Donald Trump a fait monter la pression d'un cran mardi dans l'enquête russe. Il s'en est pris au procureur indépendant Robert Mueller "devenu hors de contrôle" alors que celui-ci resserre l'étau sur les anciens collaborateurs du président américain.
Cet accès de colère intervient au lendemain de nouvelles accusations contre l'ex-directeur de campagne de M. Trump, Paul Manafort, déjà condamné pour association de malfaiteurs et obstruction à la justice. Lundi également, George Papadopoulos, éphémère conseiller diplomatique de M. Trump en 2016, a été incarcéré pour deux semaines après avoir été condamné pour avoir menti au FBI dans l'enquête russe. Il avait demandé sans succès un report de son incarcération.
"Mueller et sa bande de démocrates en colère ne regardent qu'un côté, pas l'autre. Attendez que soit révélée la façon horrible et vicieuse dont ils traitent les gens, ruinant leur vie parce qu'ils refusent de mentir", a twitté M. Trump, qui a plusieurs fois accusé le procureur de partialité.
Robert Mueller est "devenu hors de contrôle" et "fait un mal immense à notre système judiciaire", a-t-il jugé, dénonçant une nouvelle fois une "chasse aux sorcières".
Existence d'une collusion
Cette enquête tentaculaire tente de déterminer l'existence d'une collusion entre la Russie et l'équipe de campagne de M. Trump pour favoriser l'élection du candidat républicain en 2016. Elle s'est élargie avec des soupçons d'entrave à la justice visant M. Trump mais jusqu'ici, aucune preuve directe n'a été dévoilée et le président demande avec insistance la fin rapide de cette enquête qui empoisonne son mandat.
Selon des documents judiciaires rendus publics lundi, Paul Manafort a menti à la police fédérale après avoir accepté de collaborer avec la justice dans l'enquête russe. L'ancien lobbyiste aurait ainsi rompu l'accord de plaider-coupable passé en septembre, ont expliqué des procureurs, dont M. Mueller. Les avocats de M. Manafort, qui encourt au moins dix ans de réclusion, ont réfuté cette affirmation.
Rencontre avec Assange
Dans un nouveau volet de l'affaire, le quotidien britannique The Guardian a affirmé mardi que Paul Manafort avait rencontré "secrètement" le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, à Londres entre 2013 et 2016. La dernière rencontre aurait eu lieu "autour de mars 2016", le mois même où M. Manafort était embauché par M. Trump.
En juillet suivant, le réseau social avait diffusé près de 20'000 messages électroniques internes de l'équipe d'Hillary Clinton piratés par des hackers russes, ce qui avait perturbé la campagne de la candidate démocrate.
WikiLeaks a démenti les affirmations du journal, alors que Julian Assange fait l'objet de poursuites aux Etats-Unis qui pourraient être liées à la présidentielle de 2016.
Rapport "accablant"
Robert Mueller, ancien directeur respecté du FBI, est resté silencieux depuis le début de l'enquête qui a débouché sur une trentaine d'inculpations et plusieurs condamnations. Les nouvelles poursuites contre Paul Manafort pourraient lui permettre de boucler son enquête avec des accusations plus précises.
Au début du mois, M. Trump avait provoqué des inquiétudes sur une possible reprise en main de cette investigation, en limogeant son ministre de la Justice Jeff Sessions et en le remplaçant par Matthew Whitaker, qui a dans le passé critiqué l'étendue de l'enquête russe.
M. Trump a aussi transmis la semaine dernière ses réponses écrites au procureur Mueller après plusieurs mois de tergiversations. Selon certains commentateurs, Donald Trump se montre de plus en plus nerveux alors que les conclusions de l'enquête pourraient être sévères.
Ce rapport va être "politiquement très accablant" pour le président, avait estimé dimanche le constitutionnaliste Alan Dershowitz sur ABC, tout en écartant la possibilité de poursuites pénales contre M. Trump.
Donald Trump doit aussi faire face à une chambre basse du Congrès désormais dominée par les démocrates, qui sont prêts à lancer des enquêtes parlementaires dans ce dossier.
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