La cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam, cible depuis plus de trois mois des manifestants pro-démocratie, a affronté jeudi soir les critiques de 150 personnes lors d'une réunion publique. Elle avait été organisée pour renouer le contact avec la population.
L'ex-colonie britannique traverse depuis juin sa crise la plus grave depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, avec des actions quasi quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés et les ingérences grandissantes de Pékin.
Cette «session de dialogue» est la première tentative réelle de la cheffe de l'exécutif aligné sur Pékin pour rencontrer ses détracteurs alors que les manifestations ont souvent dégénéré en violents affrontements entre radicaux et forces de l'ordre.
Pendant plus de deux heures, Mme Lam a répondu aux questions et à la colère des participants. «La plus grande responsabilité (de la crise) me revient, je ne me déroberai pas», a-t-elle déclaré. Plus de 20'000 personnes avaient postulé pour participer à la rencontre. 150 ont été tirées au sort et priées de laisser à l'entrée tout objet associé aux manifestations, qu'il s'agisse de parapluies, casques, masques à gaz ou banderoles.
Ambiance cordiale
L'atmosphère est restée cordiale mais Mme Lam a dû affronter de vives critiques, et plusieurs participants ont réclamé la mise en place d'une commission d'enquête indépendante sur les allégations de brutalités policières. «Tout le monde a perdu confiance dans la police», a lancé une femme.
D'autres participants ont appelé au suffrage universel pour élire le chef de l'exécutif, actuellement choisi par un comité pro-Pékin. «Vous dites que vous voulez écouter les gens, mais cela fait trois mois que les gens s'expriment», a déclaré un autre auditeur.
A l'extérieur du gymnase, des milliers de personnes s'étaient massées et chantaient des slogans sous la surveillance de la police anti-émeutes. Des centaines d'élèves du secondaire ont par ailleurs formé une chaîne humaine dans une rue à proximité. «Ce dialogue intervient trop tard», a déploré un étudiant de 17 ans se faisant appeler Chu.
Mince marge de manoeuvre
La mobilisation est partie en juin du rejet d'un projet de loi qui prévoyait d'autoriser les extraditions vers la Chine continentale. Un texte que les manifestants dénonçaient comme une violation du principe «Un pays, deux systèmes» qui avait présidé à la rétrocession.
Face au tollé populaire, Mme Lam a finalement annoncé au début du mois l'abandon du projet de loi. Mais elle a exclu toute concession supplémentaire aux manifestants qui demandent notamment une enquête indépendante sur le comportement de la police coupable, selon eux, d'actes de brutalité. Ils réclament aussi une amnistie pour les 1500 manifestants arrêtés ou encore l'avènement d'un véritable suffrage universel.
Mercredi, un des plus hauts représentants de Pékin à Hong Kong a vu dans ces revendications un «chantage politique», ce qui laisse penser que Mme Lam n'a en fait que peu de marge de manoeuvre pour désamorcer la crise.
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