Péninsule coréenne Sommet Russie-Corée du Nord à Vladivostok

ATS

25.4.2019 - 14:41

En pleine impasse diplomatique avec Washington, Kim Jong Un est venu chercher jeudi le soutien de Vladimir Poutine. Ce dernier a appelé à renoncer à «la loi du plus fort» pour régler la crise nucléaire.

Deux mois après le fiasco retentissant de sa rencontre avec Donald Trump à Hanoï, le dirigeant nord-coréen a assuré avoir passé cette fois un «très bon moment» à Vladivostok. «Je suis content du résultat: Kim Jong Un est quelqu'un d'assez ouvert, prêt à parler de tout», s'est félicité M. Poutine devant la presse à la fin de la rencontre.

Accueilli par une longue poignée de main, le dirigeant nord-coréen a passé au total cinq heures avec le président russe: deux heures de tête-à-tête suivies de pourparlers entre délégations puis d'un dîner. C'était le premier sommet à ce niveau entre les deux pays depuis 2011. La Russie était restée jusqu'à présent à l'écart de la spectaculaire détente observée sur la péninsule coréenne depuis début 2018.

Des garanties à Pyongyang

En fin de rencontre, le président russe s'est dit favorable comme les Etats-Unis à une «dénucléarisation totale». Il a jugé un règlement «possible», à condition de faire «des premiers pas» et d'offrir à Pyongyang des «garanties de sécurité et de souveraineté» de la communauté internationale.

«Le plus important est de restaurer (...) la force du droit international et de revenir à une situation où le droit international, et non pas le droit du plus fort, détermine le cours des affaires dans le monde», a-t-il plaidé.

Moscou prône un dialogue avec Pyongyang sur la base d'une feuille de route définie par la Chine et la Russie. Cette dernière a déjà demandé la levée des sanctions internationales, tandis que les Etats-Unis l'ont accusée d'aider Pyongyang à les contourner.

Un victoire pour Kim

Si, sur le fond, le premier sommet entre Kim et le président Poutine semble avoir été plutôt pauvre, sa tenue constitue en soi une victoire pour le dirigeant nord-coréen. «Ce sommet a été affaire de symbolique diplomatique plus que de coopération réelle, mais la réunion est en soi une victoire pour M. Kim», estime Shin Beom-chul, de l'Institut Asan des études politiques.

Pour des experts du dossier nord-coréen, ce sommet constitue le dernier exemple de la stratégie diplomatique d'un régime qui cherche à se dédiaboliser. Kim Jong Un a hérité du pouvoir fin 2011. Pendant les six premières années de son «règne», la Corée du Nord était restée un Etat paria et son leader ne sortait pas des frontières de son pays.

Mais depuis mars 2018, M. Kim a rencontré quatre fois le président chinois Xi Jinping, trois fois le président sud-coréen Moon Jae-in, deux fois M. Trump, une fois le président vietnamien, Nguyen Phu Trong, et une fois le Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong.

Nouvelle offre US?

Lors de son second sommet avec M. Trump, en février, Kim Jong Un avait cherché à obtenir un allègement immédiat des sanctions internationales. Mais les discussions avaient été écourtées, vraisemblablement en raison du peu de concessions que Pyongyang semblait disposé à faire.

Selon Koo Kab-woo, professeur à l'Université des études nord-coréennes, la Corée du Nord attend de Washington qu'elle revienne à la table des négociations avec une meilleure offre.

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