Droits humains Une femme sur deux dans 57 pays ne peut pas disposer de son corps

dv

14.4.2021 - 15:47

Près d'une femme sur deux dans 57 pays est privée des libertés liées à son corps, qu'il s'agisse de relations sexuelles, du recours à la contraception ou de la recherche de soins de santé, affirme un rapport de l'ONU publié mercredi.

Près d'une femme sur deux dans 57 pays est privée des libertés liées à son corps. (image d'illustration)
Près d'une femme sur deux dans 57 pays est privée des libertés liées à son corps. (image d'illustration)
KEYSTONE/EPA EFE/NACHO GALLEGO

14.4.2021 - 15:47

Les auteurs de ce document annuel sur l'état de la population mondiale, réalisé par le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), se sont penchés pour la première fois sur l'autonomie corporelle des femmes.

Intitulé «Mon corps est le mien», le rapport détaille les atteintes aux droits des femmes dans ces pays, du viol à la stérilisation forcée en passant par l'imposition de tests de virginité et de mutilations génitales.

Il se penche aussi sur l'interdiction faite aux femmes de décider pour leur propre corps, sans crainte de violences ou sans subir une décision de quelqu'un d'autre concernant leur intégrité physique.

«Ce manque d'autonomie corporelle a des implications massives au-delà des préjudices profonds pour les femmes et les filles» comme sur «la baisse potentielle de la productivité économique, une diminution des compétences et des coûts supplémentaires pour les systèmes de santé et judiciaires», note un communiqué du FNUAP.

Vie «gouvernée par les autres»

Son rapport note que seulement 56% des pays étudiés ont des lois et des politiques sur une éducation sexuelle complète.

«Que près de la moitié des femmes ne puissent toujours pas prendre leurs propres décisions quant à l'opportunité d'avoir des relations sexuelles, d'utiliser la contraception ou de se faire soigner devrait tous nous scandaliser», estime la directrice de l'UNFPA, Natalia Kanem, citée dans le communiqué.

«En résumé, des centaines de millions de femmes et de filles n'ont pas de liberté sur leur propre corps. Leur vie est gouvernée par les autres», dénonce-t-elle.

Le rapport recense vingt pays ou territoires ayant établi des lois permettant à un violeur de se marier avec sa victime afin d'échapper à des poursuites judiciaires et 43 Etats n'ayant pas de législation sur les viols entre conjoints. Plus de 30 pays imposent des restrictions aux mouvements des femmes hors de leur domicile, note aussi le rapport onusien.

Santé sexuelle Suisse a réagi mercredi après-midi au rapport de l'ONU. Dans un communiqué de presse, l'organisation rappelle qu'en Suisse aussi, la question de l’autonomie corporelle fait débat, notamment dans le cadre de la révision du droit pénal sexuel. «La revendication selon laquelle tout acte sexuel doit être fondé sur le consentement mutuel n’a malheureusement pas encore trouvé sa place dans le projet de révision en cours», écrit-elle.

Santé sexuelle Suisse demande que le pays intègre le principe du consentement mutuel dans la nouvelle loi sur les infractions sexuelles, «et que la Suisse réponde ainsi aux normes internationales en matière de droits humains et à la Convention d’Istanbul».

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