Niger Une émissaire américaine a rencontré les putschistes nigériens

ATS

8.8.2023 - 01:01

Selon Victoria Nuland, les discussions avec les putschistes nigériens ont été "par moments assez difficiles" (archives).
Selon Victoria Nuland, les discussions avec les putschistes nigériens ont été "par moments assez difficiles" (archives).
ATS

Une émissaire américaine a eu lundi des discussions «difficiles» à Niamey avec les militaires auteurs du coup d'Etat au Niger. Les Etats-Unis disent cependant privilégier la voie diplomatique pour restaurer l'ordre constitutionnel, plutôt que l'intervention militaire.

Les dirigeants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) vont à nouveau se réunir jeudi à Abuja, la capitale du Nigeria, pour évoquer la situation au Niger, deux semaines après le coup d'Etat. Lors d'un précédent sommet le 30 juillet, ils avaient donné une semaine aux militaires nigériens pour rétablir le président élu Mohamed Bazoum, actuellement retenu prisonnier.

Les chefs d'état-major de la région avaient même dessiné les «contours» d'une éventuelle intervention armée, mais elle n'a pas été déclenchée à l'expiration de l'ultimatum dimanche à minuit. Selon une source proche de la CÉDÉAO, une intervention n'est pas envisagée à ce stade.

«Désolant»

«Il est certain que la diplomatie est le moyen préférable pour résoudre cette situation. C'est la démarche de la CÉDÉAO, c'est notre démarche et nous soutenons les efforts de la CÉDÉAO pour rétablir l'ordre constitutionnel», a déclaré pour sa part à RFI le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

«Ce que nous voyons au Niger est désolant et n'offre rien au pays et au peuple du Niger», a-t-il poursuivi, estimant que les Etats-Unis et d'autres pays allaient se retrouver «dans une position où nous devons arrêter notre soutien au Niger».

Une haute responsable de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a déclaré lundi avoir rencontré à Niamey les auteurs du coup d'Etat. «Ces discussions ont été extrêmement franches et, par moments, assez difficiles», a-t-elle dit à la presse par téléphone.

Mme Nuland a indiqué avoir rencontré le général de brigade Moussa Salaou Barmou, nouveau chef d'état-major de l'armée, et d'autres responsables, mais n'avoir pu s'entretenir ni avec le chef des militaires au pouvoir, le général Abdourahamane Tiani, ni avec le président renversé Mohamed Bazoum.

Wagner

Elle a dit avoir proposé «de nombreuses options» pour mettre fin au coup d'Etat, ainsi que les «bons offices» des Etats-Unis «s'il y avait un désir de la part des responsables de revenir à l'ordre constitutionnel», tout en ajoutant: «Je ne dirais pas que cette offre a été prise en compte de quelque manière que ce soit».

La responsable a par ailleurs précisé que le général Barmou était bien au fait de la coopération existant entre le Niger et les Etats-Unis, en raison de son engagement passé dans les forces spéciales.

Les auteurs du coup d'Etat «comprennent très bien les risques que fait courir à leur souveraineté une invitation de Wagner», a déclaré Mme Nulan, en référence au groupe paramilitaire russe Wagner, présent notamment au Mali voisin.

De son côté, «la junte a demandé à la délégation de la CÉDÉAO de revenir» d'ici à mardi au Niger, a déclaré lundi à TV5 Monde le premier ministre nigérien déchu Ouhoumoudou Mahamadou. Cette délégation, arrivée jeudi à Niamey, était repartie quelques heures plus tard sans avoir pu rencontrer ni le général Tiani ni M. Bazoum.

«Catastrophe»

Plusieurs voix africaines ont rejeté ces derniers jours l'option militaire. Une intervention militaire pourrait être «une catastrophe», a prévenu lundi à Bamako le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop.

L'Algérie, autre voisin du Niger et acteur majeur dans le Sahel, s'est également déclarée opposée à une intervention. Certains pays occidentaux, comme l'Allemagne et l'Italie, ont, eux aussi, plaidé pour une solution diplomatique.

Le Burkina Faso et le Mali, voisins du Niger et eux aussi gouvernés par des putschistes militaires et confrontés à la violence des groupes de djihadistes, ont souligné ces derniers jours qu'une intervention armée serait «une déclaration de guerre» à leurs deux pays.

Les militaires putschistes nigériens ont annoncé lundi soir la nomination d'un premier ministre, Ali Mahaman Lamine Zeine, ancien ministre des finances du président Mamadou Tandja, et celle d'Habibou Assoumane, nouveau commandant de la garde présidentielle.