ChineUn consultant canadien condamné à 11 ans de prison
ATS
11.8.2021 - 05:16
Le consultant canadien Michael Spavor a été condamné mercredi en Chine à 11 ans de prison pour espionnage. Sa détention, survenue après l'arrestation au Canada de la fille du fondateur de Huawei, est jugée «arbitraire» par le premier ministre canadien Justin Trudeau.
11.08.2021, 05:16
11.08.2021, 07:24
ATS
Ce dernier a immédiatement dénoncé la condamnation et la peine «absolument inacceptables et injustes» de 11 ans d'emprisonnement à l'encontre du Canadien Michael Spavor.
«Le verdict rendu aujourd'hui pour M. Spavor arrive après plus de deux ans et demi de détention arbitraire, un manque de transparence dans le processus judiciaire et un procès qui n'a même pas satisfait aux normes minimales requises par le droit international», a ajouté M. Trudeau dans un communiqué.
L'ambassadeur du Canada a également «condamné» la décision de la justice chinoise. «Il y a la possibilité de faire appel. C'est quelque chose dont il va discuter avec ses avocats», a-t-il déclaré à Dandong, où M. Spavor était jugé.
Représailles
L'interpellation du consultant dans le courant décembre 2018 est perçue au Canada comme une mesure de représailles après l'arrestation quelques jours auparavant à Vancouver de Meng Wanzhou, la directrice financière du géant chinois des télécommunications Huawei.
Michael Spavor a «été reconnu coupable d'espionnage et d'avoir volé des secrets d'Etat», a indiqué mercredi un tribunal de Dandong, à la frontière nord-coréenne, où le Canadien avait été jugé en mars 2021. Il est «condamné à 11 ans de prison». Son procès s'était tenu à huis clos, ce qui est habituel en Chine dans les affaires d'espionnage.
Un ex-diplomate détenu
Un autre Canadien, l'ex-diplomate Michael Kovrig, avait également été interpellé puis détenu en même temps que Michael Spavor pour des motifs similaires d'espionnage. Déjà jugé, il est détenu en attente de son verdict.
Le premier ministre Justin Trudeau avait dénoncé lors des procès la «détention arbitraire» des deux hommes et le «manque de transparence» des autorités chinoises. Mercredi matin, une cinquantaine de diplomates de 25 pays étaient rassemblés à l'ambassade du Canada à Pékin en signe de solidarité avec Ottawa et de son ressortissant condamné, a constaté une journaliste de l'AFP.
L'arrestation de Meng Wanzhou avait été réalisée sur demande des Etats-Unis d'Amérique, qui la soupçonnent de fraude bancaire et réclament au Canada son extradition vers les Etats-Unis. La Chine ne cesse depuis de dénoncer une manoeuvre «politique» de Washington et appelle Ottawa à la «libération immédiate» de la dirigeante.
Pékin dément se servir des deux Canadiens emprisonnés comme monnaie d'échange.
Un Canadien condamné à mort
Hasard ou volonté de mettre la pression sur Ottawa, la peine contre Michael Spavor est annoncée alors que Meng Wanzhou comparaît jusqu'au 20 août devant un tribunal canadien pour une dernière série d'audiences consacrées à sa potentielle extradition. Aucune décision à ce sujet n'est attendue avant quelques mois. En cas d'appel, la procédure pourrait par ailleurs encore durer plusieurs années.
Spécialiste de la Corée du Nord, Michael Spavor a rencontré plusieurs fois le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Il avait par exemple organisé les visites à Pyongyang du fantasque ex-basketteur américain Dennis Rodman.
Grâce à ses contacts dans les hautes sphères du pouvoir nord-coréen, le Canadien jouait les entremetteurs entre les interlocuteurs étrangers et les autorités de ce pays isolé sur la scène internationale.
Le verdict contre Michael Spavor intervient au lendemain de la confirmation par la justice chinoise de la peine de mort visant un autre Canadien, condamné lui pour trafic de drogue.