposaient de peu de moyens de pression sur Israël.

Conférence préparatoire

Dans un document de travail remis aux 27 et dont l'AFP a obtenu une copie, M. Borrell préconise la tenue «au plus tôt» d'une conférence de paix «préparatoire» entre les Européens et plusieurs pays arabes, dont l'Arabie saoudite, l'Egypte et la Jordanie, à laquelle seraient invités les Etats-Unis.

Les ministres européens ont également rencontré, lors d'un déjeuner de travail, leurs homologues égyptien Sameh Choukry, saoudien Fayçal ben Farhane et jordanien Ayman Safadi, ainsi que le Secrétaire général de la Ligue Arabe Ahmed Aboul Gheit.

Les pays de l'UE sont inquiets du nombre de victimes civiles depuis l'attaque sans précédent lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, et ont appelé à plusieurs reprises à des trêves humanitaires.

«Beaucoup trop» de civils tués

Mais, très divisés, ils ne sont jusqu'à présent pas parvenus à aller au-delà, et à se mettre d'accord sur un appel à un cessez-le-feu, auquel certains pays, comme l'Allemagne, s'opposent, soulignant le droit d'Israël à se défendre.

Plusieurs pays ont dit qu'il y avait «beaucoup trop» de victimes civiles, a encore indiqué Josep Borrell. Mais «beaucoup trop, qu'est ce que ça veut dire? Pendant combien de temps tout cela va-t-il encore durer?», s'est-il interrogé.