Violences sexuelles en RDCDes «défaillances structurelles» à l'OMS
sn, ats
28.9.2021 - 15:04
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) est en cause après les violences sexuelles présumées perpétrées par certains employés en République démocratique du Congo (RDC). Des «défaillances structurelles» et des fautes professionnelles sont ciblées par les enquêteurs.
sn, ats
28.09.2021, 15:04
28.09.2021, 15:10
ATS
L'année dernière, The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters avaient révélé des accusations de violences sexuelles et de harcèlement lancées par plus de 50 femmes contre des travailleurs actifs sur la réponse à Ebola en RDC. Au moins 30 d'entre elles avaient ciblé des personnes «déclarant être» de l'OMS, mais d'autres agences onusiennes ou des ONG comme Médecins Sans Frontières (MSF) étaient en cause.
Dans son rapport publié mardi à Genève, la commission d'enquête indépendante lancée par l'OMS après ces révélations conclut à des «défaillances structurelles». «Une plus grande implication du bureau de la représentation de l'OMS en RDC aurait probablement permis de mieux gérer certains risques», «y compris risques d’incidents d’exploitation et d’abus sexuels», estime-t-elle.
Elle dénonce aussi des «négligences individuelles» qui équivalent à des fautes professionnelles, notamment de la part du responsable des opérations d'urgence de l'OMS en Afrique Michel Yao, qui n'a pas réagi rapidement aux indications remontées vers lui.
La commission déplore aussi que «des auteurs présumés et identifiés ont tout simplement nié les faits, même en présence d’indices concordants» ou se sont réfugiés derrière l'argument de la «relation consensuelle». Du personnel local et international est en cause.
Au total, la commission a entendu 210 personnes, dont près de 80 victimes présumées, près de 25 employés de l'OMS et des dizaines de collaborateurs d'agences onusiennes et d'ONG. Elle est présidée l'ancienne cheffe de la diplomatie nigérienne Aïchatou Mindaoudou et l'activiste congolaise Julienne Lusenge.
Femmes prises «au sérieux»
Selon elle, l'OMS s'appuie sur «un arsenal juridique suffisant en matière de prévention et de lutte contre l'exploitation et les abus sexuels». Aussi bien le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus que le chef du programme d'urgence Michael Ryan, tous deux à Genève, et la directrice régionale Matshidiso Moeti, sont hors de cause. Leur responsabilité aurait été engagée seulement s'ils s'étaient opposés à une investigation.
Après les révélations, M. Tedros s'était dit «scandalisé» par ces violences présumées. Tout responsable «devra répondre de ses actes», avait-il ajouté tout en promettant des «sanctions graves» qui pourraient aller jusqu'à des «licenciements immédiats».
L'OMS prend «au sérieux» ces accusations «horribles» et part du principe que les victimes ne mentent pas, avait encore dit de son côté M. Ryan. «Quelque chose clairement n'a pas fonctionné» dans la formation, le choix des collaborateurs ou encore le suivi, avait-il insisté, même si d'importants efforts avaient déjà été menés.
Outre l'OMS, plusieurs agences onusiennes et plusieurs ONG avaient également annoncé avoir ouvert une investigation.