La justice thaïlandaise a interdit de diffusion un média lié à l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra en raison de sa couverture des manifestations antigouvernementales. Celles-ci ont toutefois baissé d'intensité mardi.
Voice TV, un site internet d'information dont la famille de M. Thaksin est en partie propriétaire, est l'un des quatre médias dans le collimateur des autorités pour leur couverture des actions de protestation.
Malgré les mesures d'urgence interdisant tout regroupement de plus de quatre personnes, plusieurs dizaines de milliers de manifestants, des jeunes pour la plupart, continuent de quotidiennement défier le pouvoir à Bangkok.
Ils réclament la démission du Premier ministre Chan-O-Cha, un ancien général porté au pouvoir par un coup d'Etat en 2014 et une réforme de la monarchie.
Manifestations moins fortes
Mais les manifestations ont baissé d'intensité mardi, seules quelques centaines de protestataires se regroupant sur les lieux traditionnels de rassemblement.
«La liberté de la presse est importante, mais, dans certains cas, des médias propagent des informations déformées qui incitent aux troubles», a déclaré aux journalistes Chan-O-Cha, à l'issue d'une réunion du gouvernement intervenue après la décision d'un tribunal de Bangkok.
Les médias incriminés sont accusés d'avoir diffusé des informations «violant les lois sur la cybercriminalité et le décret d'urgence», selon le ministre de l'Economie numérique et de la société.
Un responsable de Voice TV, Makin Petplai, a démenti que la couverture par ce média des actions de protestation ait mis en danger la sécurité nationale.
«Pendant 11 ans, Voice TV est restée attachée à la démocratie, permettant aux gens d'exprimer des opinions de tous bords en toute ouverture, transparence et responsabilité», a affirmé le média dans un communiqué.
«Ingérence directe»
Virot Ali, un commentateur politique de Voice TV, a affirmé que la chaîne continuerait à diffuser ses programmes en ligne jusqu'à ce qu'elle reçoive un ordre écrit du tribunal. «C'est une ingérence directe de l'Etat», a-t-il déclaré à l'AFP. «Nous avons été choisis parce que l'Etat veut dissuader les autres plateformes».
Le Club des correspondants étrangers de Thaïlande a exprimé sa vive inquiétude en raison de l'enquête menée par la police sur Voice TV et trois autres médias, Prachatai, The Reporters et The Standard.
Ces quatre médias ont diffusé des images en direct sur Facebook pendant les manifestations. Le tribunal doit encore annoncer sa décision au sujet des trois derniers médias.
«Une presse libre est un élément essentiel de toute société démocratique et les véritables journalistes devraient être autorisés à couvrir les événements importants sans menaces d'interdiction, de suspension, de censure ou de poursuites judiciaires», a estimé le Club.
«Vive le peuple»
Les manifestants, au nombre de quelques centaines, se sont notamment rassemblés mardi dans des gares, scandant «Vive le peuple !» et faisant le salut à trois doigts devenu le symbole du mouvement de protestation.
«La décision de l'Etat est une gifle infligée aux gens, elle montre que l'Etat considère qu'ils ne peuvent pas se forger leur propre opinion», a dit à l'AFP Tatthep «Ford» Ruangprapaikitseri, 23 ans.
Le mot-dièse #SaveFreePress (Sauvez la presse libre) circulait en force lundi sur les réseaux sociaux en Thaïlande.
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