Affaire WikiLeaks Julian Assange n'aura pas la liberté qu'il réclamait

ATS

6.1.2021 - 12:27

Deux jours après que la justice britannique a refusé de l'extrader vers les Etats-Unis, le fondateur de Wikileaks Julian Assange demandait mercredi sa remise en liberté. Mais la détention est maintenue en attendant l'appel des autorités américaines.

La justice britannique a décidé mercredi de maintenir en détention le fondateur de Wikileaks Julian Assange en attendant que soit examiné l'appel formé par les Etats-Unis contre le refus de son extradition.

La juge Vanessa Baraitser a estimé qu'il existe «des motifs sérieux de croire que si M. Assange était libéré aujourd'hui, il ne se rendrait pas au tribunal pour faire face à la procédure de recours».

L'audience s'est ouverte ce matin à la Westminster Magistrates Court de Londres. Transféré depuis la prison de haute sécurité de Belmarsh où il est détenu, Julian Assange est apparu en costume sombre, masque sur le visage.

L'accusation a mis en évidence que Julian Assange a les «ressources» de prendre la fuite. Elle a mis en avant l'offre d'asile politique faite par le Mexique.

La justice britannique doit se prononcer sur la remise en liberté du fondateur de Wikileaks Julian Assange.
La justice britannique doit se prononcer sur la remise en liberté du fondateur de Wikileaks Julian Assange.
ATS

Réclamé par la justice américaine qui veut le juger pour la diffusion de centaines de milliers de documents confidentiels, l'Australien de 49 ans, poursuivi notamment pour espionnage, a remporté lundi une première victoire.

Invoquant le risque de suicide du fondateur de WikiLeaks dans le système carcéral américain, la juge britannique Vanessa Baraitser a refusé son extradition vers les Etats-Unis.

Demandes de remise en liberté toujours refusées

Dans la foulée de la décision, les autorités américaines ont notifié au tribunal leur intention de faire appel. Mais en attendant la suite de la procédure, la justice britannique devait statuer sur la remise en liberté ou le maintien en détention de Julian Assange à Belmarsh, à l'est de Londres. Jusqu'alors, toutes ses demandes de libération ont été refusées.

Julian Assange a été arrêté par la police britannique en avril 2019 après avoir passé sept ans reclus à l'ambassade d'Equateur à Londres, où il s'était réfugié alors qu'il était en liberté sous caution. Il craignait une extradition vers les Etats-Unis ou la Suède, où il a fait l'objet de poursuites pour viol qui ont depuis été abandonnées.

L'Australien, soutenu par nombre d'organisations de défense de la liberté de la presse, risque aux Etats-Unis 175 ans de prison pour avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700'000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan.

Les Etats-Unis lui reprochent d'avoir mis en danger des sources des services américains, accusation qu'il conteste. Parmi les documents publiés figurait une vidéo montrant des civils tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007, dont deux journalistes de l'agence Reuters.

Risque de suicide «très élevé»

Pendant l'audience, qui s'est déroulée sur cinq semaines en février et en septembre, un psychiatre ayant examiné Assange avait évoqué un risque de suicide «très élevé» s'il devait être extradé vers les Etats-Unis. Ses avocats avaient dénoncé une procédure «politique» fondée sur des «mensonges».

Si la juge britannique a rejeté les arguments relevant de la défense de la liberté d'expression, elle a estimé que «les procédures décrites par les Etats-Unis ne vont pas l'empêcher de se suicider». Elle a donc refusé l'extradition «pour des raisons de santé mentale».

Dans sa décision, la magistrate a relevé «des preuves insuffisantes de pressions de l'administration Trump sur les procureurs» et «peu ou pas de preuves évoquant une hostilité» du président américain sortant «envers M. Assange ou WikiLeaks».

Elle a estimé aussi que l'accord passé par Assange avec des groupes de hackers pour obtenir des documents l'a «fait aller au-delà du rôle lié au journalisme d'investigation».

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