Etats-Unis Trump renvoyé en procès pour abus de pouvoir

ATS

19.12.2019 - 07:07

Donald Trump a été renvoyé mercredi en procès dans le cadre d'une procédure de destitution. Il devient ainsi le troisième président de l'histoire des Etats-Unis à subir ce sort. L'ex-homme d'affaires a immédiatement dénoncé la «haine» des démocrates.

La Chambre des représentants, dominée par les démocrates, s'est prononcée en faveur de l'«impeachement» du milliardaire républicain de 73 ans à l'issue d'un débat acrimonieux entre deux camps aux vues irréconciliables reflétant les profondes divisions de l'Amérique. Il appartiendra désormais au Sénat de juger Donald Trump, sans doute en janvier. Les républicains, qui contrôlent la chambre haute, ont déjà prévenu qu'ils avaient la ferme intention d'acquitter leur président.

«Le président a confiance dans le Sénat pour rétablir l'ordre», a réagi dans la foulée la Maison Blanche. «Il est prêt pour les prochaines étapes et a confiance dans le fait qu'il sera totalement disculpé».

Le 45e président des Etats-Unis, qui entend briguer un deuxième mandat en novembre 2020, était visé par deux articles de mise en accusation – abus de pouvoir, parce qu'il a demandé à l'Ukraine d'enquêter sur un de ses rivaux potentiels à la présidentielle et entrave à la bonne marche du Congrès, en raison de son refus de participer à l'enquête en destitution le visant.

Le premier article a été adopté avec 230 voix pour, 197 contre et une abstention. Le second article a été adopté avec 229 voix pour, 198 contre et une abstention. Dans les deux cas, le vote a suivi, à une poignée de voix près, de strictes lignes partisanes.

Un vote historique

Ce vote à la Chambre, qui intervient à moins d'un an du scrutin présidentiel, est en tout point historique. Seuls deux autres présidents – Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998 – ont vécu une mise en accusation. Le républicain Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate, avait préféré démissionner en 1974 avant de subir telle avanie.

Dans un spectaculaire télescopage, la décision est tombée au moment même où Donald Trump était à la tribune pour un meeting de campagne à Battle Creek, dans le Michigan, à environ 1000 km de Washington. Immédiatement, Donald Trump a dénoncé la «haine» de la «gauche radicale» au Congrès. Il a aussi accusé les démocrates de vouloir «annuler» le vote de millions d'Américain et estimé que ses adversaires politiques venaient de commettre un «suicide politique».

Plus tard dans la nuit, il a posté sur Twitter une photo de lui en noir et blanc, doigt pointé vers l'avant, avec la légende: «En réalité, ils n'en ont pas après moi. Ils en ont après vous. Je ne fais que les gêner.»

«Une blague»

Pour les républicains, la procédure de destitution est «une blague absolue», une «supercherie», qui ne s'appuie sur «aucun fait» et est motivée par l'aversion des démocrates pour un président qui brise les codes. «Ils ne détestent pas seulement Donald Trump, ils détestent les 63 millions d'Américains qui ont voté pour ce président», a lancé l'élu républicain Steve Scalise.

Faux, ont répondu à l'unisson les parlementaires démocrates. Les poursuites contre le président n'ont rien à voir avec des considérations personnelles ou des divergences politiques, ont-ils assuré. Il s'agit, selon eux, de «protéger la Constitution», «la démocratie» ou encore «l'état de Droit» menacés par un président qui se croit «au-dessus des lois» comme «un monarque».

Mais pour les démocrates, l'ancien homme d'affaires a trahi le serment de sa fonction. «Il était prêt à sacrifier notre sécurité nationale (...) pour améliorer ses chances de réélection», a accusé Adam Schiff, qui a supervisé l'enquête contre le milliardaire républicain. «Il a essayé de tricher et il a été pris», a-t-il ajouté depuis la tribune, en assurant que «le danger persistait».

«Nous verrons»

Reste à savoir comment les deux chambres du Congrès coopéreront pour la suite de la procédure. «La question maintenant est: le Sénat va-t-il faire son devoir? Les sénateurs vont-ils respecter leur serment?«, a prévenu Adam Schiff, qui a supervisé l'enquête contre le milliardaire républicain.

Nancy Pelosi a elle laissé entendre qu'elle pourrait ne pas transmettre les articles d'accusation à la chambre haute, ce qui déclencherait une nouvelle bataille politique entre les deux partis. «C'était notre intention», a-t-elle déclaré en conférence de presse. «Mais nous verrons ce qui se passe».

Il est reproché à Donald Trump d'avoir demandé à l'Ukraine d'enquêter sur un de ses rivaux potentiels à la présidentielle de 2020, Joe Biden. L'ancien vice-président mène la danse dans la primaire démocrate pour l'élection présidentielle et apparaît comme l'adversaire le plus dangereux pour le sortant républicain.

Un faisceau d'informations concordantes et de témoignages semble de plus attester qu'un lien avait été établi entre une annonce éventuelle de ces investigations et le déboursement d'une aide militaire américaine pour l'Ukraine.

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