Migrations Un Kirghiz récompensé du Prix Nansen

ATS

2.10.2019 - 09:04

Des dizaines de milliers de personnes sont confrontées à de l'apatridie dans plusieurs pays asiatiques (archives).
Des dizaines de milliers de personnes sont confrontées à de l'apatridie dans plusieurs pays asiatiques (archives).
Source: KEYSTONE/AP

Il a contribué à faire du Kirghizstan le premier pays au monde à être libéré de toute apatridie. L'avocat et militant des droits de l'homme Azizbek Ashurov a été désigné mercredi à Genève lauréat cette année du Prix Nansen du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).

S'il fait part d'un «grand honneur», le lauréat dit dans un entretien à Keystone-ATS que cette récompense est celle de tous ceux qui aident les apatrides, des «personnes invisibles» et du gouvernement kirghize qui a soutenu son ONG. «C'est un prix pour le pays», dit-il. De son côté, le Haut commissaire Filippo Grandi salue la «résolution personnelle» de M. Ashurov dans cette lutte.

Actif depuis 15 ans pour tenter d'obtenir la nationalité kirghiz aux apatrides, le Kirghiz dirige l'ONG Avocats sans Frontières dans la vallée de la Ferghana. Après la fin de l'Union soviétique, des centaines de milliers de personnes en Asie centrale, surtout des femmes, se sont retrouvées bloquées dans les frontières des nouveaux Etats, sans identité valide.

Sans nationalité, elles sont privées du droit à une assurance-santé ou encore de la possibilité de travailler. Au Kirghizstan, pendant longtemps, elles redoutaient d'être arrêtées par la police et de devoir payer des amendes, dit M. Ashurov.

Cette situation a été largement observée dans la vallée de la Ferghana, partagée entre le Kirghizstan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan. Des membres de la famille de M. Ashurov et lui-même, arrivés d'Ouzbékistan, ont été confrontés pendant une certaine période à ces difficultés.

Plusieurs unités mobiles

Après avoir offert une assistance légale aux groupes vulnérables, l'activité de son ONG a rapidement cherché à identifier l'ensemble des cas d'apatrides dans le sud du Kirghizstan. Des dizaines d'unités mobiles d'avocats ont été acheminées dans les zones les plus reculées, y compris des 4600 membres de la communauté Lyuli qui peuvent désormais participer à la vie politique et bénéficient d'électricité.

Jusqu'à «30 à 40 cas» étaient pris en charge chaque jour. Il fallait entre trois mois et un an et demi pour les résoudre. Le dernier passeport a été établi début juillet, a précisé M. Ashurov.

Plus largement, son ONG a collaboré avec les autorités nationales pour une amnistie temporaire et pour faciliter l'attribution de la nationalité à un nombre important d'apatrides. Il oeuvre encore désormais pour garantir un enregistrement des bébés.

Discussion attendue à Genève

Il faudra désormais ancrer la législation nationale pour éviter le retour de ces problèmes, notamment auprès des travailleurs migrants, selon M. Ashurov. Son dispositif, qui a rassemblé jusqu'à 50 personnes, est appliqué par le HCR dans l'ensemble de l'Asie centrale avec les acteurs publics, privés et les ONG.

Selon les estimations, au moins 100'000 sont confrontées à l'apatridie dans toute la zone, dont 80'000 en Ouzbékistan. Même si le nombre est probablement plus élevé.

M. Ashurov va recevoir une médaille et 100'000 dollars au total. De son côté, le HCR a lancé une campagne mondiale contre l'apatridie, qui doit durer encore plusieurs années. Plus de 10 millions de personnes sont affectées. Une discussion de haut niveau est prévue la semaine prochaine dans le cadre du conseil exécutif de l'agence onusienne à Genève.

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