BirmanieTollé mondial au lendemain de la journée la plus sanglante
ATS
28.3.2021 - 14:27
Les manifestants sont descendus dans la rue dimanche en Birmanie au lendemain de la journée de répression la plus sanglante depuis le coup d'Etat du 1er février. Elle a fait au moins 107 morts dont sept enfants, des violences fermement condamnées par la communauté internationale.
28.03.2021, 14:27
ATS
Les militants pour le rétablissement de la démocratie avaient appelé à de nouvelles manifestations samedi, jour où l'armée organise tous les ans un gigantesque défilé devant son chef, désormais à la tête de la junte, le général Min Aung Hlaing. Avec sa femme, ce dernier a diverti des dignitaires samedi soir, dont le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomine, lors d'un somptueux dîner en plein air à Naypyidaw.
Le journal officiel The Mirror a rapporté qu'un concert avait été donné ainsi qu'un spectacle de drones représentant Min Aung Hlaing en train de saluer.
«Actions honteuses, lâches et brutales»
Les Nations Unies ont estimé le nombre de morts de samedi à 107 personnes – dont sept enfants – mais s'attendent à ce que ce bilan augmente encore. Les médias locaux font état de 114 morts. Un précédent bilan faisait état d'au moins 90 morts.
«Les actions honteuses, lâches et brutales de l'armée et de la police – qui ont été filmées en train de tirer sur des manifestants alors qu'ils fuyaient et qui n'ont même pas épargné les jeunes enfants – doivent être immédiatement stoppées», ont déclaré deux hautes responsables de l'ONU, Michelle Bachelet et Alice Wairimu Nderitu, dans une déclaration commune.
Le nombre de morts depuis le coup d'Etat du 1er février est passé à au moins 423, selon l'AAPP, une ONG locale qui recense le nombre des morts depuis le putsch.
Blinken «horrifié»
Dimanche, les Birmans sont une nouvelle fois descendus dans les rues de Rangoun et d'autres villes pour réclamer le retour à la démocratie, et de nombreuses funérailles devaient avoir lieu à travers le pays, qui se remet de sa journée la plus sanglante depuis le putsch.
Les chefs des forces de défense de 12 pays, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon et l'Allemagne, ont condamné dans la nuit de samedi à dimanche l'utilisation de la force par l'armée birmane contre des civils «non armés». «Une armée professionnelle suit les normes internationales de conduite et a la responsabilité de protéger le peuple qu'elle sert, non de lui nuire», indiquent-ils dans un rare communiqué conjoint.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken s'est dit «horrifié» par la «terreur» que font régner les militaires birmans. Son homologue britannique Dominic Raab a estimé que la junte avait franchi un «nouveau palier» dans la répression.
L'ambassade américaine à Rangoun a demandé à ses citoyens de limiter leurs mouvements dimanche, les appelant à la «prudence» s'ils devaient voyager. Le centre culturel américain de Rangoun a été la cible de coups de feu samedi.
L'armée a utilisé des balles réelles dans plus de 40 cantons de neuf régions, y compris à Rangoun, la plus grande ville du pays, selon l'AAPP.
Premiers raids aériens depuis 20 ans
«Les forces de la junte ont tiré à l'arme automatique sur les zones résidentielles, tuant de nombreux civils, dont six enfants entre dix et seize ans», a déclaré l'ONG. «Le fait que le régime militaire illégitime vise les enfants est un acte d'inhumanité grave».
Parallèlement, un groupe de rebelles armés de la minorité ethnique des Karens, l'Union nationale karen, a affirmé avoir été bombardé par des chasseurs de la junte dans l'est samedi, quelques heures après que le groupe rebelle s'est emparé d'une base militaire. Hsa Moo, de l'ethnie karen et militante des droits de l'homme, a déclaré à l'AFP que trois personnes avaient été tuées et au moins huit blessées.
Il s'agit de la première attaque aérienne dans cet Etat depuis 20 ans. La cible, la cinquième brigade de l'Union nationale karen (KNU), est l'un des plus grands groupes armés du pays et affirme représenter le peuple karen.
De nouvelles frappes aériennes dimanche ont poussé 2000 personnes de deux villages de l'Etat de Karen à traverser la frontière thaïlandaise pour se mettre à l'abri, selon Hsa Moo.