Présidentielle française Tentatives pour relancer la cote de Zemmour et Mélenchon

ATS

6.3.2022 - 20:38

Marion Maréchal a officialisé dimanche son ralliement à Eric Zemmour quand Jean-Luc Mélenchon a appelé lors d'un meeting en plein air à Lyon à des «alliances altermondialistes» hors de l'Otan, deux démonstrations de force pour tenter de relancer les campagnes des deux candidats malmenés depuis le début de la guerre en Ukraine.

Une affiche du candidat présidentiel d'extrême gauche Jean-Luc Mélenchon est dégradée par des autocollants du candidat présidentiel d'extrême droite Eric Zemmour à Urrugne, dans le sud-ouest de la France, mercredi 23 février.
Une affiche du candidat présidentiel d'extrême gauche Jean-Luc Mélenchon est dégradée par des autocollants du candidat présidentiel d'extrême droite Eric Zemmour à Urrugne, dans le sud-ouest de la France, mercredi 23 février.
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Keystone-SDA

«J'ai la certitude que la recomposition politique va advenir, je crois de nouveau la victoire possible», a lancé l'ancienne députée FN (devenu RN) de Vaucluse, âgée de 32 ans. La nièce de Marine Le Pen s'est fait longuement applaudir par les 8000 supporters de M. Zemmour en faisant l'éloge de la France «fille aînée de l'Eglise».

Dans la matinée, au gré des stands d'un marché provençal du quartier du Mourillon, le candidat Reconquête! a promis d'"arriver bientôt» au pouvoir à des supporteurs qui lui criaient leur impatience.

Devant le bar «L'amalgame», verre de rosé à la main après avoir enchaîné olives, fraises et clémentines, il a surtout tenu à relativiser une baisse sondagière persistante, en considérant que les études étaient «très variées», alors qu'une passante confiait apprécier «son franc-parler» malgré «des idées un peu raides».

Présenté comme un «tournant» de sa campagne, le ralliement de Mme Maréchal, dont la prise de parole suivait celle de Stéphane Ravier (ex-RN) et Guillaume Peltier (ex-LR), devait illustrer «l'union des droites».

«Nous nous connaissons depuis si longtemps et j'ai toujours eu l'intuition qu'un jour nous allions nous battre ensemble pour la France: je ne savais pas quand, je ne savais pas comment, mais je savais que cela arriverait», a ainsi remercié Eric Zemmour en préambule de son discours dans une adresse à «(sa) chère Marion».

«L'union des droites?», a interrogé dimanche matin sur FranceInfo le directeur de la communication de Valérie Pécresse, Geoffroy Didier. «Pour l'instant, Éric Zemmour parvient à une seule chose: c'est à la fusion des extrêmes droites», a-t-il ironisé à propos de Mme Maréchal: «Si jeune et déjà infidèle... C'est triste».

Zemmour et l'oligarque

Pour Marine Le Pen, le coup est dur, elle qui rappelle avoir «élevé» Marion Maréchal, 32 ans, «pendant les premières années de sa vie», en insistant sur «l'aspect personnel» de cette trahison annoncée, «brutale, violente».

Celle qui brigue pour la troisième fois l'Élysée renvoie sa nièce à ses déclarations de l'automne, lorsqu'elle jurait qu'elle soutiendrait «le mieux placé» à l'extrême droite. Or Marine Le Pen devance dans tous les sondages l'ancien journaliste du Figaro.

Le soutien de Mme Maréchal peut-il permettre à l'ancien polémiste d'inverser les courbes, alors qu'Eric Zemmour peine à se désembourber d'une séquence compliquée sur le conflit en Ukraine?

Critiqué pour son tropisme pro-russe d'autrefois, il a été à nouveau mis en difficulté ce week-end après la révélation par Le Monde et le JDD de liens avec l'ex-président de la Compagnie des chemins de fer russes Vladimir Iakounine.

L'entourage de M. Zemmour a d'abord contesté, puis finalement admis, que le candidat avait déjeuné avec l'influent oligarque en 2015, avant une nouvelle entrevue l'année suivante, en évoquant de «simples rencontres».

Son souhait que les réfugiés ukrainiens soient accueillis en Pologne plutôt qu'en France a également suscité une «discussion» au sein de son équipe de campagne, même s'«il n'y a pas de divergences de fond», souligne un cadre, mais «sur la forme, ça aurait pu être un peu plus arrondi».

«Robots playmobil»

De l'autre côté de l'échiquier, Jean-Luc Mélenchon, en tête dans les intentions de vote parmi les candidats de gauche, veut lui aussi faire oublier ses déclarations jugeant impossible l'attaque russe contre l'Ukraine. Une «erreur», a-t-il lui-même reconnu.

Ses concurrents écologiste Yannick Jadot et socialiste Anne Hidalgo, présents à la grande manifestation parisienne de samedi pour l'Ukraine, lui ont attribué des complaisances vis-à-vis de Vladimir Poutine et critiqué son opposition à la livraison d'armes aux Ukrainiens.

Devant 15'000 personnes, en plein air dans le quartier lyonnais de la Croix-Rousse, le candidat a redonné sa position de «non-aligné» sur la guerre en Ukraine en fustigeant l'Otan, «organisation inutile qui provoque des tensions», et en appelant à des «alliances altermondialistes» pour prévenir les conflits et agir contre le changement climatique.

Sur l'esplanade lyonnaise du Gros caillou, l'objectif était de renouer avec les images spectaculaires des meetings en plein air du candidat en 2017, qualifiées de «démonstrations de force» par l'Insoumis en chef. Dimanche, les organisateurs ont revendiqué 15'000 participants.

Pour chacun des candidats, le président sortant et la macronie demeurent la principale cible. La République en marche? Une «secte» de «robots playmobil», selon M. Mélenchon, quand Mme Maréchal estime que le chef de l'Etat est un «président diviseur» qui «ouvre la voie à la lutte des races».