Pénurie Un navire iranien plein de carburant va filer vers le Liban

ATS

19.8.2021 - 13:18

Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a affirmé jeudi qu'un navire iranien chargé de carburant s'apprêtait à appareiller en direction du Liban, un pays confronté à de graves pénuries, en dépit des sanctions américaines visant Téhéran.

Dans cette photo d'archive du 27 juin 2021, des conducteurs de motos attendent de faire le plein d'essence dans une station-service de la banlieue sud de Beyrouth, au Liban.
Dans cette photo d'archive du 27 juin 2021, des conducteurs de motos attendent de faire le plein d'essence dans une station-service de la banlieue sud de Beyrouth, au Liban.
KEYSTONE

Ce «premier navire», de son appareillage «jusqu'à son arrivée dans les eaux de la Méditerranée sera considéré comme territoire libanais», a proclamé Nasrallah, dans un discours prononcé à l'occasion des commémorations d'Achoura. «Aux Américains et Israéliens je dis: c'est un territoire libanais», a-t-il martelé, alors que plusieurs récents incidents maritimes ont fait monter les tensions dans les eaux du Golfe.

Le mois dernier, Hassan Nasrallah avait annoncé que son mouvement était prêt à importer du carburant de son allié iranien. Une décision que, selon lui, le gouvernement libanais ne pouvait prendre en raison de pressions des Etats-Unis, qui imposent des sanctions économiques sévères contre Téhéran dans le cadre du dossier nucléaire de la République islamique.

La cargaison de ce «premier» navire doit permettre d'approvisionner «hôpitaux, usines de production de denrées alimentaires et de médicaments, boulangeries et générateurs», a encore précisé le chef du Hezbollah. Il n'a en revanche pas précisé où et comment cette cargaison serait déchargée.

Beaucoup de questions en suspens

Lorsque le navire sera en Méditerranée, «nous discuterons des détails techniques», a-t-il dit. Ni le gouvernement iranien ni libanais n'ont confirmé dans l'immédiat les propos du dirigeant chiite. Plusieurs questions majeures restent en suspens, a affirmé à l'AFP l'experte en ressources pétrolières Laury Haytayan.

«Quel est le coût de la cargaison? Qui va payer? Où le navire accostera-t-il? les détails de la transaction ont-ils été divulgués au gouvernement libanais?», demande-t-elle. Selon Mme Haytayan, le pétrolier «pourrait se rendre en Syrie où la cargaison (de pétrole) y serait raffinée».

L'acheminement de pétrole iranien à l'étranger «est interdit par les sanctions, ce n'est pas si facile et le Hezbollah le fait en public, ce qui représente un danger pour le Liban, nous risquons d'être sanctionnés ou attaqués», ajoute l'experte.

Levée de boucliers

L'annonce par le Hezbollah a suscité une levée de boucliers dans certains milieux politiques locaux. L'ancien Premier ministre Saad Hariri a qualifié la démarche de «dangereuse». «Les navires iraniens portent en eux des dangers et des sanctions supplémentaires contre les Libanais», a-t-il déclaré dans un communiqué publié par son bureau.

Le Liban est englué dans l'une des pires crises économiques au monde depuis le milieu du XIXe siècle, selon la Banque mondiale. Les pannes de courant culminent aujourd'hui à plus de 22 heures par jour. Les générateurs de quartiers, qui prennent habituellement le relais, sont victimes de la pénurie de carburants.

Face à cette situation catastrophique, la classe politique, dont le Hezbollah est une composante influente, échoue depuis plus d'un an à former un gouvernement réformateur, une condition fixée par la communauté internationale pour fournir une aide directe à l'Etat libanais.