Terrorisme Sommet anti-djihadistes à Ouagadougou

ATS

14.9.2019 - 22:45

Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a rappelé que «l'escalade de la violence a déclenché une crise humanitaire sans précédent» dans son pays.
Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a rappelé que «l'escalade de la violence a déclenché une crise humanitaire sans précédent» dans son pays.
Source: Compte Twitter du G5-Sahel

Un milliard de dollars sur quatre ans pour combattre le djihadisme: c'est la décision-phare du sommet extraordinaire «de lutte contre le terrorisme» de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui s'est tenu samedi à Ouagadougou.

«Les débats nous ont permis d'adopter des décisions très fortes (...) La conférence (élargie au Tchad et à la Mauritanie) a adopté un plan d'action et de mobilisation de ressources à hauteur de un milliard de dollars pour la lutte contre le terrorisme», a annoncé le président nigérien Mahamadou Issoufou à la clôture du sommet.

Le plan et son budget, qui fait appel uniquement à des ressources internes, seront présentés en décembre lors du prochain sommet de la Cédéao à Abuja. L'argent qui sera versé dans un «pot commun» servira notamment à «renforcer les capacités opérationnelles» des armées nationales ainsi que des forces conjointes» comme le G5 Sahel ou la Force multinationale mixte du Bassin du lac Tchad.

«Le G5 n'est pas mort»

«Le G5 est loin d'être mort. Le communiqué final (du sommet) montre bien le soutien de la Cédéao au G5 Sahel et à la force mixte du Bassin du Lac Tchad», a souligné M. Issoufou, président en exercice de la Cédéao, alors que de nombreux observateurs annonçaient «les funérailles» du G5 au cours du sommet de Ouagadougou.

Dès l'ouverture du sommet, le président de la commission de la Cédéao, Jean-Claude Brou, a planté le décor en évoquant les «2200 attaques ces quatre dernière années, les 11'500 morts, des milliers de blessés», «des millions de déplacés», une «activité économique considérablement affectée», des «conflits intercommunautaires exacerbés» au Sahel et une menace qui s'étend au Sud.

Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a souligné que «les menaces transcendent les frontières». «Aucun pays n'est à l'abri», rappelant que «l'escalade de la violence a déclenché une crise humanitaire sans précédent» au Sahel et que «des écoles et infrastructures de santé (ont été) fermées et des symboles de l'Etat détruits» dans son pays. Cette semaine, au moins une trentaine de Burkinabè ont été tués dans de nouvelles attaques dans le pays.

Montée en puissance

La force multinationale (Mauritanie, Mali, Burkina, Niger, Tchad), qui devait comprendre 5000 hommes, a été au centre des interrogations du sommet.

L'idée de cette force, poussée par la France, était de faire monter en puissance les armées régionales pour épauler, voire à terme remplacer l'armée française, qui conduit au Sahel l'opération Barkhane (4500 militaires) contre les djihadistes depuis 2014 dans le prolongement de l'intervention menée dans le Nord malien l'année précédente.

Or, les résultats du G5 sont pour le moment très minces, selon plusieurs analystes. «Quel est le résultat opérationnel du G5? Le peu qui a été décaissé (en sa faveur) a servi en frais de réunion, d'hôtels, de fonctionnement... Le G5 est presque à genoux», soulignait avant le sommet le chercheur Mahamadou Savadogo.

La mission de l'ONU au Mali (Minusma) et le G5-Sahel «ne suffisent pas. Nous devons trouver des moyens de coordination plus élargis et plus efficaces», avait estimé le président ivoirien Alassane Ouattara.

Mandat plus offensif

Dans les conclusions du sommet, la Cédéao réclame d'ailleurs aux Nations Unies «un mandat plus offensif de la Minusma», afin de lui «permettre de lutter contre le terrorisisme», a dit M. Issoufou

«La communauté internationale a des devoirs vis-à-vis du Sahel: c'est la communauté internationale qui est à la base de la crise libyenne, avait-il estimé. «La communauté internationale ne peut détourner le regard et doit assumer ses responsabilités».

La Cédeao va aussi solliciter la Banque mondiale et le FMI pour que les dépenses sécuritaires soient «considérées comme des investisssemts» et solliciter les bailleurs de fonds occidentaux et arabes pour mieux lutter contre le djihadisme.

La Cédéao ne veut pas qu'un réponse «militaire», jugée nécessaire mais pas suffisante. Celle-ci est «vaine sans un développement durable, inclusif et équitable», selon M. Kaboré.

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