La pandémie liée au coronavirus aura eu raison du partenariat entre SOS Méditerranée et Médecins Sans Frontières (MSF) pour le sauvetage de migrants en mer. Des divergences sur la reprise des opérations ont provoqué cette séparation.
Vendredi, SOS Méditerranée a affirmé à Genève que MSF l'avait informé la semaine dernière de sa volonté de ne plus poursuivre ce partenariat. Depuis 2016, les deux organisations ont sauvé plus de 30'000 personnes.
MSF estime que l'impératif humanitaire doit l'emporter sur toute décision liée à la reprise des activités en mer. «Nous ne pouvons pas rester à quai avec un navire de recherche et sauvetage entièrement équipé alors que les gens continuent de fuir la Libye et risquent de se noyer», explique la responsable des opérations de l'ONG Annemarie Loof. SOS Méditerranée voulait des garanties d'accès à des ports de débarquement avant toute reprise.
Ces dernières années, les navires affrétés par les ONG ont été empêchés à plusieurs reprises de débarquer pendant plusieurs jours, notamment par l'ancien gouvernement italien. Une situation qui se répète avec la pandémie. Malte et l'Italie ont refusé récemment un port de débarquement sûr à environ 200 migrants sur deux embarcations d'ONG.
Depuis dix jours, plus de 1000 personnes auraient fui la Libye par la mer. MSF cible aussi le dispositif aérien européen qui a pu observer la situation, sans réaction. L'ONG demande aux gouvernements de «lever immédiatement les obstacles» au sauvetage en mer. Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 12 personnes sont décédées ou ont été portées disparues depuis une semaine.
Demande de dialogue
Mme Loof cible une réaction «disproprotionnée» de certains pays. La protection de leurs citoyens à terre face à la pandémie n'est pas incompatible avec le sauvetage en mer, dit-elle. L'OIM s'est aussi alarmée vendredi de l'absence d'indications sur où se trouvent plus de 1600 migrants refoulés vers la Libye depuis le début de l'année.
SOS Méditerranée se dit elle «triste» de la fin du partenariat avec MSF. Membre du conseil de la section suisse de l'ONG, l'ancien conseiller aux Etats Dick Marty explique que l'organisation «n'a pas souhaité se placer en position de devoir forcer des eaux territoriales». «Nous devons maintenant poursuivre les négociations et trouver le meilleur compromis pour pouvoir retourner en mer le plus rapidement possible», dit-il.
Le devoir de secourir les personnes en mer «doit être rempli avec le même sens de la solidarité et des soins» que celui dont ont fait preuve les gouvernements chez eux, explique de son côté la directrice générale Caroline Abu Sa'da. Elle appelle les Etats au dialogue.
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