Présidentielle américaineTrump affiche son endurance
ATS
9.10.2020 - 20:51
Donald Trump, en difficulté à 25 jours de la présidentielle américaine, a tenté vendredi d'afficher son endurance une semaine après avoir été hospitalisé en raison du Covid-19. Mais les doutes persistent sur sa capacité à renouer avec les meetings de campagne.
Distancé par le démocrate Joe Biden dans les sondages et confiné à la Maison Blanche depuis sa sortie d'hôpital lundi, le président républicain a participé à un «meeting radiophonique» – en réalité, un échange téléphonique fleuve de deux heures sans interruption, avec Rush Limbaugh, figure de la sphère conservatrice, qui n'a cessé de louer son bilan.
«Nous avons un remède» pour guérir du coronavirus, a-t-il martelé à plusieurs reprises au sujet du traitement expérimental qui lui a été administré, promettant une fois de plus de le distribuer gratuitement.
«Je n'allais pas très bien», mais «ces médicaments sont tellement bien, ils ont juste éliminé le virus», a assuré le président de 74 ans, laissant transparaître à plusieurs reprises sa frustration face à ce coup d'arrêt.
Page tournée
Le message est clair: la page de la maladie est tournée. Sa voix était plus claire que jeudi soir, lorsque, enroué, le candidat avait été interrompu à plusieurs reprises par la toux dans un entretien téléphonique sur Fox News.
Vendredi soir, il doit enchaîner avec son premier entretien filmé depuis l'annonce de son test positif au coronavirus il y a une semaine, sur cette même chaîne conservatrice, qui a promis une «évaluation médicale» par un docteur-chroniqueur.
En revanche, malgré son impatience, les interrogations planent toujours sur son retour sur le terrain.
Test négatif?
Jeudi, Donald Trump avait dit vouloir tenir un vrai meeting, en personne, dès samedi soir en Floride, mais la Maison Blanche n'a pas confirmé à ce stade et a même insisté sur des difficultés «logistiques».
Mêmes doutes sur un éventuel rassemblement lundi en Pennsylvanie. Dans les deux cas, il s'agit d'Etats-clés qu'il doit remporter, comme lors de sa victoire-surprise en 2016, pour décrocher un nouveau mandat de quatre ans.
La tenue du prochain débat télévisé Trump-Biden du 15 octobre reste aussi en suspens. Le président refuse qu'il soit virtuel, comme l'ont décidé les organisateurs par précaution sanitaire.
«Il est prêt à sortir dès que son médecin donne son feu vert», a assuré sa porte-parole Kayleigh McEnany sur Fox News.
Le médecin de la Maison Blanche, Sean Conley, dont la communication élusive est sous le feu des critiques, a dit jeudi s'attendre «à ce que le président puisse reprendre ses activités publiques» samedi «sans risque».
Mais une question cruciale reste sans réponse: Donald Trump, qui «pense» ne plus être contagieux, a-t-il subi un test négatif pour conforter cette conviction? L'intéressé a dit jeudi que ce test aurait «probablement» lieu vendredi.
Son aptitude en question
En face, ses adversaires mettent en garde contre son retour à la rencontre des électeurs, alors que même que la multiplication des rassemblements, avec peu ou pas de distanciation physique et de masques dans le public, lui est reprochée de toutes parts.
Les démocrates remettent aussi ouvertement en question son aptitude à gouverner.
Leur cheffe à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a proposé vendredi de créer une commission pour évaluer la capacité des présidents américains à gouverner.
«Il ne s'agit pas du président Trump. Il sera soumis au jugement des électeurs», a-t-elle pris soin de préciser. «Mais il nous a montré qu'il était nécessaire de créer un processus pour les futurs présidents.»
Cette initiative, dans un climat de divisions extrêmes avant l'élection du 3 novembre, vise à maintenir l'attention sur la maladie contractée par Donald Trump, et plus largement sur la pandémie qu'il a largement minimisée et qui a fait plus de 212.000 morts aux Etats-Unis, de loin le pays le plus endeuillé au monde.
Joe Biden, qui compte désormais près de dix points d'avance dans les sondages nationaux et a également conforté son avantage dans les intentions de vote au niveau des Etats décisifs pour l'élection, continue sa campagne à son rythme. Il était attendu vendredi dans le Nevada.
Il martèle quasiment un seul message: Donald Trump a échoué sur toute la ligne dans la gestion de la pandémie.
Et l'ancien vice-président démocrate élude volontairement les questions délicates, notamment lorsqu'on lui demande s'il fait sienne la volonté de certains dans son camp d'augmenter le nombre de juges à la Cour suprême pour diluer la majorité conservatrice au sein de cette institution-clé qui tranche les grande questions de société.