Présidentielle américaine Le candidat Kennedy inquiète aussi bien la gauche que la droite

ATS

8.4.2024 - 07:49

Doté d'un nom faisant écho à la plus prestigieuse dynastie politique aux Etats-Unis, Robert Kennedy Junior s'est lancé pour la présidentielle de novembre comme alternative au duo Trump-Biden. Si les chances de victoire du neveu de «JFK» sont minces, sa candidature inquiète les démocrates comme les républicains.

Le candidat indépendant à l'élection présidentielle Robert F. Kennedy Jr. s'adresse à ses partisans lors d'un événement célébrant l'anniversaire de Cesar Chavez, le samedi 30 mars 2024, à Los Angeles. (AP Photo/Richard Vogel).Robert F. Kennedy Jr.
Le candidat indépendant à l'élection présidentielle Robert F. Kennedy Jr. s'adresse à ses partisans lors d'un événement célébrant l'anniversaire de Cesar Chavez, le samedi 30 mars 2024, à Los Angeles. (AP Photo/Richard Vogel).Robert F. Kennedy Jr.
KEYSTONE

Robert Kennedy Junior peut se targuer de dépasser les 10% d'intentions de vote dans les sondages. Sa popularité semble affecter davantage les chances de Joe Biden que celles de son rival républicain, selon ces mêmes enquêtes d'opinion.

Al Gore face à George W. Bush en 2000, Hillary Clinton face à Donald Trump en 2016: après des défaites démocrates où des candidats du parti vert ont attiré une partie de l'électorat de gauche, l'équipe de campagne de Joe Biden ne peut regarder que d'un oeil méfiant l'arrivée de «RFK Jr».

«L'hyperpolarisation» de la scène politique aux Etats-Unis «est la raison pour laquelle un candidat d'un troisième parti bénéficiant d'un nom connu représente une telle menace à ce moment» de la campagne, estime Donald Nieman, politologue à l'université Binghamton.

Etats pivots

Selon l'expert, il n'existe que «six ou sept Etats» pouvant véritablement basculer d'un côté ou de l'autre en novembre, et la victoire dans certains pourrait se décider à seulement 10'000 voix. «Tout ce qui peut donc siphonner des électeurs» au détriment d'un candidat ou de l'autre pourrait être «un facteur décisif», souligne Donald Nieman.

Avocat en droit de l'environnement, Robert Kennedy Junior s'est notamment fait connaître pour son opposition aux vaccins. Le fils de l'ancien ministre démocrate de la justice, «Bobby» Kennedy (assassiné en 1968), assure avoir rassemblé suffisamment de soutiens pour apparaître sur les bulletins dans six Etats en novembre et dit désormais viser un million de signatures pour se qualifier dans les 50 Etats américains.

Pour Charlie Kolean, directeur de la stratégie au sein de la société de conseil conservatrice Red Pac, «Kennedy représente une véritable menace pour le camp Biden dans les Etats pivots». Le républicain cite notamment de très bons chiffres pour Robert Kennedy Junior dans les sondages auprès des indépendants et des jeunes, «des groupes qui ont traditionnellement voté pour Biden».

Ross Perot

Le camp démocrate a donc décidé de passer à l'offensive, déployant notamment des panneaux montés sur un camion autour des événements de campagne de «RFK Jr».

Il n'est cependant pas exclu que cette candidature alternative endommage davantage les chances de Donald Trump que celles de Joe Biden. En 1992, l'homme d'affaires Ross Perot avait engrangé 19% des voix et sûrement coûté la réélection au républicain George Bush père face à Bill Clinton.

Les accents complotistes de Robert Kennedy Junior et son rejet de l'aide américaine à l'Ukraine en ont fait un temps la coqueluche du mouvement «MAGA» de Donald Trump. Mais l'ex-président américain l'assure, Robert Kennedy Junior n'est pas un nouveau Ross Perot.

«Je suis ravi qu'il soit candidat!», a-t-il lancé récemment sur sa plateforme Truth Social.

Robert Kennedy Junior avait un temps brigué l'investiture démocrate à la présidentielle, mais a abandonné la campagne des primaires sous la pression, selon lui, d'alliés de Joe Biden.

Riche colistière

Pour Keith Nahigian, un conseiller de George Bush père dans sa campagne malheureuse de 1992, les démocrates ont fait une «erreur gigantesque» en s'attirant l'ire de «RFK Jr», au lieu de le battre tout simplement dans les urnes aux primaires.

«Ils pourraient perdre la présidence, parce qu'ils n'ont pas suffisamment réfléchi à leur stratégie au début de la campagne», souligne auprès de l'AFP celui qui a oeuvré lors de six campagnes présidentielles.

Autre épine dans le pied de Joe Biden, Robert Kennedy Junior a choisi la très riche Nicole Shanahan comme colistière, lui permettant de booster le financement de sa campagne.

Cette avocate, ancienne donatrice du camp démocrate, est également décrite par Keith Nahigian comme «très à gauche» et donc peu susceptible d'attirer les voix d'électeurs de Donald Trump.

«Ces deux dernières semaines, à la fois Trump et Biden ont vraiment commencé à attaquer 'RFK', car ils le voient comme une menace crédible, particulièrement pour Biden dans ces Etats clés où il est donné perdant actuellement», souligne l'ancien conseiller républicain.

«Les candidats indépendants ont un gros impact sur une élection et, peu importe que vous soyez un président sortant ou un ex-président, vous vous devez de prendre cela au sérieux».