Etats-Unis Trump veut vite nommer un nouveau juge

ATS

20.9.2020 - 21:52

Selon la Constitution des Etats-Unis, le président nomme à vie les neuf sages de la haute Cour, qui doivent tout de même obtenir un feu vert du Sénat.
Selon la Constitution des Etats-Unis, le président nomme à vie les neuf sages de la haute Cour, qui doivent tout de même obtenir un feu vert du Sénat.
Source: KEYSTONE/AP/Evan Vucci

Le président américain Donald Trump s'est prononcé samedi pour un remplacement rapide de la juge à la Cour suprême Ruth Bader Ginsburg, icône décédée de la gauche américaine. Un choix politique susceptible d'enflammer la fin de campagne présidentielle.

Nommer les magistrats du temple du Droit est «la décision la plus importante» pour laquelle un président est élu, a-t-il dit sur Twitter. «Nous avons cette obligation, sans délai». Il semble décidé à s'engager dans une désignation au pas de charge d'un nouveau juge qui ferait basculer le temple du droit américain dans le camp conservateur pour plusieurs décennies.

Lors d'un meeting de campagne samedi soir en Caroline du Nord, le président a fait savoir que «ce sera une femme très talentueuse, très brillante». Deux noms circulent avec insistance pour rejoindre les huit juges de la haute juridiction.

Déjà pressentie pour un précédent poste à la Cour suprême, Amy Coney Barrett, fait à nouveau figure de favorite. Cette juriste de 48 ans a une longue carrière académique dans une université catholique et une expérience de juge plus limitée. Une magistrate d'origine cubaine Barbara Lagoa, 52 ans, semble également bien placée. Ancienne juge à la Cour suprême de Floride, elle exerce aujourd'hui dans une cour d'appel fédérale à Atlanta.

La juge «RBG», comme elle était surnommée, s'est éteinte vendredi des suites d'un cancer du pancréas à l'âge de 87 ans. Sa mort a suscité une vague d'émotion dans le pays et aussi une immense inquiétude dans le camp démocrate, doublée d'un tir de barrage politique.

45 jours

A 45 jours de l'élection présidentielle, le candidat démocrate Joe Biden et l'ex-président Barack Obama ont immédiatement mis en garde Donald Trump. «Les électeurs doivent choisir le président, et le président doit proposer un juge au Sénat», a dit Joe Biden. Barack Obama a appelé son successeur républicain à s'abstenir alors que «des bulletins de vote sont déjà déposés» pour le scrutin du 3 novembre, par anticipation ou par correspondance.

Les neuf juges de la Cour suprême sont nommés à vie, et Donald Trump a déjà procédé à deux nominations, celles des conservateurs Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh. Son camp dispose actuellement de cinq juges.

L'enjeu est considérable puisque la Cour tranche les principales questions de société, comme l'avortement, le droit de porter des armes ou les droits des homosexuels, qui sont souvent aussi les lignes de fracture d'une société américaine plus divisée que jamais. La haute cour a aussi le dernier mot sur les litiges électoraux, comme lors de la présidentielle de 2000 finalement remportée par George W. Bush face à Al Gore.

Sur le papier, rien n'empêche en effet Donald Trump de nommer un nouveau juge. Il y est prêt et avait présenté début septembre une liste de 20 noms de personnalités qu'il pourrait présenter en cas de vacance à la Cour. Parmi eux, deux sénateurs ultra-conservateurs, Ted Cruz et Tom Cotton.

Le chef de la majorité au Sénat Mitch McConnell a prévenu dès vendredi soir qu'il était disposé à aller de l'avant dans le processus de nomination. Dans des circonstances comparables, il y a quatre ans, il avait pourtant bloqué la désignation d'un juge par Barack Obama.

Il faut en moyenne 65 à 70 jours pour nommer un juge à la Cour suprême en général, La dernière fois que ce fut plus rapide, 42 jours, ce fut à l'occasion de la nomination de Ruth Bader Ginsburg en 1993. Si quatre républicains font défection, le candidat de Donald Trump sera bloqué. Deux sénatrices ont déjà indiqué qu'elles ne désigneront pas de juge avant l'élection présidentielle.

Une pionnière

Dès vendredi soir, une foule de plusieurs centaines de personnes s'était rassemblée devant la Cour suprême pour s'incliner devant la mémoire de RBG, née en 1933 à Brooklyn dans une famille juive américaine et morte le jour de Rosh Hashana, le nouvel an juif.

Samedi matin de nouveau, de nombreux Américains affluaient devant le bâtiment de marbre blanc. Parmi eux, la colistière de Joe Biden, Kamala Harris, venue se recueillir avec son mari. «RBG était pour moi une pionnière, une icône, une combattante. Elle était une femme à tous les sens du terme», a-t-elle confié à une journaliste de l'AFP.

Ruth Bader Ginsburg gardera une place à part dans l'histoire de la conquête des droits et de la lutte contre les discriminations. Avocate, elle obtint de la Cour suprême le démantèlement des lois discriminatoires à l'encontre des femmes. Entrée à la Cour suprême il y a 27 ans sur nomination de Bill Clinton, elle fait l'objet d'un culte aux Etats-Unis.

Sa vie a inspiré des films, des documentaires et même des livres pour enfants. Sa petite silhouette frêle, et son visage mince barré de grandes lunettes étaient connus de tous les Américains.

Aucun détail n'était connu samedi sur l'organisation de ses obsèques.

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