Conjoncture Virus: baisse surprise des taux outre-Manche

ATS

11.3.2020 - 09:48

Cette baisse des taux de la Banque d'Angleterre est la plus importante depuis début 2009, au plus fort de la crise financière internationale (archives).
Cette baisse des taux de la Banque d'Angleterre est la plus importante depuis début 2009, au plus fort de la crise financière internationale (archives).
Source: KEYSTONE/AP PA/JONATHAN BRADY

La Banque d'Angleterre (BoE) a annoncé une baisse surprise et drastique de ses taux mercredi afin d'aider l'économie britannique face au «choc» de l'épidémie de coronavirus, une décision qui intervient juste avant la présentation du budget par le gouvernement.

L'institution monétaire indique mercredi dans un communiqué, avoir décidé à l'unanimité et à l'issue d'une réunion d'urgence, une baisse de ses taux qui passent de 0,75% à 0,25%.

Dans la foulée, la livre sterling s'est brutalement affaiblie face au dollar et à l'euro avant de limiter ses pertes.

Cette baisse des taux est la plus importante depuis début 2009, au plus fort de la crise financière internationale. Les taux reviennent à leur plus bas historique et retrouvent leur niveau des mois qui ont suivi le vote pour le Brexit.

La BoE va en outre encourager les banques à prêter aux entreprises et aux ménages, estimant que «l'activité va probablement s'affaiblir significativement au Royaume-Uni dans les prochains mois».

Elle a opté par ailleurs pour un assouplissement des règles de solvabilité afin que les banques aient plus de souplesse pour financer l'économie.

Il s'agit probablement de la dernière décision prise sous l'égide du gouverneur Mark Carney qui quitte son poste en fin de semaine pour laisser la place à Andrew Bailey, actuel patron du régulateur financier britannique.

La BoE emboîte le pas de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui a déjà annoncé la semaine dernière une baisse des taux sans attendre sa réunion régulière, afin de soutenir l'activité et de rassurer des marchés affolés par l'avancée de l'épidémie de coronavirus.

La Banque centrale européenne (BCE) doit quant à elle dévoiler son dispositif jeudi à l'issue de sa réunion.

Dans son communiqué, la BoE, qui doit tenir sa réunion à la fin du mois, s'attend à un «choc économique qui pourrait être vif et important mais devrait être temporaire», sans donner de prévision chiffrée.

L'institution explique que les PME vont être particulièrement affectées, tant par les perturbations des chaînes d'approvisionnement que par une demande plus faible.

Un budget bousculé

Ces mesures spectaculaires sont annoncées par la BoE quelques heures avant la présentation par le gouvernement britannique de son premier budget post-Brexit.

Selon Neil Wilson, analyste chez Markets.com, «c'est une décision intelligente d'agir avant la prochaine réunion prévue et de faire cela le jour du budget pour maximiser l'efficacité de la baisse des taux en la liant à des mesures budgétaires».

Le ministre des Finances Rishi Sunak quittera comme de coutume dans la matinée le 11 Downing Street avec à la main la célèbre mallette rouge qui abrite le texte de son discours, avant de prendre la parole à 12H30 GMT devant le Parlement.

Le défi est de taille pour le Chancelier de l'Echiquier, qui n'aura eu qu'un mois depuis sa prise de fonction pour préparer un budget censé tourner la page de l'austérité et répondre aux promesses du Premier ministre Boris Johnson.

Mais la crise du coronavirus a changé les plans au dernier moment et devrait contraindre le gouvernement à dépenser des milliards de livres pour éviter une sortie de route de l'économie.

Le premier budget pour le Royaume-Uni depuis 18 mois, compte tenu des reports successifs engendrés par le Brexit et les élections, sera l'occasion en outre pour les pouvoirs publics de dévoiler leurs prévisions économiques.

L'économie semblait frémir en ce début d'année grâce à un regain de confiance lié aux éclaircissements sur le Brexit, réalisé fin janvier, avant que le coronavirus ne vienne assombrir le paysage.

Le gouvernement a par ailleurs choisi de repousser la publication de sa stratégie dans les infrastructures, malgré sa promesse de mener une «révolution» en la matière. Ces mesures, estimées à quelque 100 milliards de livres, doivent aider le pays à respecter son objectif de neutralité carbone d'ici 2050.

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