Syrie Syrie: accord russo-turc «temporaire»

ATS

24.10.2019 - 18:49

L'émissaire de l'ONU Geir Pedersen estime que l'accord russo-turc après l'offensive turque liée au retrait américain du nord-est de la Syrie ne peut devenir permanent et souhaite que la réunion de Genève permette une solution durable sur cette question (archives).
L'émissaire de l'ONU Geir Pedersen estime que l'accord russo-turc après l'offensive turque liée au retrait américain du nord-est de la Syrie ne peut devenir permanent et souhaite que la réunion de Genève permette une solution durable sur cette question (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/GAILAN HAJI

L'émissaire de l'ONU sur la Syrie Geir Pedersen estime que l'accord russo-turc dans le nord-est du pays ne peut être que «temporaire». Il souhaite que la première réunion du Comité constitutionnel la semaine prochaine à Genève contribue à améliorer cette situation.

«J'espère que le cessez-le-feu négocié par la Russie et la Turquie tiendra. C'est le plus important», affirme dans un entretien accordé jeudi à Keystone-ATS l'émissaire. Selon lui, les patrouilles communes entre ces acteurs dans la zone frontalière du nord de la Syrie «devraient être temporaires». «Et il n'y a aucun désaccord là-dessus», affirme le Norvégien.

Environ 300'000 personnes ont été déplacées en raison de l'offensive turque contre les milices kurdes, qui ont lutté contre l'Etat islamique (EI), lancée il y a deux semaines après le retrait militaire américain du nord-est du pays. Certaines commenceraient à revenir.

L'ONU suit l'application de l'accord russo-turc «étroitement», même si elle n'a pas été associée aux discussions. M. Pedersen souhaite que la réunion du Comité constitutionnel permette de trouver «une solution plus permanente pour le nord-est du pays». Mais également pour la région d'Idleb, où se trouvent plusieurs millions de civils, toujours confrontée à des violences et pour le reste du pays.

Le Norvégien relève le besoin d'établir des mesures de confiance entre Syriens mais aussi entre ce pays et ses voisins. Il reste persuadé que le Comité constitutionnel peut aboutir à terme à cessez-le-feu sur l'ensemble du territoire. «C'est une opportunité historique» qui doit s'accompagner de davantage de libérations de détenus, insiste le Norvégien.

Manifestants à Genève

«C'est la première fois» en huit ans et demi de conflit que le gouvernement et l'opposition «ont trouvé un accord», insiste-t-il. A aucun moment M. Pedersen n'a douté du maintien mercredi prochain de la première réunion. Comme le souhaite le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, «le processus politique doit être protégé des développements négatifs sur le terrain», précise l'émissaire.

Aussi bien le gouvernement que l'opposition et la société civile «le comprennent». Chacun de ces blocs sera doté de 50 membres à la réunion qui démarre mercredi. La discussion sera coprésidée par Ahmad Kuzbari pour le régime et Hadi Albahra pour les opposants. Un comité de 45 personnes sera ensuite chargé de réviser la Constitution en d'en préparer une nouvelle.

L'absence de représentants des Forces démocratiques syriennes (FDS), composante militaire des Kurdes dans le nord-est, après des pressions turques a été largement critiquée. «Il y a beaucoup de choses à dire», se contente de préciser M. Pedersen qui ajoute toutefois que des Kurdes feront malgré tout partie de chacun des blocs.

De leur côté, les Kurdes en Syrie sont favorables au plan allemand visant à créer une «zone de sécurité» sous contrôle international dans le nord du pays, a affirmé jeudi le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS). «Il existe un projet (...) visant à déployer une force internationale dans la zone de sécurité. Nous le réclamons et l'acceptons», a affirmé Mazloum Abdi à des journalistes dans la ville de Qamichli (nord-est). Le projet devait être discuté jeudi lors d'une réunion ministérielle de l'OTAN à Bruxelles.

Jeudi, les Kurdes de Suisse se sont à nouveau réunis sur la Place des Nations pour rendre hommage cette fois-ci à leur jeune concitoyen qui s'est immolé par le feu la veille devant le siège du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Sur le fond, M. Pedersen n'affiche pas d'attente détaillée sur la réunion de mercredi tant le processus doit être désormais celui des Syriens. Il souhaite surtout que ceux-ci honorent ce format et en appelle à leur responsabilité pour la future Syrie.

Remerciement pour la Suisse

Quelques jours après avoir rencontré le conseiller fédéral Ignazio Cassis, le Norvégien remercie aussi la Suisse, active notamment au travers du mécanisme de soutien à la société civile syrienne à Genève.

«J'ai des attentes élevées» sur les représentants de celle-ci à la réunion de mercredi prochain pour faire lien entre les groupes, dit M. Pedersen. «Mais j'ai les mêmes attentes par rapport au gouvernement et à l'opposition», ajoute-t-il. Et en cas d'absence de consensus, un système de vote a été prévu avec trois quarts des voix requises pour éviter que deux blocs suffisent à faire approuver un projet de Constitution au terme de ces discussions.

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