Trêve à GazaNégociateurs américain et israélien attendus au Caire
beko
6.4.2024 - 17:57
Les négociateurs américain, israélien et du Hamas sont attendus au Caire ce week-end pour une énième tentative de parvenir à une trêve associée à une libération d'otages dans la bande de Gaza. La guerre entre dimanche dans son 7e mois.
Keystone-SDA, beko
06.04.2024, 17:57
06.04.2024, 18:28
ATS
Déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante sans précédent du Hamas en Israël, l'offensive militaire israélienne ne connaît aucun répit. Elle a fait jusque-là plus de 33'100 morts, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien, et provoqué un désastre humanitaire avec la majorité des 2,4 millions d'habitants menacés de famine d'après l'ONU.
D'après des médias américains, le chef de la CIA, Bill Burns, se rend au Caire pour rencontrer le chef du Mossad israélien, David Barnea, ainsi que des responsables égyptiens et qataris. La Maison-Blanche a confirmé des pourparlers ce week-end.
Chaque partie pose ses conditions
Le président américain Joe Biden, qui perd patience face à la conduite de la guerre par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a appelé ce dernier «à conclure un accord sur les otages» israéliens enlevés pendant l'attaque du Hamas.
Mais il a aussi demandé au Qatar et à l'Egypte, les médiateurs avec les Etats-Unis, «d'obtenir du Hamas qu'il s'engage à accepter un accord», a dit un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat. Selon lui, «il y aurait aujourd'hui un cessez-le-feu à Gaza si le Hamas avait accepté de libérer la catégorie vulnérable d'otages – les malades, les blessés, les personnes âgées et les jeunes femmes».
Mais le Hamas a affirmé samedi qu'il «ne renoncera pas à ses exigences» pour une trêve sans mentionner dans le détail les libérations d'otages. Dans un communiqué annonçant le départ d'une délégation du mouvement dimanche au Caire, il a cité ses «exigences», à savoir «un cessez-le-feu complet, un retrait des forces d'occupation de Gaza, un retour des déplacés, une liberté de mouvement et des aides (à la population) et un sérieux accord d'échange d'otages» et de prisonniers palestiniens.
Le corps d'un otage récupéré
Après une première et dernière trêve d'une semaine fin novembre qui a permis la libération d'une centaine d'otages en échange de Palestiniens incarcérés par Israël, plusieurs séries de négociations indirectes entre les protagonistes, via les médiateurs internationaux, ont eu lieu. Sans résultat.
Israël et le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, se renvoient la responsabilité du blocage. Le gouvernement israélien se dit déterminé à poursuivre la guerre jusqu'à «l'élimination du Hamas», considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1170 personnes en Israël, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens. Plus de 250 personnes ont été enlevées pendant l'attaque et emmenées à Gaza où 129 sont toujours détenues, parmi lesquelles plus de 30 sont mortes selon l'armée.
Samedi, l'armée a annoncé avoir récupéré dans la nuit à Khan Younès (sud) le corps de l'otage Elad Katzir, enlevé au kibboutz Nir Oz. Il a, selon elle, «été tué en captivité par l'organisation terroriste Djihad islamique» qui a participé à l'attaque du 7 octobre. Pour sa soeur, Carmit Palty Katzir, le libérer en vie «aurait pu être possible si un accord sur les otages avait été réalisé à temps. Nos dirigeants sont lâches et mus par des considérations politiques».
«Une si grande impunité»
En représailles à l'attaque du Hamas, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements aériens intenses sur la bande de Gaza, suivie d'une offensive terrestre qui lui a permis de progresser du nord au sud du territoire dévasté qu'elle assiège depuis le 9 octobre.
Samedi, l'armée a fait état de «terroristes tués» lors d'opérations à Khan Younès, et affirmé avoir «éliminé mercredi dans le sud de Gaza un haut responsable terroriste du Hamas, Akram Abed al-Rahmane Salamé». Plus au sud, à Rafah, s'entassent près de 1,5 million de Palestiniens, en majorité des déplacés, qui craignent une offensive terrestre israélienne voulue par M. Netanyahu pour qui cette ville est le «dernier grand bastion du Hamas». Une offensive à laquelle s'oppose l'allié américain.
Alors que la guerre entre dimanche dans son 7e mois, le patron du bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Martin Griffiths, a dénoncé le fait que malgré «l'indignation mondiale», «si peu a été fait pour y mettre fin, laissant la place à une si grande impunité».
Le gouvernement Netanyahu est sous fortes pressions internationales pour laisser entrer davantage d'aide à Gaza, surtout après la mort lundi des sept humanitaires de World Central Kitchen (WCK) – un Palestinien et six étrangers -, tués dans le territoire palestinien par un drone israélien contre leur véhicule.
L'armée israélienne a reconnu que des «erreurs graves» étaient à l'origine de la frappe, affirmant avoir cru, à tort, viser des «agents du Hamas». WCK a réclamé «une enquête indépendante».
Contrôlées strictement par Israël, les aides venant principalement d'Egypte entrent au compte-gouttes via le passage de Kerem Shalom entre le territoire israélien et le sud de Gaza. Vendredi, Israël a annoncé prévoir l'ouverture «temporaire» d'autres points de passage pour acheminer l'aide, ainsi qu'une «augmentation de l'aide par Kerem Shalom». Des mesures jugées «insuffisantes» par l'ONU.