Elections en FinlandeTrois candidats pour un poste de Premier ministre
ATS
31.3.2023 - 08:00
La Première ministre sociale-démocrate Sanna Marin, le chef de l'opposition de droite Petteri Orpo et la numéro un de l'extrême droite Riikka Purra: ils sont trois à se disputer le poste de chef de gouvernement lors les élections législatives de dimanche.
Keystone-SDA
31.03.2023, 08:00
ATS
Sanna Marin, la jeunesse au pouvoir
Avant son arrivée à la tête du gouvernement fin 2019, peu de gens à l'étranger étaient en mesure de citer le chef du gouvernement finlandais. Même dans son pays, peu de gens connaissaient cette ministre des Transports, d'origine modeste, devenue à 34 ans la plus jeune cheffe de gouvernement au monde.
Quatre ans plus tard, la dirigeante a acquis une notoriété mondiale, faisant les gros titres tant sur ses positions fermes contre la Russie que sur des vidéos d'elle faisant la fête. Sanna Marin reste une des figures de proue de la jeune garde européenne, au point que son nom circule pour des postes à Bruxelles en cas de défaite dimanche.
En Finlande, elle clive. Certains apprécient la dirigeante déterminée qui a piloté son pays avec succès à travers la pandémie de Covid-19 et l'adhésion à l'Otan, et qui ne veut pas être réduite au statut de jeune femme.
Pour d'autres, elle est «Sanna la fêtarde», dont l'attachement à garder une vie de jeune, entre soirées en boîte et fêtes à la résidence officielle, nuit à la fonction. Malgré les affaires, elle est, selon les sondages, la Première ministre la plus populaire du XXIe siècle.
Orpo, conservateur policé
A 53 ans, Petteri Orpo, le chef de la Coalition nationale (centre droit), est le plus expérimenté des trois principaux Premiers ministrables. Député depuis 2007, il a été trois fois ministre.
Suivant les traces de son père au sein de la droite finlandaise, Petteri Orpo est diplômé de sciences politiques et d'économie, sa priorité de campagne. «Nous voulons arrêter d'augmenter la dette», a expliqué à l'AFP ce natif du sud-ouest du pays, en marge d'un récent meeting.
Accusant Sanna Marin d'avoir dépensé sans compter et fait passer la dette publique de 63 à 74% en quatre ans, il entend mener un plan d'austérité de 6 milliards d'euros. La longévité de cet homme calme et urbain interroge dans un monde politique cinglant et impitoyable.
Face à un adversaire encore plus expérimenté et flamboyant, l'ex-Premier ministre Alex Stubb, il conquiert la tête du parti en 2016 mais ne parvient à le hisser qu'à la troisième place aux législatives de 2019. Son calme apparent est parfois un atout dans les discussions enflammées, mais il est souvent acculé par des orateurs plus incisifs comme Sanna Marin.
Il commet aussi des gaffes, comme lorsqu'il doit s'excuser pour avoir critiqué les «hurlements» de deux rivales lors d'un débat, s'attirant des accusations de sexisme. S'il refuse en 2017 de continuer à gouverner avec le Parti des Finlandais, il garde cette fois-ci ouverte l'option d'une alliance avec la formation nationaliste anti-immigration.
Malgré leurs nettes différences sur l'immigration, l'UE et le climat, les deux partis «ont beaucoup de choses en commun», a-t-il argué. Même s'il n'arrive pas en tête dimanche, les analystes lui prédisent un rôle central puisqu'il s'annonce indispensable aux sociaux-démocrates comme aux nationalistes pour former une majorité.
Purra, le nationalisme option végétarienne
Avec ses smoothies de couleur verte en signe distinctif et son passé d'électrice écologiste, Riikka Purra, 45 ans est une dirigeante plus présentable que son prédécesseur à la tête du Parti des Finlandais, nationaliste et anti-immigration, qui siège avec l'extrême droite au Parlement européen.
Après le score décevant du parti aux municipales de 2021, elle succède à Jussi Halla-aho, amateur d'armes à feu condamné pour incitation à la haine raciale. Mère de deux enfants, cheveux blonds et look BCBG, elle tient un compte Instagram sans référence politique, consacré à son alimentation végétarienne.
Orpheline de mère à 12 ans, elle se tourne d'abord vers la cause environnementale à l'adolescence. Mais elle est ensuite séduite par les écrits de Jussi Halla-aho. Eurosceptique, son parti a axé sa campagne contre l'immigration, pointant le contre-exemple de la Suède voisine, débordée par une guerre de gangs issus de l'immigration.
«Nous ne voulons pas suivre la voie de la Suède. Nous soulignons les effets d'une politique dangereuse d'immigration», a-t-elle dit à l'AFP lors de sa campagne. Lors d'une interview à la télévision nationale Yle, elle avait confié que ses opinions anti-immigration étaient liées à un harcèlement subi dans sa jeunesse.