Alors qu'Israël a promis «une riposte», le président iranien Ebrahim Raïssi a une nouvelle fois prévenu mardi que «la moindre action» d'Israël contre «les intérêts de l'Iran» provoquerait «une réponse sévère, étendue et douloureuse» de son pays.
AFP
16.04.2024, 11:36
16.04.2024, 15:01
Barman Nicolas
L'Iran a pour la première fois lancé une attaque directe contre Israël, son ennemi juré, pendant la nuit de samedi à dimanche, en représailles à une frappe contre le consulat iranien à Damas le 1er avril, attribuée à Israël, qui a tué sept membres des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique.
Israël va «riposter au lancement de ces si nombreux missiles de croisière et drones sur le territoire de l'Etat d'Israël», a déclaré lundi soir le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, en visitant la base de Nevatim, dans le sud du pays, touchée par une frappe.
«Au moment que nous choisirons»
«Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour protéger l'État d'Israël, et nous le ferons à l'occasion et au moment que nous choisirons», a affirmé le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari, lui aussi présent sur la base.
Depuis dimanche, les appels se multiplient pour empêcher une riposte massive qui risquerait d'embraser davantage la région, déjà «au bord du précipice», selon le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Israël a annoncé avoir intercepté, avec l'aide des Etats-Unis et d'autres pays alliés dont la France et le Royaume-Uni, mais aussi la Jordanie et l'Arabie saoudite, la quasi-totalité des 350 drones et missiles lancés par l'Iran contre son territoire. L'opération défensive a été baptisée «Bouclier de fer».
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a appelé lundi la communauté internationale à «rester unie» face à «l'agression iranienne, qui menace la paix mondiale».
Mais après avoir fait front avec leurs alliés contre l'attaque iranienne, les Etats-Unis ont dit ne pas vouloir «d'une guerre étendue avec l'Iran» et prévenu qu'ils ne participeraient pas à une opération de représailles, tout en affichant leur soutien «inébranlable» à Israël.
Le Royaume-Uni et la France ont pris leurs distances
«Ensemble, avec nos partenaires, nous avons vaincu cette attaque» iranienne, a déclaré lundi le président américain Joe Biden. Il a appelé Israël à éviter une escalade régionale et à oeuvrer à un «cessez-le-feu» associé à une libération des otages retenus dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne mène depuis plus de six mois une offensive meurtrière contre le Hamas.
«Volonté de retenue»
Depuis le début de la guerre le 7 octobre dans le territoire palestinien, les tensions n'ont cessé de s'aggraver au Moyen-Orient, impliquant Israël et l'Iran, ennemis depuis la révolution iranienne de 1979, et leurs alliés respectifs.
La République islamique, qui appelle à la destruction d'Israël, s'était gardée jusqu'à présent de l'attaquer frontalement et les deux pays avaient l'habitude de s'affronter par tiers interposés, comme le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites houthis, alliés de l'Iran.
L'Iran a affirmé que l'opération contre Israël avait été menée «avec succès» et dit considérer «l'affaire close». Le président Raïssi a déclaré que son pays avait visé, «en exerçant son droit à l'autodéfense», les «centres» où a été organisé le bombardement du consulat à Damas.
Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi s'est entretenu au téléphone avec son homologue iranien, Hossein Amir-Abdollahian, a rapporté mardi l'agence officielle Chine nouvelle, précisant que Téhéran avait exprimé sa «volonté de retenue».
Aucun répit dans la bande de Gaza
Pendant ce temps, la guerre ne connaît aucun répit dans la bande de Gaza, bombardée pendant la nuit de lundi à mardi. L'armée israélienne avait affirmé que l'attaque iranienne ne la ferait pas dévier de ses objectifs face au Hamas, allié de l'Iran.
Le mouvement islamiste continue à réclamer un cessez-le-feu définitif, tandis que Benjamin Netanyahu maintient son projet d'offensive terrestre contre la ville Rafah, dans le sud du territoire, qu'il présente comme le dernier grand bastion du Hamas et où, selon l'armée, des otages sont détenus.