GrèceVers la légalisation du mariage homosexuel et droit à l'adoption
ATS
10.1.2024 - 21:28
Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a annoncé mercredi vouloir légaliser le mariage homosexuel et accorder le droit à l'adoption aux couples de même sexe, une avancée significative dans un pays où prédomine encore un modèle de famille traditionnel.
10.01.2024, 21:28
ATS
«Ce que nous allons légiférer, c'est l'égalité du mariage, c'est-à-dire l'élimination de toute discrimination fondée sur l'orientation sexuelle en ce qui concerne la conclusion d'un mariage», a affirmé le chef du gouvernement conservateur dans un entretien à la chaîne de télévision publique ERT.
«Qu'est-ce que le mariage au fond Je dirais que c'est l'aboutissement de l'amour entre deux personnes. Mais c'est aussi un contrat légal avec des droits et des obligations, a-t-il ajouté.
Kyriakos Mitsotakis n'a pas précisé quand le projet de loi serait soumis aux députés mais selon les medias grecs, cela devrait intervenir avant les élections européennes en juin.
Depuis 2015, la Grèce dispose d'une union civile. Mais pour les couples homosexuels ayant des enfants, seul le parent biologique a des droits sur ces enfants. Ainsi en cas de décès du parent biologique, l'enfant est retiré à l'autre parent.
Droit à l'adoption
Kyriakos Mitsotakis a d'ailleurs insisté sur le fait que ce parent n'avait actuellement «aucun droit» sur l'enfant.
«Les couples de même sexe ont des enfants, et ces enfants ne cesseront pas d'exister, ils ne disparaîtront pas. Mais ces enfants n'ont pas les mêmes droits», a regretté le chef du gouvernement pour défendre son projet.
C'est notamment pour mettre fin à cette situation problématique qu'Athènes souhaite accorder le droit à l'adoption aux couples homosexuels.
En revanche, à la différence des couples hétérosexuels, ils ne seront pas autorisés à recourir à une mère porteuse.
Oppositions
Le gouvernement risque toutefois de se heurter à une opposition certaine dans les rangs les plus conservateurs du parti au pouvoir mais aussi dans une partie de la société.
Plusieurs cadres influents du parti, dont l'ancien premier ministre Antonis Samaras, ont déjà fait part de leur rejet de tout texte légalisant le mariage homosexuel.
L'Eglise orthodoxe, qui exerce une grande influence en Grèce, se montre également opposée, certains responsables se livrant à cette occasion à des diatribes homophobes.
Elle réprouve en particulier l'éducation des enfants par les couples homosexuels, affirmant qu'ils sont traités comme des «accessoires» et des «animaux de compagnie».
«Les enfants ont un besoin inné et donc le droit de grandir avec un père de sexe masculin et une mère de sexe féminin», a récemment affirmé le Saint-Synode.
Evolution
L'évolution des mentalités au sein de la société grecque est toutefois notable notamment avec l'élection en septembre à la tête du parti de gauche Syriza de Stefanos Kasselakis, qui s'affiche ostensiblement avec son mari récemment épousé aux Etats-Unis.
Le trentenaire a également annoncé vouloir recourir à une mère porteuse.
L'un des plus proches collaborateurs du premier ministre, son conseiller économique en chef, Alexis Patelis, a également présenté ses voeux sur X (ex-Twitter) avec son époux auquel il s'est uni en 2009 à Londres.
Les Grecs semblent encore partagés sur la question. Selon un sondage Alco pour la chaîne Alpha publié en début de semaine, 49% des personnes interrogées se montrent opposées au mariage de personnes de même sexe.
Mais selon une autre étude de Pulse pour la chaîne Skaï, 52% des personnes interrogées ont exprimé une opinion positive vis-à-vis du mariage homosexuel.
Parmi les 27 pays de l'Union européenne, quinze ont légalisé le mariage homosexuel et seize l'adoption par des parents de même sexe.