Mozambique Traité de paix définitif au Mozambique

ATS

6.8.2019 - 18:59

La Renamo, ancienne rébellion devenue le principal parti d'opposition au Mozambique, a signé mardi un traité de paix définitif avec le gouvernement de Maputo. Cet accord a été paraphé 27 ans après la fin de la première guerre civile.

Le président Filipe Nyusi et le chef de la Renamo, Ossufo Momade, ont signé le document sur la place de la Paix, à Maputo, en présence de responsables venus de tout le continent et sous les applaudissements de milliers de spectateurs. Il s'agit de la troisième tentative pour conclure une paix définitive entre les deux rivaux.

La Renamo n'a jamais totalement désarmé et a maintenu une partie de ses combattants dans les montagnes du centre du Mozambique. Elle accusait le gouvernement de ne pas respecter ses engagements.

Jeudi dernier, Filipe Nyusi et Ossufo Momade, avaient déjà signé un accord sur la cessation des hostilités, dans le Parc national de Gorongosa (centre). Mais Ossufo Momade est contesté en interne par un groupe affirmant représenter l'aile militaire de la Renamo.

Avec Ignazio Cassis

«C'est un jour vraiment historique. Cet accord va apporter définitivement la paix à un pays qui a connu suffisamment de souffrances (...) car il s'agit d'un accord conclu par des Mozambicains et pour des Mozambicains», a commenté l'ambassadeur de Suisse à Maputo Mirko Manzoni, envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Mozambique.

Présent sur place, Ignazio Cassis a lui aussi salué «un jour historique». «L'accord de paix constitue la pierre angulaire de la stabilité du pays et, par conséquent, de toute cette région d'Afrique», a-t-il ajouté, cité dans un communiqué du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).

Lors de ses entretiens avec M. Nyusi et son homologue José Condungua António Pacheco, le conseiller fédéral a assuré ses interlocuteurs que Berne continuera de soutenir le processus de paix et le développement du pays. Le chef de l'Etat mozambicain a de son côté salué «la qualité et l'efficacité de la diplomatie helvétique», selon le DFAE.

«Elections crédibles»

«La viabilité de cet accord est entre les mains des Mozambicains et dépend de la tenue d'élections crédibles en octobre 2019», a commenté Alex Vines, responsable du programme Afrique pour l'institut de réflexion Chatham House, dans un rapport publié lundi.

«Il va de l'intérêt national d'obtenir un accord durable. Cela permettrait au prochain gouvernement de se concentrer sur le développement de l'industrie gazière, l'amélioration des services, la réduction de la pauvreté et la lutte contre les nouveaux défis en matière de sécurité, tels que le radicalisme islamique violent croissant dans la province de Cabo Delgado», a-t-il ajouté.

Le gouvernement de Maputo combat une insurrection djihadiste dans cette province du nord du pays, qui a fait plus de 250 morts depuis octobre 2017.

Un million de morts

Peu après l'accession à l'indépendance en 1975 de cette ancienne colonie portugaise, la Résistance nationale du Mozambique (Renamo) avait combattu le gouvernement dirigé par le Front de libération du Mozambique (Frelimo) durant seize ans. Cette guerre civile, qui a fait un million de morts, a pris fin en 1992.

La Renamo s'est alors transformée en parti politique après un accord de paix signé à Rome, qui a ouvert la voie à des élections multipartites en 1994. La Renamo les a perdues et est devenue le principal parti d'opposition.

Bons offices helvétiques

En octobre 2013, elle a déclaré la fin de l'accord de paix, après un raid de l'armée. Lors de cette reprise du conflit armé, la Suisse a proposé ses bons offices au Mozambique, rappelle le DFAE. Elle a pris les rênes du groupe de contact international qui accompagnait le dialogue entre les deux parties.

Le processus de paix soutenu par la Suisse a permis d'établir une trêve temporaire à partir de décembre 2016, suivie au mois de mai 2017 de la première trêve de durée indéterminée convenue entre les parties depuis 2013.

A la fin juillet dernier, la Renamo a entamé le désarmement de ses combattants. Quelque 5200 membres de la Renamo doivent remettre leurs armes au gouvernement. Certains d'entre eux doivent intégrer l'armée et la police nationale, d'autres être réinsérés dans la vie civile grâce à une aide financière.

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