Le Hamas met en garde Une offensive sur Rafah ferait «des dizaines de milliers» de victimes

AFP

10.2.2024

Le Hamas a averti samedi qu'une offensive israélienne sur Rafah pourrait faire «des dizaines de milliers de morts et de blessés» dans cette ville du sud de Gaza, dernier refuge pour des centaines de milliers de civils palestiniens que le Premier ministre israélien a annoncé vouloir évacuer.

Des Palestiniens pleurent des membres de leur famille tués lors d'un bombardement israélien à Rafah, dans la bande de Gaza, le samedi 10 février 2024. (AP Photo/Fatima Shbair)
Des Palestiniens pleurent des membres de leur famille tués lors d'un bombardement israélien à Rafah, dans la bande de Gaza, le samedi 10 février 2024. (AP Photo/Fatima Shbair)
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Des témoins ont signalé samedi de nouvelles frappes israéliennes sur le secteur de Rafah, où vivent à présent plus de 1,3 million de Palestiniens, selon l'ONU, en grande majorité des civils ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois entre Israël et le mouvement palestinien Hamas.

Après avoir ordonné mercredi à l'armée de préparer une offensive sur Rafah, le Premier ministre Benjamin Netanyahu lui a demandé vendredi de lui soumettre un «plan combiné» d'«évacuation» des civils et de «destruction» du Hamas dans cette ville.

«Nous mettons en garde contre une catastrophe et un massacre qui pourraient aboutir à des dizaines de milliers de martyrs et de blessés», a déclaré samedi le Hamas, ajoutant tenir pour responsables des répercussions éventuelles «l'administration américaine, la communauté internationale et l'occupation israélienne».

Hôpital attaqué

Le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien a dénombré samedi 110 morts depuis la veille, dont 25 dans des frappes à Rafah, et fait état de combats dans l'hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud de Gaza.

Selon le ministère, une personne a été tuée dans cet hôpital où se trouvent encore 300 membres du personnel, 450 blessés et 10.000 déplacés.

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza dans le sud d'Israël, qui a fait plus de 1.160 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a juré de «détruire» le Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. L'armée israélienne a lancé une offensive militaire qui a fait au moins 27.940 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

Environ 1,7 million de personnes, selon l'ONU, sur un total de 2,4 millions d'habitants, ont fui leur foyer, beaucoup d'entre eux déplacés plusieurs fois à travers le territoire dévasté, assiégé par Israël et plongé dans une crise humanitaire majeure.

Dans la ville de Gaza, dans le nord, une petite fille de six ans, Hind Rajab, disparue depuis près de deux semaines au milieu des combats, a été retrouvée morte samedi avec plusieurs de ses proches dans une voiture, dans le quartier de Tel al-Hawa, après que les chars israéliens se sont retirés de la zone à l'aube, a annoncé à l'AFP sa famille.

La famille avait raconté à l'AFP que la fillette et d'autres proches étaient en voiture lorsqu'ils se sont retrouvés face à des chars qui ont semble-t-il ouvert le feu. Hind avait dans un premier temps survécu, comme en atteste un appel téléphonique passé à sa famille, alors que tous les autres passagers étaient morts.

Un gigantesque campement

Après la ville de Gaza puis Khan Younès, Israël vise désormais une opération au sol à Rafah.

Cette ville adossée à la frontière fermée avec l'Egypte abrite des centaines de milliers de Palestiniens qui ont fui les bombardements et les combats depuis le nord du petit territoire à mesure qu'ils se déplaçaient vers le sud. Ils sont à présent massés, dans des conditions humanitaires désespérées, dans cette ville transformée en un gigantesque campement.

«Il est impossible d'atteindre l'objectif de la guerre sans éliminer le Hamas et en laissant quatre bataillons du Hamas à Rafah», et cela requiert que «les civils évacuent les zones de combat», a affirmé Benjamin Netanyahu.

Si l'armée «envahit Rafah, comme l'a dit Netanyahu, il y aura des massacres et nous pourrons dire adieu à toute humanité», a déclaré Adel al-Hajj, un homme réfugié dans cette ville.

«Forcer plus d'un million de Palestiniens déplacés à Rafah à évacuer à nouveau sans trouver un endroit sûr où aller serait illégal et aurait des conséquences catastrophiques», a déclaré Nadia Hardman, spécialiste des droits des migrants et des réfugiés pour Human Rights Watch.

Riposte «excessive»

L'ONU et même les Etats-Unis, principal allié d'Israël, s'inquiètent du sort des civils. «Mener une telle opération maintenant (à Rafah) sans planification et sans réflexion dans une zone abritant un million de personnes serait un désastre», a prévenu cette semaine le département d'Etat américain.

Le président Joe Biden a sérieusement haussé le ton jeudi envers Israël, jugeant «excessive» la «riposte dans la bande de Gaza» à l'attaque du 7 octobre.

De nouvelles discussions entre des représentants du Qatar et de l'Egypte, deux des pays médiateurs aux côtés des Etats-Unis, et le Hamas pour tenter de parvenir à un accord de trêve incluant un échange de prisonniers palestiniens et d'otages, ont pris fin vendredi au Caire.

Un responsable du Hamas a déclaré à l'AFP que le mouvement «attendait une réponse d'Israël».

Au cours de l'attaque du 7 octobre, environ 250 personnes ont été enlevées en Israël et emmenées à Gaza. Une trêve d'une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Selon Israël, 132 otages sont toujours détenus à Gaza, dont 29 seraient morts.

Selon le site Axios, le directeur de la CIA William Burns doit se rendre la semaine prochaine en Egypte pour poursuivre les efforts en vue d'une trêve.