Ukraine Trois combattants étrangers condamnés à mort par les séparatistes

ATS

9.6.2022 - 17:41

Deux Britanniques et un Marocain faits prisonniers en Ukraine ont été condamnés à mort jeudi pour mercenariat par la justice des autorités séparatistes de Donetsk (image symbolique).
Deux Britanniques et un Marocain faits prisonniers en Ukraine ont été condamnés à mort jeudi pour mercenariat par la justice des autorités séparatistes de Donetsk (image symbolique).
ATS

Deux Britanniques et un Marocain faits prisonniers en Ukraine, où ils combattaient pour Kiev, ont été condamnés à mort jeudi pour mercenariat par la justice des autorités séparatistes de Donetsk, ont annoncé les agences de presse russes.

Keystone-SDA

«La cour suprême de la République populaire de Donetsk a condamné à mort les Britanniques Aiden Aslin et Shaun Pinner et le Marocain Brahim Saadoun, accusés d'avoir participé aux combats comme mercenaires», a indiqué l'agence de presse officielle russe TASS.

Les trois accusés vont «faire appel», a précisé à TASS l'avocat de l'un des trois hommes, Pavel Kossovan.

Selon TASS, Shaun Pinner et Brahim Saadoun avaient plaidé non coupable mercredi aux accusations de «mercenariat» mais reconnu leur participation aux combats «visant à la prise violente du pouvoir».

«Ni volontaire, ni mercenaire»

La famille d'Aiden Aslin avait expliqué fin avril que ce dernier avait déménagé en 2018 en Ukraine, où il a rencontré sa petite amie et s'est finalement installé à Mykolaïv. Il avait décidé de rejoindre les Marines ukrainiens et a servi dans cette unité pendant près de quatre ans.

«Il n'est pas, contrairement à la propagande du Kremlin, un volontaire, un mercenaire ou un espion. Aiden faisait des plans pour son avenir en dehors de l'armée, mais comme tous les Ukrainiens, sa vie a été bouleversée par l'invasion barbare de Poutine», selon sa famille.

La famille de Shaun Pinner avait aussi expliqué que celui ci n'était «ni un volontaire ni un mercenaire, mais sert officiellement dans l'armée ukrainienne conformément à la législation ukrainienne». Il s'était lui aussi installé en 2018 en Ukraine, et a épousé une Ukrainienne.

Des responsables prorusses avaient laissé entendre ces dernières semaines que des soldats ukrainiens capturés, notamment ceux du régiment nationaliste Azov, pourraient être jugés et encourraient la peine capitale.

Un moratoire sur la peine de mort est en vigueur en Russie depuis 1997, mais ce n'est pas le cas dans les deux territoires séparatistes de l'Est ukrainien.

«Centaines» de combattants étrangers tués

Mercredi, la Légion internationale pour la défense de l'Ukraine (Lidu) avait dénoncé le procès de l'un de ses membres capturé par les séparatistes, Andrew Hill. Selon cette organisation qui regroupe les volontaires étrangers combattant avec l'Ukraine, Andrew Hill est un «légionnaire qui a un contrat avec l'armée ukrainienne» et non un mercenaire.

Il n'était pas clair dans l'immédiat si les trois hommes condamnés à mort étaient membres de la Légion internationale pour la défense de l'Ukraine.

Quatre militaires volontaires étrangers dont un Français ont été tués en combattant l'invasion russe en Ukraine, a annoncé la Lidu, organisme officiel des combattants volontaires étrangers.

La Russie a pour sa part affirmé cette semaine avoir tué «des centaines» de combattants étrangers en Ukraine depuis le début de son offensive le 24 février, parvenant selon elle à endiguer le flux de nouveaux arrivants.

Londres préoccupée

Le Royaume-Uni s'est dit jeudi «gravement préoccupé» après l'annonce de la condamnation à mort par les séparatistes prorusses en Ukraine de deux combattants britanniques qui s'étaient engagés dans les forces ukrainiennes.

«Nous sommes évidemment gravement préoccupés. Nous répétons que les prisonniers de guerre ne devraient pas être exploités pour des raisons politiques», a affirmé un porte-parole du Premier ministre britannique Boris Johnson.

«Selon la convention de Genève, les prisonniers de guerre bénéficient de l'immunité des combats et ne devraient pas être poursuivis pour leur participation aux hostilités», a dénoncé Downing Street.

«Je condamne fermement la condamnation d'Aiden Aslin et de Shaun Pinner détenus par des mandataires russes dans l'Est de l'Ukraine. Ils sont des prisonniers de guerre. Il s'agit d'un simulacre de jugement sans aucune légitimité», a de son côté tweeté la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss.