Présidentielle Ultimes heures de campagne en France avant un choix capital

ATS

22.4.2022 - 15:50

Emmanuel Macron et Marine Le Pen jetaient leurs ultimes forces dans la bataille vendredi, aux dernières heures de la campagne pour le second tour de la présidentielle française. En ligne de mire, un choix entre deux projets et visions du monde radicalement opposés.

Au vu des sondages, Emmanuel Macron est bien parti pour prolonger de cinq ans son bail à l'Élysée.
Au vu des sondages, Emmanuel Macron est bien parti pour prolonger de cinq ans son bail à l'Élysée.
ATS

Keystone-SDA

Au vu des derniers sondages, le président sortant, donné vainqueur avec de 55,5 à 57,5% des voix, est bien parti pour prolonger de cinq ans son bail au palais présidentiel de l'Élysée.

Au grand soulagement de ceux qui en France comme à l'étranger redoutent de voir l'extrême droite prendre les rênes d'une puissance mondiale, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et dotée de l'arme nucléaire, après les séismes populistes du Brexit et de l'élection du président américain Donald Trump en 2016.

Les dirigeants allemand, espagnol et portugais ont appelé les électeurs français à choisir dimanche le bulletin du «candidat démocrate» face à sa concurrente, dénonçant des accointances entre les populistes et l'extrême droite européens et le président russe Vladimir Poutine.

Regards vers la gauche

Les deux concurrents tentent de rallier les électeurs du candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, arrivé troisième le 10 avril, talonnant Mme Le Pen avec près de 22% des voix. Ils s'efforcent ainsi de conjurer l'abstention qui, selon les experts, sera le grand arbitre du scrutin, en période de vacances scolaires.

«Plus l'abstention sera forte et plus l'écart des intentions de vote est amené à se réduire», a prévenu Martial Foucault, directeur du Centre de recherches politiques de la prestigieuse école de Sciences Po à Paris (Cevipof), pointant «un vrai risque pour Emmanuel Macron».

La campagne a été largement occultée par la crise sanitaire puis la guerre en Ukraine, qui grève le pouvoir d'achat, première préoccupation des Français, en raison des répercussions du conflit sur les prix de l'énergie et de l'alimentation.

Pour attirer les électeurs de M. Mélenchon, Marine Le Pen a promis de protéger les «plus vulnérables» pendant qu'Emmanuel Macron opérait un virage serré à gauche, s'engageant à mettre l'écologie au centre de son action.

Profondes divergences

Avant un ultime meeting dans l'après-midi à Figeac dans le département rural du Lot (Centre), M. Macron a affirmé vendredi matin sur la radio France Inter que Marine Le Pen était parvenue à «avancer masquée», mais que «les fondamentaux de l'extrême droite» étaient toujours «là» dans son programme.

Mme Le Pen, en visite sur le marché d'Etaples (Nord), a fustigé le projet de réforme des retraites du président sortant, qui veut porter l'âge légal de départ à la retraite à 64 ou 65 ans, alors qu'elle préfère le maintenir à 60 à 62 ans.

«Les Français, avec Emmanuel Macron, vont donc en prendre pour perpèt' (perpétuité, ndlr)», a-t-elle déclaré.

Le débat télévisé mercredi mercredi soir entre les deux candidats qualifiés pour le second tour a révélé au grand jour leurs profondes divergences sur l'Europe, l'économie, le pouvoir d'achat, les relations avec la Russie, les retraites ou l'immigration.

«Troisième tour» en juin?

Quel que soit le vainqueur, les élections législatives qui suivront en juin le scrutin présidentiel s'annoncent d'ores et déjà comme un possible «troisième tour», Marine Le Pen comme Emmanuel Macron pouvant avoir du mal à obtenir une majorité parlementaire.

Jean-Luc Mélenchon a affiché son ambition de devenir Premier ministre et d'imposer ainsi une cohabitation, visant un vote massif en faveur des députés de son parti, La France Insoumise.

Par ailleurs, un autre troisième tour pourrait se jouer dans la rue, sur le modèle de la contestation populaire des «Gilets jaunes» en 2018-2019, notamment sur le projet de réforme des retraites d'Emmanuel Macron qui cristallise une forte hostilité dans une partie de l'opinion.

Si c'est Marine Le Pen qui accède à l'Élysée, les secousses risquent de se faire ressentir dès dimanche soir, avec une plongée dans l'inconnu dès le lendemain.