Diplomatie Taïwan détecte trois navires de guerre et un hélicoptère chinois

beko

6.4.2023 - 07:10

Taïwan a détecté jeudi matin trois navires de guerre et un hélicoptère chinois près de l'île, après la rencontre entre sa présidente Tsai Ing-wen et le président de la chambre américaine des représentants. Avant même l'entrevue, Pékin avait lancé des mises en garde.

La présidente de Taïwan, issue d'un parti qui milite traditionnellement pour l'indépendance de l'île, s'est entretenue mercredi avec le président de la chambre des représentants Kevin McCarthy à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan de Simi Valley, près de Los Angeles.
La présidente de Taïwan, issue d'un parti qui milite traditionnellement pour l'indépendance de l'île, s'est entretenue mercredi avec le président de la chambre des représentants Kevin McCarthy à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan de Simi Valley, près de Los Angeles.
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Keystone-SDA, beko

«Un appareil de l'armée populaire de libération et trois vaisseaux de la marine de l'armée populaire de libération ont été détectés à 06h00» locales (mercredi minuit en Suisse), a annoncé le ministre taïwanais de la défense dans un communiqué.

«Les forces armées ont surveillé la situation et ont chargé un appareil de la patrouille aérienne de combat, les navires de la marine et les systèmes de missiles terrestres de répondre à ces activités», a-t-il ajouté.

La présidente de Taïwan, issue d'un parti qui milite traditionnellement pour l'indépendance de l'île, s'est entretenue mercredi avec le président de la chambre des représentants Kevin McCarthy à la bibliothèque présidentielle Ronald Reagan de Simi Valley, près de Los Angeles, malgré les menaces répétées de ripostes émises par Pékin ces dernières semaines.

«Mesures déterminées et efficaces»

La Chine avait lancé des manoeuvres militaires sans précédent autour de Taïwan en août dernier, lorsque la démocrate Nancy Pelosi, prédécesseure de M. McCarthy au perchoir, s'était rendue à Taïwan.

Après la rencontre de mercredi, Pékin a promis «des mesures déterminées et efficaces pour sauvegarder sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale». Le ministère des affaires étrangères chinois a comparé la rencontre entre Mme Tsai et M. McCarthy sur le sol américain à des «actes de collusion gravement erronés» entre les Etats-Unis et Taïwan.

Cette annonce intervient alors que le président français Emmanuel Macron se trouve en visite d'Etat à Pékin, où il doit rencontrer jeudi son homologue chinois Xi Jinping.

Le conseil des affaires continentales de Taïpei (MAC), l'organe suprême de l'île autonome chargé de définir la politique à l'égard de la Chine, a accusé mercredi Pékin d'"entraver» le commerce dans le détroit de Taïwan en procédant à des inspections sur place des cargos et des navires de transport de passagers.

«Soutien indéfectible»

Les autorités maritimes chinoises avaient précédemment déclaré qu'elles intensifiaient leurs patrouilles dans les eaux séparant l'île de la Chine continentale, sans donner plus de détails.

«L'action de la partie chinoise aggrave délibérément les tensions entre les deux rives du détroit», a déclaré le MAC. «Il s'agit d'une violation flagrante de l'accord de transport maritime entre les deux rives du détroit et des pratiques maritimes, qui aura un impact négatif important sur le trafic normal entre les deux rives», selon Taïwan.

Lors de la rencontre, mercredi en Californie, la présidente Tsai Ing-wen a salué le «soutien indéfectible» des Etats-Unis à son île autonome. Dans ce contexte inflammable, le dirigeant républicain a adopté un ton prudent après la rencontre. Le troisième personnage de l'Etat américain a assuré que la relation entre Taïpei et Washington était «plus forte» qu'elle ne l'a jamais été.

L'élu de Californie était entouré d'un grand groupe de parlementaires, républicains comme démocrates, pour recevoir la présidente taïwanaise, qui était en «transit» après une tournée en Amérique latine.

Ambiguïté stratégique

La Chine considère que l'île démocratique et autonome de Taïwan est une de ses provinces à reprendre, en privilégiant une «réunification pacifique», mais sans exclure d'employer la force. Au nom de son principe d'"une seule Chine», aucun pays n'est censé entretenir de liens officiels avec Pékin et Taipei en même temps.

Seuls 13 Etats reconnaissent encore Taïwan, dont le Belize et le Guatemala, pays d'Amérique latine que Mme Tsai a visités ces derniers jours pour cimenter la relation avec ses rares alliés officiels, après une première étape à New York.

Mais les Etats-Unis entretiennent de longue date une «ambiguïté stratégique» sur la question taïwanaise. Washington reconnaît Pékin depuis 1979, mais reste l'allié le plus puissant de Taïwan ainsi que son principal fournisseur d'armes. Sous le mandat de Tsai Ing-wen, Taïwan s'est rapproché des Etats-Unis.

M. McCarthy a également appelé à «continuer les ventes d'armes à Taïwan», qui sont selon lui le «meilleur moyen» d'empêcher une invasion chinoise de l'île. «C'est une leçon essentielle que nous avons tirée de l'Ukraine, à savoir que l'idée de simples sanctions à l'avenir n'arrêtera personne», a-t-il insisté devant la presse.