Le président français Emmanuel Macron voit se profiler un sujet embarrassant avec le voyage au Tchad d'un de ses anciens collaborateurs: Alexandre Benalla. L'homme refait parler de lui après avoir été à l'origine d'une retentissante affaire au début de l'été.
Le gouvernement garde en mémoire le souvenir cuisant des images de M. Benalla interpellant sans ménagement des manifestants à Paris alors qu'il n'avait aucune autorité pour le faire. Cela avait mis en lumière son rôle opaque à la présidence, provoquant une tempête politique.
Or, M. Benalla refait parler de lui, à l'occasion d'un voyage qu'il a effectué au Tchad quelques jours avant une visite officielle d'Emmanuel Macron, au cours duquel il a notamment rencontré le président Idriss Déby. Dans un communiqué transmis à l'AFP mercredi, l'ancien chargé de mission de l'Elysée explique qu'il accompagnait "une délégation économique étrangère dans le cadre d'investissements qu'ils vont effectuer sur place", pour un projet industriel de 250 millions d'euros.
"Ça n'a rien à voir avec Emmanuel Macron, rien à voir avec l'Elysée, rien à voir avec la présidence de la République", a assuré à l'AFP l'entourage de l'ancien collaborateur, chargé notamment des questions de sécurité. Selon cette source, Alexandre Benalla a "donné un coup de main" à "quelqu'un qu'il connaît depuis 2012".
"Je ne me tairai plus"
Il s'agissait de "grands patrons du Moyen-Orient (...) susceptibles de créer 3000 emplois au Tchad, de construire des usines", a dit le chargé de mission à l'Express, sans en préciser les noms. Durant sa mission à N'Djamena début décembre, il a notamment rencontré pendant deux heures le président tchadien Idriss Deby, allié-clé de la France dans les opérations antidjihadistes au Sahel.
Mise en lumière lundi par le journal Le Monde, cette visite a poussé l'Elysée à réagir, notamment parce qu'elle a eu lieu trois semaines avant la visite du président Macron à N'Djamena, pour un réveillon de Noël ce week-end auprès des troupes françaises. "Quelles que soient les démarches qu'entreprend M. Benalla, il n'est pas un émissaire officiel ou officieux de la présidence de la République. S'il se présentait comme tel, il est dans le faux", a dit l'Elysée.
Des mots qui ont fâché M. Benalla, épinglant "certaines personnes de l'entourage du président", les qualifiant de "diffamatoires", "calomnieux" et "irresponsables". "Je ne me tairai plus" a-t-il menacé. L'ancien collaborateur de l'Elysée a en outre affirmé avoir "tenu informé la plus haute autorité française de l'ensemble de (s)es déplacements à l'étranger, et de leur nature", rappelant qu'il "n'exerce plus aucune fonction" à l'Elysée "depuis le 1er août 2018".
"Alexandre Benalla n'a pas informé l'Elysée de ses déplacements avant de les effectuer, mais uniquement de manière récente la semaine dernière", alors qu'émergeaient les premières "rumeurs de presse", a répondu la présidence mercredi.
Cet imbroglio remet sur le devant de la scène l'homme à l'origine de la plus retentissante affaire de la présidence Macron. D'abord dissimulée par l'Elysée, l'interpellation illicite a conduit à l'inculpation de M. Benalla pour "violences volontaires", et à une tempête politique, marquée par une commission d'enquête parlementaire.
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