République tchèque Un milliardaire, un général et une économiste visent la présidence

ATS

12.1.2023 - 08:10

Un milliardaire ex-premier ministre, un ancien général de l'OTAN et une jeune économiste sont en tête des sondages avant le premier tour de l'élection présidentielle tchèque qui se déroule vendredi et samedi. «Il est clair à 99% que deux de ces trois candidats se retrouveront au second tour», selon Josef Mlejnek, analyste à l'université Charles de Prague.

 Candidat et ancien Premier ministre Andrej Babis parle à son événement de campagne pour les élections présidentielles, la dernière avant les élections premier tour, à Brno, République tchèque, 09 janvier 2023.
Candidat et ancien Premier ministre Andrej Babis parle à son événement de campagne pour les élections présidentielles, la dernière avant les élections premier tour, à Brno, République tchèque, 09 janvier 2023.
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Keystone-SDA

Cinq autres candidats sont à la traîne dans les sondages, derrière Andrej Babis, l'ancien premier ministre au passé chargé, le général Petr Pavel et l'économiste Danuse Nerudova.

Comme il est peu probable qu'un des candidats obtienne plus de 50% des suffrages au premier tour, un second tour opposera les 27 et 28 janvier les deux qui seront arrivés en tête. Selon les sondages, dans le cas d'une telle finale, M. Pavel et Mme Nerudova battraient alors tous deux M. Babis.

Le vainqueur succédera à Milos Zeman, un homme de 78 ans connu pour son franc-parler et sa consommation excessive d'alcool, dont le dernier mandat s'achève en mars et qui a exercé une influence plus grande que celle habituellement dévolue à un président dans ce pays de l'UE.

Rôle protocolaire

Bien que son rôle soit essentiellement protocolaire, c'est le chef de l'État qui nomme le gouvernement, choisit le gouverneur de la banque centrale ainsi que les juges de la cour constitutionnelle et assume les fonctions de commandant en chef des forces armées.

Le nouveau président sera le quatrième depuis que la République tchèque est devenue un pays indépendant après s'être séparée de la Slovaquie en 1993.

M. Babis, qui dispose d'une légère avance dans les sondages d'opinion, est la cinquième fortune tchèque, d'après le magazine Forbes. Ce député de 68 ans avait été poursuivi pour son passé d'agent présumé de la police secrète communiste. Il a également dû défendre ses activités commerciales jugées douteuses.

Lundi, un tribunal de Prague l'a acquitté dans une affaire de fraude aux subventions européennes. Voulant être un président «fort, actif, indépendant, juste et travailleur», M. Babis bénéficie d'un soutien stable de 30% accordé à son mouvement populiste ANO.

Déficits et inflation

Il a été le chef du gouvernement dans les années 2017-2021, avant de perdre les élections législatives face à la coalition de centre droit de l'actuel premier ministre Petr Fiala.

Aux prises avec une inflation record et des déficits des finances publiques gonflés en raison de la guerre en Ukraine, le gouvernement de M. Fiala a donné son appui à la fois à M. Pavel et à Mme Nerudova.

Le chef d'Etat sortant, souvent en désaccord avec le gouvernement, a soutenu M. Babis. Contrairement à ses rivaux, M. Babis a réduit sa campagne à des rencontres avec les citoyens. Il a méticuleusement évité les débats électoraux.

Fidèle à son passé militaire, M. Pavel a fait campagne sur une volonté de «rétablir l'ordre» dans la République tchèque et d'offrir un «leadership expérimenté et calme». Cet homme de 61 ans a dirigé le comité militaire de l'OTAN de 2015 à 2018.

Parachutiste d'élite, il a reçu de nombreuses distinctions militaires et contribué à libérer des soldats français d'une zone de guerre serbo-croate.

Sondages serrés

À 44 ans, Mme Nerudova, la plus jeune des candidats et seule femme en lice, a privilégié les réseaux sociaux dans sa campagne. Elle n'a jamais manqué une occasion de souligner ses solides liens familiaux. Universitaire de carrière, Mme Nerudova a gravi tous les échelons de la carrière pour devenir présidente de l'université Mendel, dans sa ville natale de Brno.

Amatrice de pêche et de cueillette de champignons, elle a juré de «laisser l'ego derrière elle» et de «communiquer avec tous les groupes de personnes».

M. Babis est en tête dans deux sondages d'opinion distincts publiés par CNN Prima News et l'agence Ipsos dimanche et lundi, mais talonne M. Pavel dans deux autres sondages réalisés les mêmes jours et respectivement diffusés par la télévision tchèque et l'agence Median.

Ils sont crédités de 26 à 29,5%, tandis que Mme Nerudova l'est de 21 à 25%. «Je pense que M. Babis atteindra le second tour. La question est de savoir si c'est contre M. Pavel ou Mme Nerudova», a déclaré l'analyste Mlejnek.

Aucun des autres candidats n'a obtenu plus de 10%. Parmi eux figurent les sénateurs centristes Pavel Fischer et Marek Hilser, le député d'extrême droite Jaroslav Basta, l'entrepreneur Karel Divis et l'ancien président de l'université Charles, Tomas Zima.

Les bureaux de vote ouvrent pour le premier tour à 14h00 (en Suisse) et ferment à 22h00 vendredi. Ils rouvriront à 08h00 et fermeront à 14h00 samedi. Les résultats sont attendus pour samedi soir.